C'est la danse des cafards !
Face à la prolifération de ces bestioles, les Bureaux d'hygiène ont du pain sur la planche
LE MATIN
07 Juin 2007
À 16:21
L'été qui se profile à l'horizon ne ramène pas que de bonnes choses dans sa musette. Le mercure qui ne cesse de grimper est aussi annonciateur d'invasions répugnantes. Cafards et moustiques s'invitent en cette période estivale pour que tout ne soit pas rose. Généralement, en début de soirée, lorsque le soleil tire sa révérence, ces bestioles immondes s'approprient la ville. C'est l'heure de la débauche pour la vermine !
Face à cette déferlante, les divisions Hygiène et Salubrité et les services similaires se mobilisent pour atténuer le mal. Au sein de ces structures, des unités de lutte antivectorielle œuvrent pour la désinfection et la désinsectisation au niveau des quartiers.
Ils procèdent par campagnes et, dans certaines villes, quiconque peut faire appel à leurs services en cas d'invasion massive. Une équipe est, en principe, aussitôt envoyée pour s'occuper aussi bien des cafards que des insectes volants. «Notre service travaille en continu toute l'année et, en fonction des périodes climatiques, vu que les vecteurs changent, nous changeons à notre tour de stratégie. A Marrakech, nous avons plus un problème de moustiques que de cafards.
Contre ces dernières bestioles, qui représentent un phénomène exceptionnel, nous utilisons des insecticides bien déterminés avec des appareils adaptés lorsqu'il s'agit de failles dans les bâtiments», explique le Dr Khalid Berrada Ifriqi, médecin coordinateur des Bureaux municipaux d'hygiène (BMH) de la ville de Marrakech. Selon lui, les cafards ont de tout temps opposé une certaine résistance.
Après traitement, ils disparaissent, mais il y a toujours un petit lot qui revient et qui pullule rapidement. Pour faire dans l'efficacité, les services de la cité ocre procèdent à travers des stratégies scientifiques, ne dépassant pas deux molécules différentes qui seront utilisées durant deux ou trois années. Ensuite se tient une réunion au niveau du Conseil de la ville destinée à statuer sur le choix de nouveaux produits, dans l'optique d'éviter que les insectes développent une résistance aux anciens produits.
Si les moustiques passent inaperçus, vu que l'on ne se rend compte de leur passage qu'une fois sucé une micro-gorgée de sang, les cafards, eux, ne laissent pas de marbre.
En effet, dans certaines villes, Casablanca en tête, les trottoirs pullulent de cafards de différentes tailles. Ça grouille de partout, ça court dans tous les sens. Et pour courir, ces bestioles répugnantes ont une sacrée pêche. Du coup, les piétons, ou plutôt les piétonnes sont sérieusement malmenées. A telle enseigne qu'en cette période, les femmes hésitent à porter des sandales.
Mais elles le font quand même, le frisson dans l'âme. Parallèlement, les gens commencent à adopter des comportements bizarres. On marche désormais tête baissée, faisant du slalom entre ces bestioles inoffensives, certes, mais qu'aucun humain n'arrive à tolérer.
Il n'est pas rare d'entendre de petites exclamations d'effroi fusant ça et là de la part de la gent féminine. Certains hommes qui se croient plus malin y trouvent source de plaisanterie, taquinant leurs conjointes et provoquant un frisson supplémentaire. Le moins drôle, c'est lorsque l'une de ces bestioles, à un stade de maturité avancée, développe des ailes et s'invite dans le salon. Panique générale. Bref, le sentiment de dégoût est total.
A Casablanca, les services de la ville travaillent en collaboration avec la Lydec, qui s'occupe de l'écurage des canalisations, avant le passage des équipes chapeautées par la division Hygiène et Salubrité, qui ont pour tâche de traiter les surfaces en question.
«Ce sont les BMH dépendant des 16 arrondissements, dotés chacun d'un médecin et d'une équipe de techniciens, qui sont en charge d'opérer dans les quartiers. Au niveau de notre division, on les approvisionne en produits pour lutter contre les différents vecteurs et en cas de besoin, on peut être amenés à donner un coup de main.
Pour notre part, nous nous occupons du traitement des administrations, des hôpitaux, des centres pénitentiaires, des parcs, des stades, etc», indique le Dr Soumaya Bouhlal, chef du service «Cadre de vie» relevant de la division Hygiène et salubrité, dépendant du Conseil de la ville de Casablanca. La chef du Service « Cadre de vie» précise qu'en cas d'invasion d'insectes, les habitants peuvent déposer plainte auprès du BMH dont ils relèvent, pour disposer d'une intervention «dans la semaine».
Au cas où l'on ne donne pas suite à la réclamation, la plainte peut être déposée directement au niveau de la division Hygiène. Actuellement, une campagne de dératisation est en cours dans la capitale économique. Ce n'est qu'à sa fin, dans trois semaines, qu'une campagne de désinsectisation sera entamée. En attendant, mieux vaut prendre son «cafard» en patience.
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Guerre déclarée aux insectes
Toute une batterie de précautions est prise lors du traitement insecticide des surfaces en intra-urbain.
Les produits choisis sont les moins toxiques, afin de ne pas causer de problèmes de santé à la population. «Le traitement est souvent effectué le soir, lorsque les gens sont chez eux, bien à l'abri.
Aussi, il est avéré que les produits sont moins efficaces s'ils sont appliqués durant la journée, à cause de la chaleur notamment», souligne le Dr Khalid Berrada Ifriqi, médecin coordinateur des BMH de la ville de Marrakech.
Parallèlement, l'année 2007 est sujette à une problématique mondiale relative aux produits insecticides. En effet, toute une liste de produits doit disparaître et céder la place, en 2008, à de nouveaux produits plus efficaces et moins nocifs, décision inspirée par l'Union européenne. «Nous n'avons d'autre choix que d'user de tous les produits dont nous disposons, autrement, il faudra les éliminer d'ici là, afin de se mettre au diapason », poursuit Khalid Berrada.
Par ailleurs, la lutte antivectorielle à Marrakech ces deux dernières années aura permis l'éradication de 6 des 10 gîtes de prolifération de moustiques. Ce sont généralement des foyers qui, à cause de l'eau stagnante qu'ils contiennent, pullulent de larves d'insectes.
Au moindre vent qui se lève, la ville est aussitôt envahie. En ce qui concerne les 4 gîtes restants, dont l'oued Issil (2 Km) et l'oued Tensift (24 Km), ceux-ci sont sous étroite surveillance.