Une station de taxis qui dérange
Les habitants sollicitent l'intervention du préfet de la police pour déplacer les chauffeurs
LE MATIN
10 Décembre 2006
À 17:40
L'installation illégale de grands taxis devant la résidence Houria, sise rue Abou Al Kacem Ezzahraoui, près de l'Institut Pasteur, continue de faire couler beaucoup d'encre. Les locataires dudit immeuble ainsi que leurs voisins menacent aujourd'hui de mener des mouvements de grève consécutifs pour protester contre ce qu'ils appellent «les dépassements de la loi par les chauffeurs de taxis reliant Casablanca à Bouskoura».
«Ces gens ont violé tous les jugements et décisions des autorités locales. Pis, ils se permettent de nous bloquer les trottoirs, l'entrée du garage et de jeter leurs déchets en pleine rue, sans parler du vacarme qui nous stresse en permanence», affirme un résident de l'immeuble. «Cela fait trois ans que je n'ai pas ouvert mon balcon à cause des bagarres et insolences de ces chauffeurs. Ces gens nous privent de notre droit à une vie calme et sereine », rétorque un autre père de famille.
Pour ces ménages, le rêve d'habiter un quartier calme et propre s'est très vite transformé en leur pire cauchemar. En effet, le calvaire a commencé en février 2003, quand plus de 20 chauffeurs de taxis ont choisi, sans l'aval des habitants, de transférer leur station devant la résidence Houria. Cette décision subite a été prise pour libérer l'ancien emplacement des taxis en faveur d'une nouvelle boulangerie qui a ouvert face à l'Institut Pasteur. Les résidents ne se sont pas résignés au silence. Plusieurs écrits ont été adressés au wali du Grand Casablanca, au gouverneur de la préfecture des arrondissements Casa Anfa, au procureur du Roi, au maire de la ville ainsi qu'à toutes les autorités habilitées à résoudre le problème.
«Malheureusement, cette procédure administrative n'a pas abouti », affirme Abderrahim Jafir, un habitant de la résidence Houria. « Pourtant les autorités compétentes ont ordonné le transfert de cette station vers une autre plus spacieuse au boulevard François Ponsard. Toutefois, les chauffeurs de taxis persistent dans leur refus et défient toutes les instructions de ces autorités », indique un autre résident. De leur côté, les chauffeurs de taxis prétextent le manque d'espace dans la nouvelle station. « Faux », répond Abderrahim Jafir. « La place désignée au boulevard François Ponsard est très appropriée.
Elle est assez spacieuse pour accueillir les 20 taxis. En outre, elle donne directement sur le boulevard Abdelmoumen », explique-t-il.
Aucun arrêté n'arrive alors à lever le préjudice. Black out total sur ce litige. Afin d'éclaircir la situation, le propriétaire de la crémerie du quartier, un Marocain résidant à l'étranger, a même intenté une action de protestation auprès de Mme Nouzha Chekrouni. « En réponse à une lettre de Mme la ministre, le gouverneur de Casa-Anfa a signalé qu'un nouvel emplacement est bel et bien mis à la disposition de ces chauffeurs de taxis pour résoudre le litige», indique Abderrahim Jafir.
En effet, le gouverneur confirme, dans sa lettre, « qu'une sous-commission de circulation a déplacé le 8/12/2004 les panneaux de signalisation de ladite station, cependant le transfert des taxis nécessite l'intervention des autorités spécialisées ». Face à cette impasse, les habitants et commerçants de la rue Abou Al Kacem Ezzahraoui n'ont plus qu'un seul recours.
«Aujourd'hui nous sollicitons l'intervention du préfet de la police, autant que celle de l'autorité spécialisée, avant d'entamer une grève collective contre le harcèlement de ces chauffeurs de taxis qui ont envahi notre quartier mais aussi nos vies », conclut un habitant de la résidence Houria.
REPÈRES
Décisions restées lettre morte
17/2/2003, installation illégale des chauffeurs de taxis.
23/04/2003, décision n° 185 de la wilaya pour déplacer la station de la rue Abou Al Kacem Ezzahraoui.
Avril 2003, la sous-commission de circulation déplace les panneaux de signalisation.
Le lendemain, les chauffeurs se sont donnés le droit de les rendre à leur place.
16/11/2004, la préfecture décide de transférer les taxis vers la rue François Ponsard.
08/12/2004, la sous-commission de circulation enlève de nouveaux les panneaux de signalisation.
Actuellement, les chauffeurs de taxis occupent toujours de force la rue en question.