SOS Villages d'enfants : Enfin la reconnaissance pour les mamans
>La législation du travail leur confère le statut de " professionnelles" >Après une longue bataille, la victoire n'est que plus délicieuse à savourer. C'est le cas de le dire pour les mères SOS qui sont désormais reconnues, à part entière par les
LE MATIN
02 Mars 2007
À 16:30
L'annonce en a été faite officiellement le jeudi dernier lors de la cérémonie de remise des diplômes à ces mamans pas comme les autres, en présence de nombreuses personnalités. Abderrahim Harouchi, Fatima Hassar, Mustapha Mansouri, Amine Demnati, le gouverneur de la commune d'Anfa ainsi que d'autres personnalités diplomatiques….étaient de la partie.
" Le temps est venu de rendre justice à ces mamans pour leurs services, en régularisant leur situation. Désormais, elles savent dans quel cadre elles travaillent et jouissent d'un statut légal. C'est le moins qu'on puisse leur offrir pour récompenser leurs efforts dans l'exercice de ce travail social et humanitaire d'une grande noblesse ", a déclaré Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle en précisant que ce grand pas franchi entame une nouvelle logique basée sur la parfaite symbiose entre le social et l'économique. Ce qui ne fait qu'entériner la philosophie de Sa Majesté pour le développement social.
Aujourd'hui, ces femmes qui constituent le cœur battant de ce système de prise en charge familiale ont de quoi s'enorgueillir. Le 21 septembre dernier, cette reconnaissance des mères SOS en tant qu'assistantes maternelles s'inscrivait noir sur blanc dans les colonnes du Bulletin Officiel.
" Grâce à cette reconnaissance, la mère SOS se retrouve sur un même pied d'égalité que ses autres collègues qui travaillent à ses côtés. Elle acquiert un statut suite à une formation appropriée ", a affirmé Amine Demnati, président de l'Association marocaine des villages d'enfants SOS.
Professionnaliser cette profession passe effectivement par une longue formation initiale dispensée par l'Association marocaine des villages d'enfants SOS, appuyée par de nombreux intervenants extérieurs.
Laquelle formation est sanctionnée par un diplôme délivré par l'Entraide nationale (qui compte parrainer 100 enfants) et qui se poursuit tout au long de l'exercice de cette fonction qu'on ne mettrait plus entre guillemets. Il s'agit de compétences qui s'acquièrent à grand renfort de connaissances théoriques et pratiques au sein desquelles les droits de l'enfant occupent une place privilégiée. Entourer d'affection ces enfants spéciaux n'est plus suffisant, il faut exercer cette maternité dans les règles de l'art.
Mais si pour les responsables ce statut récompense le dévouement et l'abnégation de ces grandes dames, pour les concernées, il a une autre signification. " La reconnaissance morale a toujours existé vu que nous effectuons un travail humain par excellence. Nous n'avons pas besoin de diplôme pour être mamans. Mais, d'un point de vu technique et administratif, il s'agit effectivement d'une légitimation que nous attendions depuis longtemps ", déclare Fatima Mokrane, maman à SOS Village Aït Ourir.
Les liens qui se tissent entre les mères et leurs enfants et le sentiment de maternité qu'ils leur offrent sont la meilleure récompense qu'elles puissent recevoir. Pour Amina, une ancienne du village d'Aït Ourir, rien que le plaisir d'avoir des enfants qui l'appellent maman, alors que la nature ne l'a pas gratifiée de cette capacité, est un bonheur immense. A elle seule, elle a élevé 20 enfants dont l'aîné, âgé de 28 ans, est employé à Brasseries du Maroc. " La reconnaissance pour moi c'est de voir mes enfants réussir dans la vie. Je n'ai pas besoin de les porter dans mon ventre pour sentir cette affection qui me lie à eux ", réclame Amina.
Un hommage a été également rendu à ces soldats de l'ombre à travers un film documentaire, réalisé dans les Villages SOS par deux jeunes femmes. Il donne la parole à ces mères courage qui s'accordent à dire que les enfants dont elles se chargent sont véritablement les leurs. Cette maternité, elles la vivent au quotidien avec son lot de bonheur et de problèmes comme on en trouve dans n'importe quelle famille normale.
La reconnaissance du statut professionnel des mères SOS aura déjà préparé le terrain juridique un an avant l'ouverture du cinquième Village d'Enfants SOS du Maroc à Agadir. Le terrain est déjà balisé pour les nouvelles recrues qui sont en train d'être sélectionnées.
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Un concept, quatre piliers
SOS Villages d'Enfants est une organisation humanitaire privée, apolitique et non confessionnelle. Le concept pédagogique de ces villages s'appuie sur quatre principes, définis par Hermann Gmeiner. Le premier, et non des moindres, est la mère SOS. Chaque enfant est confié à une maman qui est sa référence permanente.
Elle vit dans une maison avec les enfants dont elle a la charge et leur donne affection et protection. Viennent ensuite les frères et sœurs. Des garçons et des filles d'âges différents grandissent ensemble. Les fratries ne sont jamais séparées, mais, au contraire, sont placées dans une même famille SOS. Troisième principe, la Maison. Chaque famille SOS vit dans une maison familiale. L'ambiance chaleureuse qui règne dans chaque foyer favorise l'épanouissement des enfants.
En quatrième lieu vient le village qui constitue l'endroit où les enfants ont le sentiment d'appartenir à une communauté, à une famille. Le village est une passerelle avec le voisinage et un important lieu de rencontre avec les communautés des environs.