Fête du Trône 2006

«Le Maroc est devenu une force de proposition»

06 Février 2006 À 15:23

Le Maroc est devenu "une force de proposition" dans le pourtour méditerranéen en matière de droits de l'Homme et d'édification d'un Etat démocratique et ouvert, a affirmé Salah El Ouadie, membre de l'Instance Equité et Réconciliation (IER). La dynamique que connaît le Maroc depuis l'intronisation de S.M. le Roi Mohammed VI a fait du Royaume "une force de proposition" en matière de consolidation des institutions, a indiqué M. El Ouadie, lors d'une rencontre, organisée vendredi à Naples (sud de l'Italie), par la Fondation "Euro-Méditerranée".

M. El Ouadie a cité, à cet égard, le nouveau Code de la famille qui reste, a-t-il précisé, "une révolution" dans ce domaine, la mise en place de l'Institut Royal de la culture amazigh, l'Initiative nationale pour le développement humain et les recommandations de l'IER.

Après avoir passé en revue les missions, ainsi que le travail accompli par l'Instance, notamment l'organisation des auditions publiques, il a souligné que le cas marocain en matière de réconciliation est particulier et peut-être unique, puisque c'est le même régime, monarchique et héréditaire, qui a choisi d'emprunter cette voie. La décision politique de s'adonner à ce déballage a "pour origine le même régime, décision qui dénote d'un engagement certain et délibéré", ce qui a fait dire à certains qu'il s'agissait là d'un cas à part de rupture dans la continuité, a indiqué M. Ouadie lors de cette conférence retransmise via satellite à Tunis, au Caire et à Beyrouth.

Il a ajouté que les Marocains ont eu la possibilité de revisiter en commun "une mémoire douloureuse, péniblement accumulée". L'occasion de cette relecture a été l'organisation des auditions publiques où les victimes ont "raconté leurs malheurs et leurs souffrances sur les ondes et face aux caméras", a-t-il dit. "Ces auditions publiques ont constitué un moment d'une valeur pédagogique unique.

Seule condition à respecter par les témoins était d'éviter de citer les noms des personnes responsables présumées coupables d'exactions, l'IER n'étant pas un tribunal", a poursuivi M. Ouadie.

Les auditions, organisées dans la capitale et dans les régions les plus reculées du pays, ont permis aux victimes de parler dans la langue ou dans les parlers qui sont les leurs (arabe dialectal, arabe classique, tamazight, tachelhit, tarifit ou français) sans aucun contrôle préalable, a-t-il expliqué. L'instauration d'un débat public, initié par l'IER et transmis par la télévision publique en direct, a incité des chercheurs, des penseurs, des activistes et des responsables politiques de diverses tendances à débattre de sujets jusqu'alors tabous ou soumis à l'autocensure, a fait remarquer M.Ouadie.

"Jamais les thématiques abordées ne l'ont été avec autant de franchise et d'audace intellectuelle", a-t-il dit.
Pour lui, "le fait que l'Etat, la puissance publique en arrive à accepter d'endosser la responsabilité des violations graves des droits de l'Homme sur plus de 40 ans, équivaut à une révolution, aux yeux des Marocains".

L'établissement de la vérité, les auditions publiques, occasions culminantes de la réhabilitation et de la "dignification" des victimes, la reconnaissance par l'Etat de ses torts, les différentes formes de réparation, la maîtrise démocratique de la gouvernance sécuritaire et la démocratisation des institutions, sont autant d'ingrédients qui, conjugués à l'effort de désenclavement et de développement, ne pourront qu'alimenter ce processus de réconciliation à plus d'un niveau, a-t-il expliqué.

Au sujet des critiques adressées au travail de l'IER, M. Ouadie a indiqué que celles-ci ont certainement participé d'une façon ou d'une autre à faire progresser le processus d'ensemble , soutenant que le parachèvement de l'Etat de droit reste l'horizon commun à toutes les démarches.

Il a enfin rappelé le témoignage du président de l'Institut pour la vérité et la réconciliation en Afrique du Sud, le révérend Desmond Tutu, qui a reconnu que l'IER est "allée au-delà de tout autre organe du genre dans le monde de par ses recommandations pragmatiques".

De son côté, le président de la Fondation, Mikaeli Kabasso, a déclaré à la MAP que l'initiative marocaine visant le règlement définitif du dossier des violations passées des droits de l'Homme constitue une expérience "importante et unique en son genre".

M. Kabasso a estimé que les recommandations de l'IER seront mises en oeuvre "grâce aux efforts et au courage" de S.M. le Roi Mohammed VI, ajoutant que cette Initiative est une garantie pour l'avenir du Maroc et des pays islamiques qui vont s'inspirer de l'expérience du Royaume.
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