L'humain au centre de l'action future

A la rencontre d'objets rares

Le trafic illicite menace le secteur

28 Décembre 2006 À 16:34

Depuis 21 ans, Casablanca et son Salon des antiquités et de la brocante ne cessent de faire rêver les passionnés d'objets rares. Pendant plus de deux semaines, des visiteurs s'y sont rendus afin de découvrir de magnifiques objets. Quinze antiquaires et brocanteurs de Casablanca, soigneusement sélectionnés, avaient participé à ce rendez-vous organisé du 7 au 24 décembre et qui a présenté, comme chaque année, de très beaux meubles de toutes époques ainsi que quelques pièces rares à valeur historique : tableaux, vases de sèvres, porcelaine…

Selon M.A., brocanteur, l'organisation de l'exposition a un double objectif. D'abord, inciter les Marocains à acquérir des objets de valeur en voie de disparition. Ensuite, faire connaître cette richesse culturelle au grand public. Plusieurs écoles se sont déplacées à l'Office des foires et expositions de Casablanca, lieu qui a abrité le Salon, pour apprécier et surtout avoir un aperçu sur l'historique de pièces rares. «L'exposition était très intéressante.

Il y a beaucoup de choses très importantes et d'autres un peu moins. Le Salon d'Antibes peut aller se cacher», indique une passionnée italienne.
Et d'ajouter que les prix sont un peu revus à la hausse.
Un avis largement partagé par d'autres visiteurs qui estiment effectivement que les prix ne sont pas bien adaptés à la valeur réelle de la marchandise exposée.

D'autres regrettent l'absence d'un expert pendant la durée de l'exposition pour certifier la marchandise et pour éviter que les acheteurs se fassent arnaquer. «On aurait aimé avoir ici un connaisseur pour authentifier les pièces exposées pour qu'on ne puisse pas se faire avoir, mais malheureusement ce n'est pas le cas. Quand on est un passionné des objets rares, il faut accepter ce risque», souligne un autre visiteur.

La fraude n'est pas exclue dans ce secteur. Une dizaine de cas ont été enregistrés ces dernières années, mais ils ont été résolus à l'amiable entre les vendeurs et les acheteurs sans être présentés à la justice, reconnaît un antiquaire sous couvert de l'anonymat.

Malheureusement, ce n'est pas le seul risque qui guette le métier. Il y en a un qui est plus important : le trafic illicite des biens culturels marocains. Ce fléau ne cesse de prospérer et rien ne semble l'arrêter. Pourtant, la loi 22-80, relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d'art et d'antiquité, stipule, dans son titre VI (articles 42 à 44), «l'interdiction formelle de détruire ou de dénaturer ou d'exporter sans autorisation tout objet d'art et d'antiquité mobilier qui présente pour le Maroc un intérêt historique, archéologique, anthropologique ou intéressant les sciences du passé et les sciences humaines en général».
Des trafiquants sont parvenus à faire sortir du Royaume des objets ayant une valeur historique ou archéologique sans être inquiétés par personne.

L'exemple le plus flagrant est la disparition du squelette entier d'un dinosaure découvert à la ville de Goulmima.
Les enquêteurs n'ont jamais mis la main sur les auteurs de ce vol. n
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Formation des douaniers


Les douaniers, censés empêcher le trafic illicite des biens culturels, ne sont pas formés à leur détection. Ils traitent ces biens de la même manière que n'importe quel autre objet commercial.

Ce sont généralement les nationaux qui pillent ces richesses et les revendent aux acheteurs étrangers à des prix dérisoires avant de leur faire passer la douane. Si ce trafic continue, le Maroc risque de passer à côté de son histoire.

L'Association des antiquaires et les douaniers pourraient mettre fin à ce commerce illégal. Qu'en pense le ministère de la Culture ?
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