Inhibition de la vascularisation tumorale, un espoir pour le patient
LE MATIN
13 Avril 2006
À 15:39
Le Centre d'oncologie Al Kindy organise aujourd'hui, vendredi 14 avril, à El Jadida une réunion scientifique traitant des cancers urologiques notamment celui du rein. Moins fréquent que les autres types de cancer (2 à 3 % des cancers), le cancer du rein touche plutôt l'adulte de plus de 50 ans.
Il s'agit d'une pathologie qui se conjugue le plus souvent au masculin. Tabac, obésité et hypertension artérielle en favorisent l'apparition. Il existe également des facteurs génétiques (délétions de gènes sur certains chromosomes) à l'origine de formes familiales du cancer du rein appelées le syndrome Von Hippel-Lindau caractérisées par une malformation des vaisseaux.
Le danger avec le cancer du rein c'est qu'il reste longtemps asymptomatique. C'est-à-dire qu'il se développe en silence. Il cache bien son jeu jusqu'au jour où il est découvert, par hasard, dans la plupart des cas, quand la personne subit des examens pour une autre raison. Le signe qui en révèle l'existence et qui constitue un véritable signal d'alarme est la présence de sang dans les urines. Mais généralement, il est diagnostiqué tardivement, ce qui en retarde le traitement.
Le diagnostic se fait sur les examens d'imagerie : échographie, urographie intraveineuse, scanner et éventuellement IRM. Quant au traitement de cette pathologie, il est essentiellement chirurgical. Le recours à une néphrectomie (ablation totale ou partielle du rein) en plus d'un curage ganglionnaire, constitue le plus souvent la solution à ce problème. La chimiothérapie et la radiothérapie restent insuffisantes.
50 % des patients décèdent au cours de la première année suivant le diagnostic et seulement 10 % des patients survivent plus de deux ans.
Le volet thérapeutique de cette affection sera justement à l'ordre du jour de cette réunion scientifique. Pour le Dr Morchid du centre Al Kindy «Cette réunion va permettre, entre autres, de faire le point sur les actualités thérapeutiques du traitement médical du cancer du rein principalement à travers l'intervention du Dr Olivier Rixe, expert français en la matière». Le Dr Rixe mettra surtout le point sur les traitements inhibant l'angiogenèse tumorale (processus de vascularisation de la tumeur) dans le cancer du rein.
En effet, les spécialistes nous apprennent que les traitements systémiques des formes avancées du cancer du rein notamment de type cellulaire sont rares. Avant l'arrivée des thérapies ciblant la vascularisation tumorale et pendant plusieurs années, le seul choix valable pour les patients était le traitement par l'interféron qui est une substance enzymatique administrée par injection.
Aujourd'hui, les traitements inhibant l'angiogenèse tumorale ont marqué une avancée thérapeutique sans précédent dans le traitement du cancer du rein. Ce sont des traitements novateurs qui consistent à priver la tumeur de l'irrigation sanguine dont elle a besoin pour croître et disséminer des métastases (cellules cancéreuses qui envahissent d'autres organes).
Au départ, toutes les cellules cancéreuses ne forment pas forcément une tumeur maligne. Il faut en effet qu'un certain nombre de facteurs soient réunis pour qu'une telle tumeur puisse se développer. En particulier, celle-ci doit assurer son approvisionnement en oxygène et en nutriments.
Pour cela, elle induit sa propre vascularisation, c'est-à-dire la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, et ceci, au détriment de l'organe dans lequel elle s'implante. Ce mécanisme, appelé angiogenèse, permet aux tumeurs d'envahir leur hôte et, à plus long terme, de se localiser dans un autre organe, via la libération de métastases.
Comme toutes les étapes qui conduisent au développement tumoral, l'angiogenèse est sous le contrôle de plusieurs facteurs essentiels dont l'inhibition constitue une approche innovante très prometteuse dans la lutte contre le cancer.