Spécial Marche verte

Ils sont trompés mais restent conciliants

13 Septembre 2006 À 15:58

Hypocrisie sociale oblige! On a du mal à croire qu'une femme puisse tromper son mari. Et pourtant et ce, depuis la nuit des temps la perfidie féminine existe. La preuve ça peut aller jusqu'au meurtre passionnel comme conté dans notre fait divers. Mais si l'on peut oser dire heureusement que toutes les histoires d'adultère ne prennent pas toujours des tournures dramatiques. Il y en a même qui ont une fin «heureuse», c'est dans ce registre que nous avons creusé.

Dans un bistro discret dans une ruelle r'bati, un professeur de maths, Salim, avec deux verres dans le nez, se met aux confidences. Son histoire est assez spéciale et il faut le reconnaître il a beaucoup de courage à la conter, surtout venant d'un homme appartenant à une société patriarcale comme la nôtre.

Vous allez bien comprendre pourquoi. Alors Said, réputé pour son calme et sérénité, revenant chez lui de son travail un peu plus tôt que prévu un jeudi après-midi, il y a 5 ans de cela, fut devant le plus «horrible» des spectacles : sa propre femme dans les bras d'un autre homme.
«J'ai perdu la tête et je n'ai fait que crier comme un fou furieux au point d'ameuter tout l'immeuble. Il y en avait pour une trentaine de personnes chez moi au bout de quelques minutes», se rappelle-t-il tristement.

L'un de ses voisins, «vous imaginez bien, ce profil de gens qui sont toujours les premiers à se mêler de ce qui ne les regarde pas et qui raffolent des histoires croustillantes», précise Said, a contacté la police. Constat, commissariat, dépôt de plainte, bureau du procureur pour atterrir au tribunal. La coupable et son complice se sont retrouvés en prison.

Jusque-là tout est quasiment normal, direz-vous. Eh bien, le plus déconcertant adviendra deux mois après l'emprisonnement de sa femme. Said, pris de remords et ne pouvant rien changer à la situation, partait toutes les semaines lui rendre visite, «histoire de lui remonter le moral et égayer ses jours tristes et solitaires en prison», commente-t-il. Encore mieux, le jour de sa libération à la fin de sa peine, monsieur était à l'attendre devant les portes de la prison et les «tourtereaux» sont rentrés ensemble chez eux.

«La page est tournée, et nous vivons sereinement d'ailleurs nous attendons un bébé. Ça sera une fille», dit-il pour conclure. Eh oui ! Le pardon n'est pas propre qu'à vous mesdames.
D'autres hommes, sans pour autant pardonner, se résignent à passer outre la perfidie féminine mais restent tout de même marqués. Azzeddine, cet homme d'affaires de 57 ans est là pour le confirmer, «J'avais cru faire un mariage d'amour et avoir un ami sincère…

Un jour j'ai découvert que tout n'était que mensonge et tricherie… Je ne regrette rien mais je ne peux plus refaire confiance. Cela remonte à 13 ans et je suis toujours aussi seul». Des années plus tard, il a encore du mal à dire clairement que son ex-femme l'a trompé avec son meilleur ami. Ce qui le réconforte, c'est qu'ils n'ont pas eu d'enfants ensemble, «Je n'aurais jamais pu supporter qu'elle soit la mère de mes enfants car ça nous aurait lié à vie» ajoute-t-il.

Autre lieu, autre ville, nous sommes à Casablanca. Changement de rôle, cette fois ce sont les femmes qui sont trompées. Un salon de coiffure, un dimanche après-midi, est par excellence le lieu qui réunit un bon nombre de femmes actives. C'est le coin où les «faits divers» des dames sont étalés sans retenue.

Tendons l'oreille et écoutant un peu ce qui se dit au fond de la salle, c'est toujours intéressant. Ghizlaine, par exemple, vante ses exploits : «J'étais à Paris, et j'ai décidé de faire la surprise à mon mari en rentrant un jour à l'avance pour fêter comme il se doit notre 10e anniversaire de mariage.

Arrivée chez moi, à 11h du soir, je le trouve dans les bras d'une autre! Je n'ai pas perdu mon calme, je suis montée direct à notre chambre et j'ai pris une douche pour me remettre de la fatigue du voyage. Puis je suis redescendue. Mon mari avait disparu et la fameuse nana est restée plantée là. Je l'ai civiquement congédiée et généreusement remerciée et j'ai appelé mon traiteur pour régler les derniers détails de notre dîner aux chandelles en tête à tête avec mon chère mari!».

Tout autour de Ghizlaine, les autres clientes et le personnel du salon affichent des expressions d'admiration et des yeux ronds mais aussi des moues de dédain. «C'est un goujat ! Il ose ramener une autre dans ta maison malgré tous tes gestes attentionnés? Et tu acceptes de continuer à vivre avec lui ? Je l'aurais traînaillé en justice moi, avec le flagrant délit sûr qu'il aurait pourri en prison», braille Souad, la coiffeuse à qui veut l'entendre.

Ghizlaine ne l'écoute pas de cette oreille, elle se dit «reine» chez elle, «à quoi bon qu'est ce-que j'aurais gagné? Je suis tellement mieux comme ça. Mon mari se sentant coupable ne me refuse strictement aucun de mes caprices mêmes les plus coûteux», aime-t-elle préciser d'un air victorieux.

D'autres acceptent et attendent des jours meilleurs… C'est le cas de la femme de Driss, un avocat. «Cela a au moins le mérite d'être clair chez moi. Ma femme sait depuis le départ que le grand amour de ma vie fut marié à un prétendant qui avait la chance d'être prêt financièrement alors que je ne l'étais pas. Triste sort du destin après mon mariage de raison, je la retrouve libre de tout engagement.

Ce qui me pousse officiellement à lancer les démarches administratives autorisant ma polygamie. Malheureusement, ma requête a été rejetée». Driss, actuellement, berce dans l'adultère «malgré lui», selon lui. Zineb, sa femme s'est fait une raison, «j'aime mon mari et il en aime une autre, malgré toute la douleur que je ressens je me dis qu'il ne pourra pas rester indéfiniment dans le hram et l'illégal, il finira par s'assagir et il me reviendra!».

Cette approche est bon gré mal gré adoptée par la quasi-majorité des femmes depuis la nuit des temps. Composer, faire mine de ne rien voir et patienter pour finalement pardonner…

Avec toutes les avancées géantes qu'a réalisées la Marocaine dans tous les domaines… Gare à vous messieurs ! Ces dames trompées finiront un jour par se révolter et de faire valoir leur droit légitime et indéniable de fidélité.
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