Prix fixes et produits divers
La balle s'achète au kilo qui varie entre 20 et 60 DH
LE MATIN
04 Août 2007
À 22:49
Au marché de la friperie Souk Laarbâa, les prix ne se débattent pas. «C'est déjà vu à la baisse, pourquoi en discuter encore?», rétorque ce fripier. En effet, au souk, les prix sont ce qui attire le plus. Généralement, ils sont les mêmes dans tous les marchés de la friperie à quelques dirhams près. «Nous vendons presque tous, au même prix, car tout dépend de l'achat de coulis… Nous achetons par kilo, ce dernier varie entre 20 et 60 DH. Du coup, il faut le multiplier par le poids de la balle. Vous savez, c'est relatif,» ajoute le fripier.
Cependant, le prix d'une chemise varie entre 10 et 40 DH, selon la nature et la qualité de chaque pièce. Le foulard se vend à 3 DH. Le tee-shirt pour enfants varie entre 5 et
13 DH. Les pulls pour hommes entre 20 et 35 DH. Les pulls pour femmes démarrent à
15 DH, les pulls en angora et mohair (qui sont les plus prisés) sont à 40 DH. Les vestes pour hommes varient entre 25 et 100 DH selon le tissu.
Ces dernières années, les chaussures, les sandales, les espadrilles et les casquettes ont fait leur apparition en force dans les marchés de la friperie. Des boutiques se sont même spécialisées dans ce commerce juteux.
Pour ce qui est des prix, ils varient entre 20 et 250 DH. «Le prix n'est pas le seul argument qui attire les clients. La marque et la qualité sont aussi une raison qu'évoquent les amateurs de la friperie. Par exemple, une paire de chaussures de marque connue coûte 300 DH; si le client devait l'acheter neuve, il déboursera un minimum de1000 DH», argue Smail, jeune vendeur de chaussures.
Dans ce marché des balles casablancais, en plus des habits usagés, on trouve actuellement de la lingerie de maison, des rideaux, des nappes, des draps, des couvre-lits et des housses. On trouve même des peluches et des jouets bon marché. S'agissant des prix, les rideaux coûtent 40 DH l'unité, les serviettes et les peignoirs de bain varient entre 40, 60 et 80 DH; quant aux draps pour deux personnes, ils se vendent à 35 DH.
Par ailleurs, le commerce de fripes est en effet devenu une activité florissante dans d'autres quartiers, les grands exemples sont donnés à la «Joutiya» de «Quoriaa» ou «Derb Ghallef» à Casablanca.
Dans les ruelles de «Quoriaa» par exemple, une centaine de magasins sont spécialisés dans la friperie. Ils ont leurs habitués de toutes catégories sociales qui s'approvisionnent en chaussures bonne qualité et vestes importées. En hiver, les vestes et manteaux d'Italie ont la cote chez les fonctionnaires de la métropole.
«A Quoriâa, les prix peuvent atteindre 1.500 DH, cela dépend de la qualité : est-ce que c'est en laine ou en cachemire?», ajoute Smail. Néanmoins, cela reste le quart du prix réel de ces articles signés que les adeptes de fripes sont sûrs d'être seuls à porter.
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D'où vient la marchandise ?
Avant tout, il faut savoir que le marché de la friperie regroupe une marchandise de contrebande introduite illégalement dans le pays.
Avant d'atterrir aux marchés, elle suit un circuit bien défini : la fripe arrive du marché européen, en général de la France, la Hollande, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne en particulier.
Une fois sur le territoire marocain, les balles se vendent en gros dans le marché des villes du nord du Royaume. En l'occurrence Tanger, Asilah, Nador, Tétouan...
Ensuite, les acheteurs les revendent aux détaillants à travers les villes.
Les balles sont, en fait, négociées à Sebta et Mellilia; ensuite, elles sont acheminées par fourgons jusqu'à Tétouan.
L'opération la plus délicate est la traversée des points de contrôle douanier sur la route vers le Maroc. Pour cela, toutes les astuces sont bonnes : mulet, âne, ou dos de passeur.
Malgré la vigilance des différents services de sécurité, pour lutter contre l'introduction des balles, accusés d'être la source de malheur du secteur de la confection et de l'habillement au Maroc, les trafiqueurs rusent pour introduire la marchandise. En effet, lorsque la répression s'accentue, les contrebandiers recrutent des «fourmis»: ce sont des jeunes et des femmes qui font sortir de petites quantités de fripe.
Une voiture qui ramasse toute la marchandise les attend de l'autre côté et fonce vers la ville de Fnideq, Tétouan ou Nador.
Il va sans dire que la contrebande dans les villes du Nord connaît un essor depuis bien des années. Pourtant, l'octroi de l'électroménager, le cosmétique et l'ameublement n'est plus à l'ordre du jour.
Pour le consommateur, la baisse des prix de la marchandise locale a donné libre choix aux acheteurs.
Cependant, le filon le plus lucratif demeure le marché des balles de fringues déjà utilisées, ou démodées, ou issues d'un lot de marchandises non conformes aux normes de qualité européennes.
Les balles tirent leur nom de la forme de l'emballage de la marchandise conditionnée dans d'énormes sacs compressés. Une seule balle peut atteindre les 100 kg.
La marchandise arrive par bateau, stockée dans de grands hangars.