L'humain au centre de l'action future

Jérôme Savary raconte sa vie d'artiste

Dans le cadre d'une tournée dans les Alliances et Instituts français du Maroc, l'artiste franco-argentin Jérôme Savary est venu présenter son dernier spectacle, «La vie d'artiste racontée à ma fille», du 7 au 11 novembre dans plusieurs villes du Royaume.

12 Novembre 2006 À 17:42

Homme de tréteaux, musicien de rue, agitateur au grand c?ur, clown triste qui cultive le happening festif, Jérôme Savary, le père du célèbre Magic Circus et auteur de plus de cent mises en scène, repart sur les routes et raconte à sa fille Nina, dans un décor de piste, son aventure artistique et humaine. «Je suis régulièrement pris par la tentation des folies de mes début : les petites formes qui pouvaient se jouer n'importe où, dans les préaux des écoles, les gymnases, les cafés-théâtres ou les palais des sports», nous avoue Jérôme Savary.

Savary se livre ici pour parler de son enfance baroudeuse et de son adolescence mouvementée. Théâtre, expériences et rencontres les plus farfelues, Jérôme Savary a côtoyé les plus grands : Charlie Parker, Billie Holiday, John Lennon, David Bowie... «C'est un spectacle où je raconte mes débuts. Comme Woodie Allen parlait de sa vie, moi je parle des gens qui ont côtoyé la mienne», indique-t-il.

Il nous restitue en chansons, images et tableaux de music-hall, ses années baba cool et rock'n'roll, sa période jazzy à New York, en passant par l'Argentine et le tango. «Je suis un artiste qui aime tourner. Je déteste les one man show. J'aime faire des spectacles transportables pour tout le monde. Celui-ci est un spectacle universel, on l'a représenté à Fès et à Meknès, les gens ont aimé. C'est un spectacle pas compliqué et ce n'est pas destiné aux intellos. Chacun s'y retrouve parce qu'on parle de la vie ; enfance, adolescence, confort, réussite, échec… ».

Ici, tout contribue à la féerie et à la cocasserie du propos, car il sait tout faire Jérôme : écrire, interpréter, chanter, danser, mettre en scène, jouer de la batterie, du saxo ou de la trompette… En retour, en digne fille de son père, Nina Savary chantera les plus belles chansons du Magic Circus, celles des Topor, et de Copi aussi. Nina en sait déjà presque autant.

Elle danse sur les pointes, enchaîne un tango ou se transforme en «crowneuse» de la nuit pour mieux envoûter le public. «J'ai fait ce spectacle pour mes filles. Je suis un vieux papa d'une fille de 5 ans. Je voulais donc qu'elle me voit dans des situations plus drôles, à faire les marionnettes, chanter, danser… qu'elle ne garde pas juste mon apparence de tous les jours. J'ai aussi une autre fille de 25 ans.

C'est très attendrissant de jouer avec ma fille Nina. Il y a cette complicité et de la tendresse, c'est une merveilleuse expérience pour elle car je suis aussi son prof», explique Jérôme. Le spectacle représente toutes formes d'art, avec une mise en scène tournoyante, une musique subtile, magie et poudre de perlimpinpin, décors sophistiqués, effets spéciaux... Ces ingrédients sont réunis pour que Jérôme et Nina ravissent le public.

Ensemble, ils les invitent à pénétrer cet univers féerique, à retrouver pour quelques instants le regard d'un enfant et se plonger, attendri, dans la narration enjouée de l'Artiste… Un spectacle amusant et émouvant.

Ces deux saltimbanques sont accompagnés par un petit orchestre. Une équipe de musiciens virtuoses et complices dont Gérard Daguerre au piano et le grand Roland Romanelli à l'accordéon. «C'est très important pour moi la musique au théâtre. Ça doit être une musique live. Toujours. Et puis, si je passais des bandes magnétiques, je serais riche.

C'est capital, la musique est indispensable. J'aime le théâtre qui utilise toutes les formes d'art. Je n'aime pas le théâtre qui est colonisé par le texte. J'aime le théâtre total», conclut Jérôme. N

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Un parcours baba cool


Jérôme Savary est né le 27 juin 1942 à Buenos Aires de l'union d'un père normand qui voulait être écrivain et de la fille d'un gouverneur de l'Etat de New York. Il rentre en France avec sa mère après la guerre, monte très jeune à Paris et fait des études aux Arts Déco. Après un voyage à 19 ans dans le monde du jazz new yorkais, où il rencontre Count Basie, Thelonius Monk..., il revient à Paris. En 1965, il crée la «Compagnie Jérôme Savary» qui deviendra «Le Grand Magic Circus et ses animaux tristes».
Ce metteur en scène souhaite démocratiser le théâtre musical sous toutes ses formes : opéra, opérette, comédie musicale... Sa version de «Cabaret» est récompensée en France (Molières, 1987) et en Espagne (1993).
Après avoir dirigé le Centre dramatique national du Languedoc-Roussillon et le Carrefour européen du Théâtre du 8e à Lyon, il est à la tête du Théâtre national de Chaillot de 1988 jusqu'en 2000.

REPÈRES
Faits marquants
Jérôme Savary a monté plus de 120 spectacles, pièces de théâtre, opéras, opérettes, comédies musicales… Il a tourné en Amérique, au Brésil, en Pologne, en Iran…
Il est chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre des Arts et des Lettres. Il a réalisé trois films et écrit le roman «Habana Blues» en 2000.
Quelques œuvres de l'artiste : «La Périchole», «Rigoletto», «Le Barbier de Séville», «La Légende de Jimmy», «M arylin Montreuil», «Zazou», «Y a d'la joie», «Mistinguett», «Irma la Douce»…
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