De Chadili à Boutchichi, l'histoire mythique du soufisme
Cette culture aura désormais son festival à Fès
LE MATIN
26 Mars 2007
À 16:03
La première édition du Festival de la Culture Soufie, se tiendra du 27 avril au 2 mai prochains. Placée sous le thème «Soufisme et développement humain», cette manifestation se veut une occasion pour découvrir le patrimoine spirituel du Maroc. Il s'agit donc d'un événement qui explore en profondeur la civilisation islamique inspirée par le soufisme, dans l'ensemble de ses expressions culturelles, qu'elles soient littéraires, poétiques ou artistiques. Le directeur de ce festival, Faouzi Skalli, avait déclaré que le Maroc a été depuis toujours une terre des saints.
C'est d'ailleurs la question qu'a traité l'auteur Ben Rochd Rachid à travers son livre publié sous le titre « Douze siècles de soufisme au Maroc». L'ouvrage retrace l'histoire du mouvement soufi au Maroc depuis la première implantation des deux principales tariqa, la chadilia et la qadiria, venues d'Orient au 13e siècle et qui donnèrent naissance à d'autres ramifications au cours des siècles, telles la tijania, la boutchichia, la darqaouia et bien d'autres. Parmi les premiers maîtres soufis du 12e siècle, il faut citer Abou Madiane Ghaout (mort en 1197).
Originaire de Tlemcen, il fut le disciple de Abdelkader Al Jilani qu'il rencontra en Orient, avant de venir s'installer en Andalousie, notamment à Cordoue et à Seville, puis au Maroc et d'y constituer les premières zaouias madanias.
On citera également Abdessalam Ibn Machich (mort en 1228), dont la légende fait un descendant du prophète par les deux Idris, et l'ancêtre des chérifs de Ouezzane.
La zaouia Ibn Machich a donné naissance à plusieurs ramifications sous le houlette de maîtres dont les noms sont encore mémorables : Abou Hassan Chadili (1196-1258), dont l'influence s'est répandue dans toute l'Afrique du Nord et au-delà et qui eut des successeurs, tel Ibn Ata-Allah d'Alexandrie (mort en 1310) qui fut à l'origine de quelques ouvrages, dont un bréviaire du soufisme, que les medersas marocaines de l'époque adoptèrent comme manuel scolaire. Des plus célèbres de ces confréries, on retiendra la zaouia jazoulia, qui fut un rempart contre l'invasion portugaise au 15e siècle, et contribua à l'avènement des Saâdiens, suite à la défection de la dynastie wattaside.
Une autre zaouia contemporaine est celle d'Ahmed Zerouk plus connu sous le nom d'Ahmed Bernoussi al Fassi (mort en 1445) qui donna naissance à la tariqa Zaroukia.
Il y a lieu de citer également la zaouia Aïssaouia, fondée par al-Hadi Ben Aissa, dit Cheikh al-Kamel (mort en 1524) et enterré à Meknes. D'autres tariqas devaient faire leur apparition au cours des siècles suivants, dont la youssoufia, la ghazia, la charqaouia, la chaykhia, la nassiria, la ouezzania, avant de s'éclipser au cours du 19e siècle pour céder la place à des zaouias tardives, la tijania , la darqaouia et la boutchichia.
L'importance de l'ouvrage de Ben Rochd est de fournir une foule de renseignements précieux sur ces hauts lieux de la spiritualité et des personnages qui les ont animés. Ben Rochd ne prétend néanmoins pas faire œuvre d'historien dont la démarche est de garder une distance critique, mais de fidèle, qui s'adresse à d'autres fidèles, ce qui n'enlève rien à la valeur documentaire du livre.