Grève sur le site de la SCBG
Le conflit social touche l'usine de Tit Mellil suite au licenciement du secrétaire général du bureau syndical
LE MATIN
20 Mai 2007
À 12:14
Les employés et salariés de la Société centrale de boissons gazeuses (SCBG), site de Tit Mellil, ont engagé une grève depuis le lundi 14 mai pour protester contre le licenciement du secrétaire général du bureau syndical de l'entreprise R.N. Le bureau syndical a indiqué que RN a été convoqué par les éléments de la Sûreté nationale de Sidi Bernoussi et puis mis en garde à vue pendant 24 heures. Ce n'est qu'après une forte mobilisation de plusieurs avocats du barreau de Casablanca qu'il a été relâché en attendant d'approfondir l'enquête, apprend-on de la même source.
Le bureau syndical voit dans ce licenciement une atteinte aux libertés syndicales. «On m'accuse d'avoir agressé un gardien et manqué de respect à mes supérieurs hiérarchiques, ce qui est absolument faux. J'ai essayé de défendre les intérêts des employés et le résultat, vous le connaissez, c'est le licenciement abusif», nous a indiqué R.N, secrétaire général du bureau syndical. L'intéressé nous a également affirmé avoir été convoqué le 17 mai par téléphone à minuit par la police judiciaire de Sidi Bernoussi, mais il a refusé de s'y rendre puisque la convocation n'était pas notifiée par écrit et par conséquent elle n'était pas légale.
Les grévistes appellent également à la résolution de tous leurs problèmes sociaux, accusant l'administration de refuser de s'asseoir avec eux à la table des négociations pour trouver une issue à l'ensemble des problèmes en suspens. Ils menacent d'étendre le mouvement de grève à d'autres sites de production répartis dans les villes marocaines si l'administration ne fait pas marche arrière. Sur place, l'atmosphère est tendue. Les employés accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants observent un sit-in devant le site de production de la SCBG, où on peut voir une forte présence des forces de l'ordre pour parer à un éventuel accrochage entre les grévistes et ceux qui veulent travailler.
Contacté par nos soins, la Société centrale de boissons gazeuses (SGMB) a nié catégoriquement toutes les accusations qui ont été portées à son encontre par le bureau syndical en affirmant qu'elle a toujours considéré le syndicat comme un partenaire social et non pas comme un ennemi à abattre. «Nous avons signé les accords avec les autres syndicats dans tous nos sites de production et on est sur le point de signer également avec celui de Tit Mellil. Nous avons même sollicité la médiation de la CDT à laquelle est affilié le bureau syndical du site précité.
Le lundi 14 mai, nous étions en réunion dans les locaux de la CDT, qui a exclu R.N du syndicat. Suite à cette exclusion, il a déclenché cette grève sauvage sans préavis ni autorisation, en empêchant les camions de sortir et les employés de travailler», nous a indiqué Hassan Berrannoun, directeur en charge des relations publiques à la SCBG.
Ce comportement incivique a poussé l'administration à prendre des mesures disciplinaires à son encontre en le mettant à la porte. Berrannoun a également affirmé que le mouvement de grève n'a en aucun cas une connotation sociale. La seule revendication des grévistes et la réintégration du secrétaire général. «Nous sommes dans le peloton de tête en matière d'avantages sociaux.
L'ensemble de nos salariés est assuré. Ils ont systématiquement une augmentation annuelle de 5 à 6% de leur salaire. Ils ont la prime de panier et de transport, ainsi que plusieurs autres avantages», nous a-t-il indiqué. A la question de savoir si l'administration peut faire marche arrière et réintégrer R.N, Berrannoun a été catégorique. «Non, il ne réintégrera pas l'entreprise, puisqu'il a essayé de saboter le travail», a-t-il dit.
De son côté, Jamila Diani, directrice en charge des relations publiques à la Coca-cola export, a souligné que l'entreprise a mandaté les experts pour évaluer les pertes subies depuis le déclenchement de la grève le 14 mai dernier. Elle a, en outre, affirmé que seule une minorité d'employés font grève et menacent les autres qui veulent rejoindre leur travail. Et de conclure qu'il n'y a aucune rupture de stock des produits Coca-Cola. A l'heure où nous mettions sous presse, nous avons reçu un communiqué de la part du bureau syndical de la SCBG qui annonce une intervention musclée des forces de l'ordre faisant au moins cinq blessés.
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Historique de la compagnie
La pénétration du marché marocain par la Coca Cola Company a débuté dans les années 40-50. Dès 1947, La Coca Cola Company a pénétré le marché marocain par l'intermédiaire des soldats américains en poste à Tanger, qui ont alors importé les premières bouteilles.
Les premières machines d'embouteillage ont été introduites par les bateaux de la Navy américaine, alors présents dans la mer Méditerranée. Puis des usines se sont établies au Maroc, à Tanger, Casablanca, Fez, Oujda, Marrakech, Agadir et Rabat.
Le Maroc représente pour la Coca Cola Company une plateforme importante, comme le confirme la présence du siège social régional pour l'Afrique du Nord. La Coca Cola Company est représentée au Maroc par 7 franchises.
Le groupe dispose également de 5 sociétés d'embouteillage : la Société centrale des boissons gazeuses (SGBG), la Compagnie des boissons gazeuses du nord (CBGN), la Compagnie des boissons gazeuses du sud (CBGC), la Atlas bottling company, la Société des boissons gazeuses du Souss. 11 usines d'embouteillage sont présentes au Maroc.
La compagnie investit chaque année plus de 200 MDH et emploie 3.200 personnes.