Certains n'y pensent même pas, alors que d'autres attendent impatiemment le 1er avril >Disparue la tradition importée d'ailleurs et qui sévit chaque 1er avril ? Pas vraiment. Certes, ça ne court plus les rues, comme auparavant, depuis quelques an
LE MATIN
03 Avril 2007
À 16:31
Les enfants, notamment, guettent le 1er avril des jours durant, tentant tant bien que mal de préparer le " faux mensonge " le plus crédible et le plus invraisemblable. Généralement, c'est à l'école qu'il est usité. Cette année, la journée mondiale du mensonge a coïncidé, manque de fortune pour les bambins, avec la célébration de la naissance du Prophète. Leurs victimes l'ont échappé belle, mais la fête religieuse leur a offert l'opportunité de se retrouver entre tantes et cousins, oncles et cousines : défoulement garanti en famille, pour ainsi dire.
Fatim-Zahra se souviendra de cette journée. Ses nombreux petits neveux ont trouvé un terrain propice en sa crédulité pour lui faire avaler toutes les couleuvres qu'ils ont concoctées. " On aurait pensé qu'ils s'étaient réunis en conseil de guerre avant de venir, chacun à son tour, m'annoncer des vertes et des pas mûres ", explique la jeune femme.
Mais le poisson d'avril n'est pas le seul apanage des mômes, puisque les adultes s'y adonnent à volonté. En ce sens, les SMS ont bien fonctionné ce jour là, pour exprimer les vœux pour la fête mais, surtout, pour annoncer des nouvelles rivalisant en bizarreries et en singularités.
Ou encore des messages du genre : "Descends vite, je suis en bas, c'est urgent… ". De quoi vous faire sursauter de votre plumard en ce dimanche grisâtre, pour vous farcir les escaliers à grandes enjambées et, au bout du compte, ne pas trouver l'auteur du SMS en bas de l'immeuble. " Poisson d'avril ! Je suis chez moi, sous ma couette… ", est le genre de réponses reçues suite au coup de fil passé à " la personne en détresse ".
Cependant, la palme d'or du poisson d'avril le plus subtilement ficelé devrait revenir à nos confrères casablancais de la presse écrite. En effet, la victime de l'une des meilleures blagues faites en ce sens s'en souviendra, lui aussi, et pour longtemps.
L'histoire se passe le 1er avril 2003, quelques jours seulement après l'invasion de l'Irak par les forces d'occupation américaines. Notre ami, Mohamed, est journaliste de son état. Ses collègues, son rédacteur en chef, son boss et tout le tralala étaient de mèche et, faut-il le reconnaître, avaient bien réussi leur coup.
Dès qu'il a montré son nez dans la rédaction, il fut convoqué par sa hiérarchie. " Tu pars en Irak dans deux jours, tu as juste le temps de faire ton paquetage…", lui lança, sur un ton des plus solennels, son rédacteur en chef. Lui laissant quelques secondes pour digérer la nouvelle, il enfonça le clou : " Tu partiras seul, tu ne pars pas dans le cadre d'une quelconque mission, ton appareil photo sera ton unique compagnon. Une fois sur place, tu seras lâché dans la nature.
Toute la rédaction compte sur toi pour nous envoyer du chaud! " Et paf ! Dans le mille ! " Du chaud ", qu'il disait. Au moins, l'on est sûr que ça a dû bouillonner grave entre les oreilles de notre ami. Trente minutes après avoir regagné son bureau, plongé en profondeur, on imagine, dans la tourmente des images en provenance d'Irak, Mohamed a reçu un coup de fil de son rédacteur en chef - il ne lâche pas, le bougre ! " C'est juste pour t'informer que c'est bon pour ton assurance vie, tous les détails ont été réglés, tu pourras partir tranquille…", lança vicieusement la voix du red'chef au téléphone. " Tranquille " ? Et comment ! Et pourquoi faire, une assurance vie, si ce n'était à l'attention des bénéficiaires qui allaient toucher la prime plus tôt que prévu.
Ses collègues lui rajoutaient une couche en le félicitant d'avoir été choisi et en lui exprimant leur soutien. Après le bouclage et une fois consommées plusieurs heures d'angoisse, le rédacteur en chef piégeur tendit à son piégé de journaliste un pli avec des formulaires à remplir.
Mohamed ouvrit l'enveloppe et en sortit… un poisson découpé dans du papier, le meilleur qu'on lui ait jamais offert, puisque ça correspondait à une seconde vie!
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Il est né comment, le poisson ?
En France, on raconte que jusqu'en 1564, l'année débutait le 25 mars ou le 1er avril (jour de Pâques). Cette année là, le roi Charles IX décida de modifier le calendrier. L'année commencerait désormais le 1er janvier.
Le 1er janvier 1565, tout le monde se souhaita "bonne année", se fit des cadeaux, etc. Seulement, quand arriva le 1er avril, quelques petits farceurs eurent l'idée de se faire encore des cadeaux, puisque c'était à cette date qu'on s'en faisait avant.
Mais, comme c'étaient des farceurs et que ce n'était plus le "vrai" début de l'année, les cadeaux furent de faux cadeaux, des cadeaux "pour rire", sans valeur.
Pourquoi "Poisson d'avril" ? Plusieurs versions s'affrontent. Comme à cette période de l'année, en France, la pêche est interdite, car c'est la période de frai des poissons (la période de reproduction), certains auraient eu comme idée de faire des farces aux pêcheurs en jetant des harengs dans la rivière. En faisant cela, ils devaient peut-être s'écrier : "Poisson d'avril !" et la coutume serait née.
Certains avancent que le "poisson d'avril" serait devenu "poisson" parce qu'au début du mois d'avril, la lune sort du signe zodiacal du Poisson. D'autres, enfin, supposent que, début avril correspondant à la fin du carême chez les chrétiens où on ne mange pas de viande, mais plutôt du poisson, on continuait ainsi à offrir un "poisson" après le carême.
Aujourd'hui, on accroche, le plus discrètement possible, de petits poissons en papier dans le dos des personnes qui se promènent parfois toute la journée avec ce "poisson d'avril" qui fait bien rire les autres.