Les usagers des transports en commun à Casablanca ont été surpris hier, samedi 9 septembre, par l'augmentation des tarifs des bus. Les nouveaux tarifs sont passés de 3 à 3,50 Dhs, soit une hausse de 50 centimes. Elle est la conséquence directe de la derni
LE MATIN
09 Septembre 2006
À 14:57
Cette augmentation n'a pas été annoncée auparavant ni même validée par les autorités de tutelle. Les citoyens qui n'étaient pas avertis auparavant ont été pris de court par cette décision «arbitraire». Ils ne comprennent pas les mobiles de cette décision puisque un aller simple entre les deux villes coûte déjà 8 Dhs le jour et 10 Dhs la nuit.
«L'augmentation du tarif de la course d'un Dh en un seul coup est synonyme de manque de responsabilité des chauffeurs. La dernière hausse du prix du carburant était de 52 centimes pour le gasoil et non d'un dirham», déclare avec véhémence une femme qui fait quotidiennement la navette entre Casablanca et Mohammedia. Les usagers des bus expriment également des réactions défavorables face à ce constat.
«J'estime qu'une augmentation de 50 centimes est très élevée pour les personnes qui avaient déjà du mal à supporter les anciens tarifs (3 Dhs)», se lamente un passager de la ligne 87. Les usagers de M'dina Bus ont, ainsi, l'impression que «les autorités locales soutiennent le concessionnaire privé qui ne s'intéresse qu'au gain au détriment du citoyen lambda». Impuissants, ils vident leur colère sur le receveur du bus.
«Je n'ai aucun lien avec cette hausse des tarifs. Moi-même je n'en étais pas au courant», répond l'employé de M'dina Bus. En effet, le délégataire du transport collectif s'est limité à une annonce affichée sur les vitres des véhicules sans donner d'explication aux usagers. Toutefois, la société rappelle le renforcement de sa flotte qui atteint plus de 500 autobus durant le mois d'août.
«C'est injuste. Les receveurs auraient pu au moins nous prévenir la veille pour nous éviter l'effet de cette désagréable surprise. J'ai dû solliciter les autres passagers pour compléter les 50 centimes de plus et je ne sais même pas comment faire pour revenir », affirme une vieille usagère de la ligne 38.
En effet, les passagers qui n'ont pas les fameux 50 centimes de plus ou qui ne tolèrent pas la nouvelle augmentation se voient obligés de supporter la mauvaise humeur de certains receveurs. «Payez ou descendez», indique un employé de M'Dina Bus à un vieil homme. «Pour une augmentation de 52 centimes par litre, ils nous infligent une hausse de 50 centimes pour chaque usager. Pis, ils se limitent à coller un imprimé en français à l'intérieur du bus.
Il faut dire qu'ils n'ont aucune considération pour les pauvres citoyens qui ont du mal à joindre les deux bouts de chaque mois», se lamente une vieille dame. Pour les usagers du bus aussi bien que les grands taxis, cette hausse aura une conséquence fâcheuse sur le pouvoir d'achat des citoyens. «Une hausse de 1 Dh ou de 50 centimes signifie que ça doit nous coûter encore 2 Dhs de plus par jour, soit environ 52 Dhs par mois», a précisé avec véhémence une jeune Casablancaise.
Quand on gagne moins du SMIG, c'est vrai qu'une telle hausse pèse lourdement sur le portefeuille des ménages modestes. «A cause de cette nouvelle augmentation je serai obligée de faire le trajet à pied», déplore une femme de ménage qui emprunte quatre bus par jour. Du côté de M'dina Bus, on estime que les charges de la société se sont alourdies à cause de la dernière augmentation du prix du gasoil. «Avec la hausse des frais de carburant et d'entretien, l'entreprise était obligée d'augmenter le prix du billet. J'estime que c'est une décision logique», affirme un employé de la société délégataire du transport urbain en commun.
Cependant, il est à signaler que cette augmentation n'était pas prévue avant le mois de novembre prochain. Selon les clauses du cahier des charges, le concessionnaire du transport collectif s'est engagé à geler la hausse des prix du ticket pendant les douze premiers mois de l'exploitation. Par ailleurs, pour les chauffeurs de grands taxis, cette augmentation du tarif devait être appliquée il y a déjà plusieurs mois en raison des hausses répétitives du prix du carburant à la pompe.
«La colère des clients n'est pas justifiée. Ils n'ont qu'à contester contre la hausse du prix du carburant et non pas contre nous. Les chauffeurs de grands taxis ne peuvent pas continuer à travailler sans le moindre bénéfice puisque nos marges ont été réduites par les hausses répétitives», déclare un chauffeur de taxi.
Un autre impute cette révision à la hausse des prix des taxis reliant Casablanca à Mohammedia au système des agréments. Ce système cause un préjudice aux professionnels. «Comment voulez-vous qu'il n'y a pas de hausse. Les agréments sont octroyés à des gens qui n'ont rien à voir avec le métier. Les personnes qui comptent plus de vingt ans de carrière n'ont pas pu obtenir ce précieux ''sésame''», s'interroge-t-il ? Le fait que je ne possède pas d'agrément m'oblige à partager les gains de la journée respectivement avec le propriétaire de l'agrément et celui de la voiture sans compter les charges du véhicule notamment le carburant et les réparations en cas de panne.
De ce fait, il est clair que seul le repli du prix du pétrole à l'échelle internationale pourra arrêter la hausse des tarifs y compris ceux du transport.
Numéro des lignes..............................Tarifs