«Vacances pour tous» : Des colonies pour tout le monde
Visite du centre de «Chouala» à la plage Al Haouzia >De nombreux enfants partent chaque été en colonies de vacances pour apprendre à vivre en communauté. Ce départ peut changer beaucoup de choses chez eux: ils acquièrent autonomie et responsabili
LE MATIN
15 Juillet 2007
À 13:42
Depuis le lancement de l'opération « Vacances pour tous» par le secrétariat d'Etat chargé de la Jeunesse, plusieurs enfants marocains ont bénéficié de vacances dans les différents centres d'accueil à travers le pays.
Objectif premier: assurer des séjours de détente aux jeunes et surtout à ceux qui sont issus des couches défavorisées de la société. Le centre de colonies d'El Haouzia fait partie de ces lieux enrichissants. Nous avons visité un espace dédié à l'association «Chouala» où règne la joie de retrouver le soleil, la mer et le sable.
Bienvenue à la colonie de vacances Al Haouzia! Situé à quelques kilomètres au sud d'El Jadida, ce centre bénéficie d'un climat agréable vu sa proximité de la mer. Arrivée à 10h00: dressées de partout, les tentes semblaient dévastées…Aucun bruit ne surgissait hormis le refrain d'une célèbre chanson d'Abdelhadi Belkhayat qui retentit. L'odeur d'un couscous atteint les narines, facile à deviner, c'est ce que mangeront les enfants ce jour. Mais où sont-ils à une heure pareille?
«A la plage bien évidemment. Réveillés à 7h00 du matin, ils ont eu largement le temps pour se préparer pour la baignade», annonce Redouane Bellafqira, directeur du centre.
Une fois au rivage, les enfants s'amusent à bâtir des châteaux et des maisons, souvent emportés par les vagues envahissantes. Et quand arrivent encore l'heure de la baignade, ils nagent sans dépasser la corde maintenue par les mentors (accompagnateurs). Pour ces petits enfants, la corde représente la limite qu'il ne faut jamais dépasser. En fait, les moniteurs (tous bénévoles, ils sacrifient même leur congé pour servir au colo), aident les chérubins à se baigner en les regroupant selon leur taille et leur âge. En limitant leur déplacement par la fameuse corde, ils évitent leur noyade et leur assurent une hauteur d'eau adéquate pour la natation.
«Cette année, nous avons 220 enfants, 53 filles et 167 garçons, nous les avons dispatchés en 18 groupes», affirme M. Bellafqira. Et de poursuivre : «Pendant une quinzaine de jours, les enfants de 8 à 14 ans passent dans cette colonie d'Al Haouzia des vacances dédiées exclusivement à eux. Les activités de cette année tournent autour d'un thème relatif au civisme et à la citoyenneté».
Concrètement, c'est l'apprentissage de la discipline, de la vie en communauté, du respect, de la solidarité et des valeurs.
«Nos enfants arrivent des quatre coins du pays: Casablanca, Tan-Tan, Machraâ Belksiri, Kénitra, Boujdour, Tarfaya, Laâyoune et Azzemour… Ils arrivent en empruntant l'autocar ou le train. Ils viennent accompagnés d'encadrants qui veilleront sur eux pendant leur séjour», explique ce jeune directeur qui a passé 16 ans dans l'association «Chouala». En effet, l'inscription est ouverte à toutes les catégories et se fait aux sièges des différentes associations qui dépendent de Chouala ou dans les Maisons de jeunes.
Ces dernières prescrivent une liste des affaires à ramener (un uniforme traditionnel de la région, une trousse de toilette, un drap, un oreiller, des histoires et des vêtements), mais ce qui est important, c'est de ne pas dépasser la charge maximale d'un sac de voyage.
Les conditions de participation sont généralement à la portée de la majorité des familles: s'acquitter des frais d'inscription (de 200 à 400 dirhams).
«Ce n'est pas énorme, mais beaucoup de parents baissaient les bras devant les frais de transport qui ne sont pas évidents lorsqu'on vit à Tan-Tan et que l'on a plusieurs enfants à sa charge. Mais cette année, l'action qu'a fait l'ONCF est à saluer», rétorque M. Bellafqira. Les responsables de l'Office national des chemins de fer ont décidé cette année de réduire les frais des billets à moins de 50 % pour les enfants qui partent en colonies ainsi que leurs moniteurs. Tout ceci afin d'aider notre jeunesse à profiter pleinement des vacances, toutes catégories confondues.
Pour ce faire, un programme journalier est assuré. A 7h, c'est le réveil. Une fois les draps et matelas rangés, les enfants font leurs toilettes. Une demi-heure plus tard, tout le monde participe au lever du drapeau et au chant de l'hymne national. Puis c'est le petit-déjeuner suivi des services de la colonie.
Chaque groupe s'occupe d'une tâche différente (collecte de déchets, arrosage de fleurs, décoration de chambres, nettoyage, dressage des tables, etc.). «L'objectif est d'éduquer l'enfant et de l'inciter à s'assumer et à compter sur lui-même.
En effet, une «colo» permet au petit de sortir de son cadre familial quotidien, d'appréhender un nouvel environnement et de s'adapter à de nouveaux repères», assure Redouane Bellafqira. Après ces différentes activités, c'est l'heure de la baignade. En effet, ce moment reste le plus préféré des enfants car certains parmi eux voient l'océan pour la première fois. «Ça se bouscule et ça s'éclabousse et ça plonge partout comme des petits poissons», témoigne Karam, âgé de 10 ans. «Pour les retirer de là, c'est la croix et la bannière.
Nous sifflons dans tous les sens pour inciter tout ce petit monde à se regrouper dans l'ordre», explique un jeune encadrant.
Puis, deux par deux, les jeunes rentrent au village pour déjeuner. Ce qui suit c'est la sieste. A 16h, ils reprennent leurs activités: jeux de groupe, compétition, football, volley-ball, échecs, ateliers éducatifs, peinture, théâtre, marionnettes… Parfois la sieste se prolonge jusqu'à 17h30, c'est le cas de cette journée. Le staff vient de recevoir une lettre du comité de colonies localisé à Casablanca, ce dernier annonce que la température est trop élevée. Boire abondamment, mettre des casquettes et rester beaucoup de temps sous les tentes sont les principales précautions à respecter.
Après le goûter, les enfants se préparent à la soirée et effectuent diverses activités. Une fois le dîner terminé, la soirée commence, avec, à chaque fois, un thème précis. Et c'est ainsi que se termine la journée des petits chérubins qui sont souvent ravis de découvrir un autre monde.
Les animateurs des colonies prennenent en considération l'état d'esprit des enfants qui, pour la première fois, ne sont ni parmi leurs familles ni dans la rue ni à l'école. «Il est temps que la famille marocaine prenne en considération les colonies de vacances comme un moyen d'éducation et d'épanouissement tout aussi important que l'école», explique une éducatrice.
Concernant la nourriture, qui est souvent critiquée, le directeur du centre déclare : «Une allocation de 15 DH par enfant et par jour reste insuffisante; certes , elle a été augmentée par le secrétariat d'Etat chargé de la Jeunesse, mais elle reste toujours inférieure aux besoins des enfants.
Les membres de l'association «Chouala» nous apportent souvent d'autres aliments, confiture, beurre, sucre, yaourts et eau minérale qui est indispensable au début de séjour des enfants pour qu'ils puissent s'adapter doucement à l'eau de la région». Et de poursuivre : «Ce n'est pas pour décourager les familles mais surtout pour améliorer encore les choses, je voudrais signaler que souvent l'infrastructure est pitoyable, il ne suffit pas de dresser les tentes et les couchettes, mais aussi de sécuriser l'assainissement». En effet, les tentes ne répondent pas aux conditions requises. Les couchettes posées à même le sol laissent les petits à la merci des fourmis et autres bestioles. Les sacs des enfants sont disposés dans les tentes, les chaussures à l'extérieur.
La cuisine est dans un état peu encourageant, elle ne dispose que d'un seul réfrigérateur qui demeure insuffisant pour tout ce monde. C'est principalement de ces failles que les encadrants se plaignent.
Néanmoins, au sein de chaque centre, les équipes d'animateurs se chargent d'épanouir la personnalité des enfants, de leur apprendre de nouvelles pratiques définies au préalable par des projets éducatifs. Cependant, ils font très attention à bien intégrer tous les enfants au sein du groupe, tout en veillant à leur accorder un moment de solitude.
REPÈRES La colonie en chiffres 70 enfants participants de Casablanca 23 enfants participants de Kénitra ; 63 enfants venants de Boujdour, Guelmim, Tarfaya, Laâyoune ; 59 enfants d'Azemmour ; 26 formateurs ; 2 septembre : Date où s'achèvent les colonies de vacances organisées par l'association «Chouala» ; 150 à 400 DH : Tarifs de participation selon la distance entre les villes.