«Le Maroc est un vivier de talents»

Le Matin : Dans votre carrière de concepteur de programmes pour la télévision tunisienne, vous avez eu le privilège de créer plusieurs émissions ayant remporté beaucoup de succès. Votre dernière-née s'intitule «Moudoun Annoujoum» (Les villes des Stars), une émission qui accueille les plus grandes vedettes et figures artistiques du monde arabe, offrant ainsi au spectateur une autre tranche de leur vie quotidienne et privée. Que pouvez-vous nous dire de ce concept ?
Walid Tlili : C'est une émission qui a été conçue pour faire découvrir au public des personnalités que nous prétendons connaître à travers leur activités artistiques ou culturelles, alors qu'en réalité, nous ne savons pas d'où elles viennent, où elles ont grandi, comment elles vivent ou ce qu'elles pensent de la société.

D'abord, pour moi, cette idée part d'un besoin personnel avant de vouloir offrir quelque chose au public. Donc, mon besoin comme celui du public de mieux connaître ces gens très spéciaux, m'a poussé à aller les rencontrer dans les lieux où ils vivent pour savoir comment ils réagissent au quotidien et dans leur environnement ; c'est cet angle-là que j'essaie de privilégier.

Le deuxième intérêt de cette émission est plus d'ordre technique et a pour objectif de changer la manière de présenter la star, invariablement assise dans un fauteuil ou une chaise en train de faire un discours théorique sur sa vie ou sa carrière. Dans ce programme, elle est appelée à bouger dans des espaces de sa ville, à parler d'une façon spontanée, sans être figée devant une caméra et entourée d'un public.

Les artistes sont parfois surpris au départ, mais ils prennent vite l'habitude et jouent le jeu. Par exemple, quand Sahbi Chtioui t'emmène lui-même de son atelier à sa galerie, puis à Marrakech, cette merveille patrimoniale, dans des lieux où sont exposées ses œuvres en permanence, tu découvres la vraie personnalité de l'artiste, les petits détails de son comportement et sa manière de vivre.

Comment se fait le choix des personnalités que vous présentez au spectateur ?

C'est d'abord un choix personnel sur des artistes que j'aime et dont je suis conscient de la valeur et de l'apport. Mais, en général, ce choix est unanime. Par exemple quand tu dis Sabah Fakhri, Safouane Bahlaouane, Sahbi Chtioui, Nour Echirif, Yousra, Nasser Shamma ou Abdelhadi Belkhiat et beaucoup d'autres, ce sont des personnalités qui ont toutes donné quelque chose et laisseront, sans aucun doute, leur empreinte dans l'histoire.

En général, ce sont des artistes qui représentent des choix artistiques importants et des expériences personnelles historiques. Mais il faut dire que moi aussi j'ai des rêves et des idées que veux réaliser par le biais de mes émissions.

Votre décision de venir au Maroc a-t-elle été dirigée et comment s'est déroulé ce petit périple qui a duré quelques jours ?

Mon voyage au Maroc est une décision que j'ai prise moi-même, avec bien sûr l'accord de la télévision tunisienne, vu les potentialités artistiques qui existent dans ce pays et dont l'apport a dépassé ses propres frontières.
En effet, après le succès qu'a remporté l'émission en se démarquant des autres avec son originalité et son contenu, elle a commencé à voyager à travers d'autres pays du monde arabe. Et maintenant, j'ai décidé de faire le Maghreb arabe, Paris, Venise, Beyrouth, les pays du Golfe.

J'ai commencé par le Maroc avec les artistes Abdelhadi Belkhiat, Tayeb Seddiki et Sahbi Chtioui (sculpteur tunisien qui habite au Maroc depuis 24 ans). C'était un beau voyage avec ces trois personnalités dont chacune s'est démarquée dans sa propre discipline. Toutes les portes m'ont été ouvertes, qu'elles soient celles des autorités ou celles du peuple marocain, et j'espère bien revenir pour rencontrer d'autres personnalités artistiques dont ce beau pays regorge.

Par la même occasion, je remercie également l'ambassadeur de Tunisie au Maroc qui m'a facilité beaucoup les choses. Les artistes, pour leur part, m'ont accueilli avec une chaleur et une modestie que j'ai beaucoup appréciées chez Tayeb Seddiki, sans oublier la bonté de Abdelhadi Belkhiat et l'authenticité de Sahbi Chtioui. Mes rencontres avec ces artistes ont été simples, naturelles et pleines.

Mais, je suis sûr que les spectateurs qui verront l'émission seront étonnés par les anecdotes que chaque artiste rapporte sur lui-même et sur sa carrière. Des moments agréables à vivre ensemble et à déguster dans l'amour et parfois aussi la nostalgie.

Pouvez-vous nous parler brièvement de votre carrière professionnelle dans les médias ?

J'ai débuté ma carrière professionnelle dans la presse écrite, puis je me suis intéressé à la radio et j'exerce actuellement en tant que responsable du service culturel à la radio tunisienne. Par la suite, j'ai exaucé mon rêve de travailler à la télévision pour laquelle j'ai réalisé plusieurs émissions comme "Voyage entre les étagères", "Café de la télévision", "Un certain été" et actuellement "Moudoun Annoujoum" qui accueille les plus célèbres artistes du monde arabe.