Soirée du court à Meknès
Les deux réalisatrices Jihane El Bahar et Bouchra Ijork à l'Institut français
LE MATIN
02 Décembre 2007
À 15:52
Elles sont jeunes, talentueuses et ont beaucoup de choses à dire… Ce sont Bouchra Ijork et Jihane El Bahar, deux réalisatrices de la nouvelle école du cinéma marocain. Elles seront les invitées d'honneur de la soirée des courts-métrages, qui sera organisée ce mardi 4 décembre (à 20h) par l'Institut français de Meknès. Un rendez-vous qui sera régulièrement maintenu, comme le promettent bien les organisateurs. Avec à chaque fois de nouveaux invités, juste pour le plaisir des cinéphiles meknassis et bien sûr pour la promotion de la production cinématographique nationale.
Au programme de cette soirée, quatre courts-métrages, entre fictions et documentaires. Les deux cinéastes ont concrétisé leur passion pour l'écriture scénaristique en s'essayant à la fiction comme au documentaire. Après des formations à la prestigieuse FEMIS de Paris, Ijork et El Bahar ont réalisé respectivement deux courts documentaires: «Karawane, l'oiseau libanais» et «Le petit monde de Suzanne». L'objectivité du documentaire n'empêchera pas ces jeunes talents de goûter aux plaisirs de la fiction. Bouchra Ijork, qui a passé déjà au téléfilm avec son «Orange amère» diffusé lors du Ramadan dernier sur 2M, présente lors de cette soirée sa nouvelle production «Al Bahja». Fruit du projet «Voyage dans ma ville» qui a été organisé par le Centre culturel allemand à Damas, ce film raconte l'histoire de deux enfants vivant en marge de la grande évolution économique de leur ville natale. Délaissés dans leur détresse et misère, ils se réfugient dans l'espoir d'un lendemain meilleur.
«Karawane, l'oiseau libanais» est le premier né de Bouchra Ijork. Son idée a germé dans l'esprit de la réalisatrice durant un séjour à Paris. Suite à une rencontre marquante avec Alexandre Polékivitch, elle cède à son émotion et se fait sa confidente indiscrète. Car elle va nous livrer, sur un ton affecté, son histoire un peu particulière. Séjour au Liban, famille, homosexualité, déceptions et aspirations… c'est à un récit intimiste qu'on aura le droit. De la double vie menée par Alexandre à sa passion pour la danse orientale, la caméra d'Ijork est toujours là au bon moment et à bonne distance pour révéler la particularité de ce destin à part. «Ma rencontre avec Alex s'est couronnée par la réalisation de mon premier documentaire : "Karawane, l'oiseau libanais" que je considère comme un moment de sincérité partagé entre moi, Alexandre et toute l'équipe du film et que je partage dorénavant avec tous ceux qui vont regarder le film», écrit la réalisatrice.
Née en 1976 à Casablanca, Bouchra Ijork est à la fois comédienne, scénariste et réalisatrice. Lauréate de l'Institut supérieure d'art dramatique et d'animation culturelle, elle a joué des premiers rôles dans plusieurs films et téléfilms marocains. En plus de ses films, elle a écrit des séries et sitcom pour la télévision et des pièces de théâtre. Pour Jihane El Bahar, la révélation de la dernière édition du Festival national du cinéma de Tanger, il était temps de présenter au public ses deux films «Le petit monde de Suzanne» et «Shift+Supp». Respectivement documentaire et fiction, ces deux opus ne sont pas pour autant les seules créations de cette ‘'prolifique mordue''.
Titulaire d'une licence appliquée en audiovisuel, El Bahar a réalisé son premier court- métrage «Le mauvais ?il» en 2001. Elle a également été de la partie dans plusieurs productions en tant que scénariste: le téléfilm «Mirage» en 2007, «Juste pour les couples» en 2006 et «Le labyrinthe» en 2004. Elle a écrit, en 2002, 15 épisodes de la sitcom «Dar Mi Hniya», 4 épisodes de «Lala Fatéma » en 2001 et 4 épisodes de la série policière «La Brigade» en 2005. Une soirée-cinéma qui promet découverte et plaisir à tous ceux qui ne connaissent pas encore le style d'Ijork et d'El Bahar. Deux visions, deux signatures qui méritent d'être découvertes et d'être encouragées.
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«Le scénariste invente et réinvente»
Interview : Jihane El bahar
La jeune réalisatrice parle de ce qui l'a amené à l'écriture dramaturgique
Racontez-nous un peu vos débuts ?
Après avoir eu ma licence en audiovisuel, je me suis intéressée à l'écriture scénaristique. J'ai fait mes premiers débuts avec la sitcom «Lalla Fatéma» puis j'ai enchaîné avec «Dar Mi Hniya».
Ceci avant de me lancer dans l'écriture dramaturgique, à savoir les téléfilms et ce fut «Le labyrinthe» et «Juste pour les couples». Je me suis envolée par la suite vers Ouarzazate où j'ai suivi une formation en montage virtuel et après j'ai fait l'université d'été de la FEMIS, d'où mon court documentaire «Le petit monde de Suzanne». J'ai fait la réalisation d'un autre court-métrage genre fiction qui s'intitule «Shift+Suppr».
«Shift+Suppr» est un titre assez original, c'est quoi le thème de ce film ?
«Shift+Suppr» est en quelque sorte un autoportrait. C'est un court-métrage qui traite des différentes étapes d'écriture dont passe tout scénariste dans l'élaboration de son récit ou de son scénario avant d'en arriver à la version finale.
D'après une idée bien précise, un scénariste doit inventer et réinventer des personnages et des événements à chaque fois qu'il se confronte à une panne de situation.
Quels sont vos projets ?
Dans le domaine scénaristique, j'ai deux projets de téléfilms avec deux réalisateurs différents et une série policière que je suis en train de développer. En tant que réalisatrice, je suis en cours de préparation d'un court-métrage qui sera cette fois le portrait d'un peintre égaré.