La Ceinture verte de Marrakech
Un patrimoine menacé
LE MATIN
26 Janvier 2007
À 17:03
Marrakech abrite, du 3 au 10 février prochain, un séminaire sur le thème «Paysage, patrimoine et développement durable (cas de la Ceinture verte de la ville ocre)». Cette rencontre sera organisée par l'Université Cadi Ayyad, en partenariat avec l'Ecole doctorale internationale du tourisme, l'Ecole nationale d'architecture de Rabat, l'Ecole nationale supérieure d'architecture et de paysage de Bordeaux – formation des paysagistes DPLG, l'Enita de Clermont-Ferrand et l'Association Ibn al-Awwâm pour la sauvegarde du patrimoine de l'eau, des jardins et des paysages.
La Ceinture verte de Marrakech est un espace dévolu à l'agriculture irriguée, qui s'étend au sud de la ville, à proximité immédiate de son centre et des nouveaux quartiers résidentiels apparus récemment à l'ouest des jardins de l'Agdal.
L'existence de cette Ceinture verte est aujourd'hui menacée par l'expansion de Marrakech et par la spéculation qui l'accompagne. Une part importante de l'espace irrigué initialement prévu est d'ores et déjà occupée par le vaste quartier résidentiel qui s'est développé autour de l'avenue Mohammed VI et qui s'étend jusqu'au pied des remparts médiévaux de l'Agdal.
Ce qui reste de la Ceinture verte est pour une part absorbé par des lotissements et des infrastructures touristiques, dont la prolifération ne semble pas faire l'objet d'un réel contrôle.
On assiste aujourd'hui également à des mutations dans l'occupation du sol (prolifération des pépinières remplaçant les cultures vivrières), qui apparaissent comme le prélude à des changements plus radicaux de vocation. Les enjeux d'une réflexion sur le site sont multiples.
Ils regardent la longue durée de l'histoire d'une ville qui a incarné pendant des siècles le modèle de la "Cité-Jardin", mais qui utilise aujourd'hui en priorité la ressource en eau pour satisfaire d'autres besoins (eau potable, golf, tourisme) ; d'une ville, aussi, qui sut jadis prendre en considération et magnifier l'immense panorama qui s'ouvre au sud sur les montagnes du Haut-Atlas, mais qui semble aujourd'hui, laissant exploiter sans mesure la ressource que constitue ce paysage exceptionnel, en passe de briser l'un des fondements essentiels de l'attrait qu'elle exerce.
Mais l'enjeu est également, bien sûr, celui du devenir des populations rurales concernées, dans un contexte où la pauvreté régnant dans les campagnes pousse à un exode que les villes telles que Marrakech ont des difficultés à absorber. Cet enjeu réside enfin, tout simplement, dans l'amélioration de la qualité du cadre de vie d'une population locale, néo-résidentielle et touristique dont l'environnement est de plus en plus dégradé.
Le séminaire, fondé sur un partage des savoirs et des regards entre étudiants de dernière année d'agronomie (Clermont-Ferrand), de paysage (Bordeaux), d'architecture (Rabat), de master «Tourisme, patrimoine et développement durable» (Faculté des lettres et sciences humaines- Marrakech), de doctorants de l'UFR «Analyse économique et développement» (Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales- Marrakech), se déroulera en trois phases : à savoir l'analyse de la situation actuelle de la Ceinture verte, dans le contexte de l'expansion urbaine et du point de vue agricole et paysager.
Des propositions sur les conditions d'une pérennisation de cet espace et de ce paysage seront formulées.