L' événement a fait la renommée internationale de la ville >Dix ans déjà et pas une seule ride ! Le Festival Gnaoua et musiques du monde d'Essaouira est devenu un rendez-vous de choix dans la foultitude d'événements culturels que le Maroc connaît
LE MATIN
17 Juin 2007
À 12:27
Des 20.000 passionnés de la musique de transe traditionnelle aux racines africaines, qui se sont réunis lors de la première édition, en 1998, le Festival est passé à une affluence qui avoisine les 500.000 l'année dernière. Phénomène de mode ? Effet d'entraînement? Rien de tout ça. En fait, ces rencontres musicales qui ont connu la présence de noms prestigieux du jazz, du blues, du reggae et bien d'autres styles ont fait renaître un genre musical en voie de disparition.
H'mida Boussou, un des grands maîtres de la taifa des gnaoua, disparu en février dernier, disait que «sans le festival, la musique gnaouie allait s'éteindre à jamais !». Le Festival a fait mieux que cela, il a donné à ce patrimoine une portée internationale.
Depuis 1998, les noms les plus célèbres de la scène world, jazz et de musiques actuelles se bousculent sur l'arène de ce grand meeting. Gnawa Diffusion, Pat Metheny, Ali Farkha Touré, Louis Bertignac, Youssou N'Dour, Oumou Sangaré, Daniel Waro, l'Orchestre National de Barbès, Omar Sosa, Joe Zawinul, The Wailers, et bien d'autres encore y ont côtoyé de grands artistes marocains comme Mahmoud Guinea, Majid Bekkas, Mustapha Bakbo,pour ne citer qu'eux.
Abdeslam Alikane, maâlem de Mogador et membre fondateur du festival, Loy Ehrlich, compositeur français, multi-instrumentiste et Karim Ziad, batteur, grande figure du jazz au Maghreb et leader du groupe «Ifriquya», sont les trois directeurs artistiques de ce festival suivi de près par tous les spécialistes et passionnés de musiques du monde. Chaque année, ils relèvent le défi de concevoir une programmation basée sur la fusion des genres, exercice à la fois audacieux et risqué qui fait de ce festival un événement à part dans le paysage musical.
Pour son dixième anniversaire, le plus grand événement musical du Royaume accueillera en plus des 25 mâallems les plus connus, plus d'une quarantaine de musiciens venus des quatre coins du monde. Les noms les plus prestigieux invités pour cette édition sont le Congolais Ray Lema, le Maroco-sénégalais Mokhtar Samba, le pianiste cubain Ramòn Valle et le groupe britannique Asian Dub Foundation.
Les Marocains ne sont pas en reste. Les incontournables Darga, Blue Mogador, Abdallah Miri, Fnaire et bien d'autre seront de la fête aussi. D'une seule scène sur la place Moulay Hassan en 1998, le Festival est passé à neuf. Deux grandes scènes en plein air, Moulay Hassan et Bab Marrakech, accueillent les concerts. Trois autres petites scènes en plein air et en médina accueillent les lilas, place El Khayma, la Sqala de la Médina, le marché aux grains.
Deux riads en médina, Chez Kébir et Dar Souiri seront le théâtre dles concerts acoustiques dans une ambiance plus intime privilégiant les improvisations entre les Gnaoua et les musiciens invités. Enfin, deux scènes électro animeront les «after» sur la plage. Par ailleurs, le festival prévoit un certain nombre de projections de films documentaires traitant de la transe gnaouie, de ses vertus thérapeutiques, du caractère surnaturel que revêt cette tradition.
D'autre part, un colloque sur le thème «Art et liberté» viendra ajouter une touche intellectuelle à l'événement. En définitive, le festival d'Essaouira confirme son importance d'année en année et prouve que la culture peut être un vecteur de développement social et économique. ------------------------------------------------
Réhabiliter «Sidna Bilal»
La taifa des gnaoua avait pour repère une zaouïa qui se trouve aux abords du Mellah d'Essaouira. Quelque part, c'est le seul édifice représentatif de cette confrérie.
Il se trouve que ce monument historique est en train de tomber en ruine. Avec la renommée que les gnaoua ont pu avoir avec le festival, les retombées économiques sur la ville et le tapage médiatique qui le suit, l'état de délabrement de cette bâtisse devrait faire bouger les organisateurs en faveur de sa réhabilitation.
Les intervenants de la ville, la direction du patrimoine au ministère de la Culture, et la société civile ne devraient pas non plus rester en retrait par rapport à ce chantier qui ne demande pas un budget faramineux. C'est un minimum effort à fournir. A bon entendeur ...