LE MATIN
14 Mai 2007
À 15:17
Kénitra. Tribu Lahdada. Depuis quelque temps, cette jamaâ connaît un grand remue-ménage, surtout du côté des femmes, victimes de discrimination et d'expropriation.
Tout a commencé quand les délégués de l'assemblée générale de la tribu Lahdada, sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, ont recensé tous les chefs de familles qui exploitaient la terre collective appartenant à la tribu et ont procédé à la division de la terre
en lots.
La première transaction a porté sur une cinquantaine d'hectares, dont une partie a été divisée en 632 lots et distribuée aux hommes chefs de famille recensés.
La deuxième transaction a concerné 16 hectares non lotissables, dont le prix de vente qui se monte à 16 millions de dirhams, a été réparti entre les 632 familles qui ont déjà bénéficié des lots de terrains de la première transaction et tous les hommes célibataires de la tribu âgés de 16 ans révolus.
Une troisième tranche portant sur l'expropriation de 126 hectares pour les besoins de la construction de l'autoroute bénéficiera aux 632 chefs de famille déjà dotés par deux fois et à 678 autres membres de la tribu recensés en 2004, auxquels s'ajouteront tous les garçons qui ont atteint l'âge de 16 ans à la date du 8 août 2006 qui a été fixée pour les attributions des lots de terrain.
Dans la distribution des lots, les familles dont les chefs sont des femmes et qui ne disposent pas d'hommes ou de garçons âgés de 16 ans au moins, n'ont pas bénéficié des lots ou de l'argent malgré leur appartenance à la jamaâ.
Aussi, révoltées, les femmes de la tribu, dont la porte parole est Rkia Bellout, se sont mobilisées et ont lancé une pétition. 1100 femmes y ont adhéré et sont soutenues par 390 hommes.
Et pour donner plus de poids à leur mobilisation, elles ont sollicité l'aide de l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM).
«Il existe un cas similaire à Benslimane et un antécédent à Guich Oudayas.
C'est inadmissible que des femmes qui ont toujours vécu sur ces terres soient écartées de cette façon», souligne Drissi Saida, vice présidente de l'ADFM à Rabat.
Une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur a été envoyée lundi pour lui demander de régler ce conflit qui traduit clairement une discrimination à l'égard des femmes.
Cependant, d'après tous les responsables au niveau de Kénitra, cette expropriation s'applique conformément au droit coutumier de la tribu, qui stipule que seuls les hommes chefs de famille ont droit aux indemnités ou aux lots.
Un fait qui est récusé par l'ADFM.
Affaire à suivre…