Retour des émeutes urbaines
Des affrontements entre jeunes et policiers ont secoué lundi pour la deuxième soirée consécutive une ville de banlieue près de Paris, où 64 policiers ont été blessés, lors de violences semblant être les plus sérieuses depuis les émeutes de 2005.
AFP
27 Novembre 2007
À 16:33
Le calme est revenu peu après 1h00 du matin à Villiers-le-Bel, une ville située à une vingtaine de kilomètres de Paris, ainsi que sur l'ensemble du département du Val-d'Oise. Selon la police, six personnes ont été
interpellées.
A Villiers-le-Bel, près d'une centaine de jeunes cagoulés certains munis de cocktail molotov ont jeté des projectiles sur les policiers anti-émeutes qui ont répliqué à coups de flashball et de gaz lacrymogène.
Au total, 63 voitures et cinq bâtiments ont été incendiés dans six communes proches.
Selon la police, qui a jugé la situation pire que la nuit précédente, 64 policiers ont été blessés par des tirs de grenailles ou des jets de projectiles, dont cinq grièvement.
Un policier a été blessé à l'épaule "par une balle d'assez gros calibre".
Dans l'Essonne (sud de Paris), un autobus qui ne transportait aucun passager, et un camion ont été incendiés. En Seine-Saint-Denis, foyer des violences urbaines de novembre 2005, la situation était "calme", selon la police.
Dans l'après-midi, le président Nicolas Sarkozy avait appelé au calme depuis la Chine où il était en visite d'Etat.
Il faut "que chacun s'apaise et qu'on laisse la justice déterminer les responsabilités des uns et des autres", avait dit M. Sarkozy.
Des policiers et des responsables locaux ont souligné que ces nouvelles violences témoignaient de la fragilité de la situation dans certaines banlieues, théâtre il y a deux ans d'émeutes sans précédent déclenchées par la mort accidentelle de deux adolescents qui fuyaient la police.
Dimanche, la mort de Moushin, 15 ans, et son ami Larami, 16 ans, dont la mini-moto a heurté une voiture de police, a rapidement embrasé Villiers-le-Bel, les jeunes expliquant avoir la "rage" contre ce qu'ils affirment être une "bavure" policière.
Les jeunes ont affronté les policiers, dont quarante ont été blessés, selon la justice. Un commissaire avait notamment été frappé à coups de barre de fer au visage et à la poitrine. Un pompier avait aussi été blessé.
Une trentaine de voitures et cinq bâtiments, dont un poste de police avaient été incendiés.
La justice a évoqué de "véritables émeutes", et a confié une enquête à l'inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", sur les circonstances de l'accident.
Selon la procureure Marie-Thérèse de Givry, trois témoins ont confirmé la version des policiers qui disent avoir été percutés par la moto des deux adolescents. "Tout a été fait pour tenter de les sauver", a-t-elle affirmé.
Le frère d'un des adolescents, Omar Sehhouli, avait notamment accusé dimanche les policiers de non assistance à personne en danger pour n'être "pas restés sur les lieux" après la collision.
Les familles des deux adolescents ont demandé ensuite que "justice soit faite, dans le calme et la sérénité".
Afin de conjurer l'embrasement, les avocats des familles ont annoncé qu'ils allaient demander mardi l'ouverture d'une information judiciaire.
Un syndicat de police a estimé lundi que "les braises couvent sous les cendres" depuis 2005 et que la police ne pouvait "à elle seule" répondre aux "causes sociales de la situation dans les quartiers sensibles".
A l'automne 2005, trois semaines d'émeutes avaient secoué les banlieues défavorisées à forte population originaire d'Afrique sub-saharienne et du Maghreb, où le taux de chômage des jeunes atteint parfois jusqu'à 50%, forçant le gouvernement à décréter l'état d'urgence.
Des centaines de personnes avaient été blessées et plus de 10.000 véhicules et quelque 300 bâtiments avaient été incendiés.
Estimant que la "dépression" des banlieues se changeait très rapidement en "colère", le sociologue Laurent Mucchielli a toutefois expliqué ne pas croire à un nouvel embrasement généralisé comme en 2005.
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Des contrats record
Le président français Nicolas Sarkozy rapporte de Chine, où il vient d'effectuer sa première visite d'Etat, des contrats record pour le nucléaire et l'aéronautique français, en ayant pris soin de ménager ses hôtes sur le plan intérieur.
"Le voyage s'est bien passé d'un point de vue politique", s'est félicité M. Sarkozy, en insistant sur la signature d'une déclaration sur l'environnement, "une première" dans un pays considéré comme l'un des principaux pollueurs de la
planète.