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Brown confronté au retour de la fièvre aphteuse

Interdiction de l'exportation de viandes britanniques
>Le Premier ministre a assuré samedi que les autorités britanniques faisaient "tout ce qui était en leur pouvoir" après la découverte du virus de la fièvre aphteuse dans le sud de l'Angleterre

05 Août 2007 À 12:02

"Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour examiner les éléments scientifiques et pour découvrir ce qui s'est passé et pour éradiquer la maladie", a déclaré Gordon Brown à l'issue de la seconde réunion du comité Cobra, cellule de crise du gouvernement, en moins de 24 heures.

Cobra rassemble en cas d'événement majeur touchant à la sécurité nationale du Royaume-Uni les responsables ou représentants des principaux organes du gouvernement. Une troisième réunion est prévue samedi. Le virus de la fièvre aphteuse a été identifié vendredi par les services vétérinaires britanniques dans une exploitation près du village de Normandy (Surrey), à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Londres. Un plan d'urgence a immédiatement été mis en oeuvre avec une interdiction des déplacements du bétail (ovins, porcins, bovins) sur tout le territoire.

Une zone d'exclusion temporaire d'un kilomètre de rayon, une zone de protection de trois kilomètres et une zone de surveillance de dix kilomètres ont également été décrétées autour de l'exploitation. "Toutes les licences d'exportation (...) de porcins, bovins et ovins, y compris les carcasses, la viande et le lait sont déjà suspendues" par le Royaume-Uni, a indiqué à l'AFP une porte-parole du ministère britannique de l'Agriculture. Ce dispositif sera entériné en urgence lundi par la Commission européenne.

Selon le ministère de l'Agriculture, trois fermes se trouvent sur le site contaminé. Les 60 bovins qui s'y trouvent devaient être abattus samedi mais le nombre d'animaux atteints n'était pas connu.
M. Brown a interrompu ses vacances dans le Dorset (sud-ouest de l'Angleterre), tout comme son ministre de l'Environnement Hilary Benn qui se trouvait en Italie.

"La plus grande leçon que nous avons apprise de 2001 est que la rapidité de la réponse est incroyablement importante pour arrêter l'expansion de ce qui est une maladie très contagieuse", a souligné samedi matin Ed Miliband, ministre chargé du Cabinet (gouvernement restreint), sur la radio BBC4.

L'ampleur de la dernière épidémie de fièvre aphteuse, entre février et septembre 2001, a traumatisé le pays : 2.030 cas avaient été identifiés et entre 6,5 et 10 millions d'animaux avaient été abattus, puis incinérés sur des bûchers géants. Cette crise avait coûté 8 milliards de livres (11,9 milliards d'euros), dont 250 millions à l'industrie touristique, et le gouvernement avait été très critiqué pour la lenteur de sa réaction.

L'armée avait été appelée en renfort et des élections législatives et locales avaient dû être reportées, pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale. Selon le National Farmers Union (NFU), le principal syndicat agricole, environ 10% des 7.000 fermes avaient arrêté leurs activités. Des milliers ont mis des années à s'en remettre. Paul Ibbot, un fermier dont l'exploitation est située juste à l'extérieur de la zone d'exclusion, a confié sur BBC 4 qu'il avait un "réel sentiment d'angoisse". "Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons comprendre.

Le Surrey est un comté qui n'a pas beaucoup d'élevages et nous ne comprenons pas comment c'est arrivé ici", a-t-il ajouté. L'Irlande du Nord et la république d'Irlande se préparaient samedi à apporter une réponse unie pour éviter une contamination de l'île. Plusieurs pays européens (France, Pays-Bas, Danemark) avaient déjà lancé un recensement des récentes importations d'animaux en provenance du Royaume-Uni, et le Japon a interdit l'importation de porc britannique.
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Les mesures prises à l'étranger

France: Le ministère de l'Agriculture a annoncé un recensement de toutes les importations britanniques de bovins, ovins, caprins ou porcins au cours des dix derniers jours.

En attendant, tout rassemblement de ces espèces est interdit.Les services départementaux vont procéder à la "visite des exploitations concernées en vue d'écarter toute suspicion clinique de fièvre aphteuse".Cette mesure implique un contingentement du mouvement des animaux, sauf à destination des abattoirs.

Pays-Bas : Le ministère de l'Agriculture a annoncé une interdiction immédiate des transports d'ovins, de caprins, de bovins et de porcins dans le pays, sauf à destination des abattoirs. Un recensement est en cours pour identifier d'éventuelles importations provenant de la région affectée, les élevages hollandais concernés pourraient ensuite être contrôlés. Les touristes néerlandais visitant la Grande-Bretagne sont invités à ne pas se rendre dans des fermes et à ne pas ramener des animaux ou leurs dérivés. L'organisme représentant les agriculteurs et horticulteurs (LTO) a conseillé aux éleveurs de contrôler par précaution leurs cheptels.

Japon : Le ministère de l'Agriculture a imposé une interdiction temporaire d'importation de porc en provenance de Grande-Bretagne afin de "prévenir une contamination aux cochons et autres animaux chez nous", a-t-il indiqué dans un communiqué. Selon des statistiques japonaises, le pays a importé seulement 5 tonnes de porc britannique entre mars 2006 et mars 2007, soit une part infime de ses 737.000 tonnes de porc importées.

Suisse: L'Office vétérinaire fédéral à Berne a estimé que vu la rapide réaction de Londres, il n'était pas nécessaire de prendre des mesures supplémentaires.

"Tout est bloqué. Plus aucun animal ou produit animal ne peut sortir de Grande-Bretagne. C'est ce qu'il faut faire pour se protéger d'une propagation", a déclaré une porte-parole.
Le pays est officiellement reconnu indemne de fièvre aphteuse, le dernier cas suisse remontant à 1980.

Danemark : Les autorités examinent les importations de bétail en provenance de Grande-Bretagne, mais estiment que le risque de propagation de la maladie au Danemark est très faible. "Le Danemark importe annuellement très peu de bêtes de Grande-Bretagne. Pour le moment, l'étude des importations cette année montre qu'il n'y a pas eu d'importation de bêtes depuis le 22 mai. Le risque que la maladie ait pu arriver au Danemark par ce biais est par conséquent très limité", selon les services vétérinaires danois (Danish Veterinary and Food Administration).

Ils ont demandé aux Danois de ne pas nourrir les animaux d'élevage avec des déchets ménagers et aux personnes qui ont séjourné en Grande-Bretagne et qui auraient été en contact avec des animaux à sabots, de ne pas s'approcher d'animaux à sabots pendant 48 heures.
Suède : "La Suède n'importe pas d'animaux ongulés de Grande-Bretagne et avec l'information dont nous disposons actuellement, nous ne sommes pas directement touchés par cette contamination", a estimé Karin Aahl, de la Direction agricole suédoise (Swedish Board of Agriculture), dans un communiqué.

Norvège : Les personnes rentrant d'un séjour en Grande-Bretagne ont été invitées à ne pas s'approcher d'animaux norvégiens. "Nous estimons que la situation en Grande-Bretagne est grave", a déclaré le ministre norvégien de l'Agriculture et des Questions alimentaires, Terje Riis-Johansen, à l'agence de presse norvégienne NTB.
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