Fête du Trône 2006

L'UMA, ce Grand Maghreb en quête d'amour et de développement

14 Février 2007 À 13:53

A peine trois jours se seront écoulés après la fête des amoureux, célébrée à travers le monde par toutes celles et tous ceux qui n'ont pas besoin de prétextes pour se déclarer leur amour, que nous nous retrouvons, à presque 100 millions de Maghrébins, à prendre acte de la célébration formelle du 18e anniversaire de " l'Union du Maghreb Arabe", institution honorable convenue et proclamée par nos honorables dirigeants, à Marrakech, un 17 février 1989.

Age de puberté, de croissance et de tendre majorité, quand la beauté et l'intelligence de la jeune fille se parent de faste et de couleurs heureuses et épanouies, au grand bonheur des membres de sa famille… mais ce n'est pas le cas de notre bien-aimée !!!

Comment débarrasser notre Grand Maghreb de ses rides, de ses contrariétés et de ses peines, nées des tiraillements et des disputes de ses deux enfants chéris, sur fond de Sahara, dont la solution finira par trouver son issue, dans le respect de la souveraineté marocaine, tenant compte de la légalité internationale et accordant une large autonomie locale aux régions concernées?

Comment aboutir à la paix des braves, entre les voisins et les cousins, la paix des frères? Comment adoucir les sensibilités et les susceptibilités des uns et des autres, en adoptant une démarche résolument maghrébine…? Comment, avec courage intellectuel et déterminisme politique, balayer les rancunes et les bévues du passé ?

Comment, enfin, essayer de rattraper le temps perdu depuis les Indépendances, et ne plus pénaliser les peuples et les économies, ne plus séparer les familles et ne plus peiner celles et ceux, nombreux en Algérie et au Maroc, qui se sont battus pour que ce Grand Maghreb puisse recouvrer sa liberté et son indépendance, en découdre avec le protectorat et la colonisation, pour nous permettre de vivre légitimement la cohésion, l'intelligence et la solidarité maghrébine?

Enfant marocain en Algérie, j'avais 14 ans ce 5 juillet 1962, jour heureux et historique pour tout le Maghreb, et je courais, avec des centaines de milliers d'enfants, à travers les grandes artères d'Oran, fier de porter le plus beau des drapeaux : algérien vert et blanc avec l'étoile rouge, sur une face, et marocain rouge avec l'étoile verte, sur l'autre face, drapeau superbement confectionné par ma voisine Zoulikha, sœur d'un grand résistant et grand footballeur, comme cadeau d'une Algérienne au fils de sa voisine marocaine, Lalla Maghnia, qui m'a inculqué l'amour de l'Algérie et du Maroc !
Il était beau, mon drapeau, unique… et on me l'a volé ce jour là… et j'ai pleuré !… Il reflétait, sublimement, l'union, la cohésion et l'amour qui ont toujours existé entre les deux peuples frères depuis la nuit des temps.

Je me souviens aussi de la consternation et de la tristesse de mes frères Algériens à l'annonce du décès du grand Souverain, feu S.M. le Roi Mohammed V… et mes parents me racontaient les manifestations de protestation enregistrées en Algérie lors de l'exil forcé du Père de la Nation marocaine.

Ma mémoire restera vive face aux scènes de désolation et de compassion dans les rues et dans les foyers algériens, suite au terrible tremblement de terre d'Agadir…

Le destin aura voulu que, plus de 40 ans plus tard, je me retrouve à Alger, la nuit des inondations de Bab El Oued, et que je partage la douleur de mes frères et mes cousins, me sentant particulièrement fier d'être Marocain en terre algérienne, à l'annonce généreuse et spontanée de S.M. le Roi Mohammed VI, en priorité affective mondiale, de venir au secours des victimes des inondations…

Comment ne pas évoquer, avec émotion et reconnaissance, le geste hautement politique et symbolique de S.E. le Président Bouteflika de faire acheminer les aides du peuple algérien suite aux inondations de Mohammedia et au tremblement de terre d'Al Hoceima, par la frontière terrestre, tristement fermée encore à la veille de ce 18e anniversaire….

Enfants marocains d'Algérie et enfants algériens du Maroc, nous qui avons particulièrement vécu la profondeur du sacrifice commun, qui étions Maroco-algériens ou Algéro-marocains, et qui le resterons dans l'âme et le cœur, souvenons nous, en ce jour encore plus qu'hier, de nos parents, de nos instituteurs,d e nos écoles à Oujda, à Oran et partout ailleurs, de la complicité heureuse et candide, des moments de partage, dans le faste et l'adversité, dans le malheur et le bonheur…

Enfants devenus grands, responsables politiques ou décideurs économiques, professeurs, artistes, intellectuels, médecins ou acteurs de la société civile, soyons cette passerelle culturelle de la mémoire commune, quand plusieurs villes marocaines et algériennes, Oujda, Ahfir, Berkane, Tlemcen, Maghnia, Sidi Bel Abbes et Oran… se distinguaient naturellement par leur touche maghrébine… villes dont les habitants, dans leur quasi-majorité, ont des liens de sang, et de fraternité transfrontalière…

L'Algérie vous manque ? Venez à Oujda et dans l'Oriental marocain !
Le Maroc vous manque ? Dans la région de l'Ouest algérien, vous serez agréablement surpris ! Il ne s'agit pas de se tromper d'ennemi ou d'adversaire… nous avons été, et demeurerons, voisins, cousins et frères…

Nos jeunes, nos parents, nos femmes, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Mauritanie ou au Maroc vivent les mêmes problèmes, les mêmes attentes, les mêmes angoisses, les mêmes préoccupations : pouvoir s'assurer leurs droits élémentaires à la vie, à l'autosuffisance alimentaire, à l'éducation, au logement, à la santé, aux loisirs et à la liberté de circulation des biens, des personnes et des idées !

Comment est-il pensable, en terme de rigueur intellectuelle et de bon sens, de réaliser, au 21e siècle, que les peuples et les dirigeants du Grand Maghreb se connaissent si peu et si mal, et que si la culture de la fibre maghrébine devait sanctionner notre enseignement, nous serions nombreux à redoubler de classe…

En ce jour anniversaire, qu'il soit permis au Maghrébin du Maroc que je suis, d'avoir une pensée particulière pour tous les Maghrébins qui vivent sur le sol marocain, ainsi que pour tous ceux qui vivent loin de leur pays d'origine, en rappelant que le Maroc se sent fier et honoré de les voir vivre pleinement et sereinement leurs spécificités maghrébines !

Grand Maghreb, béni sois-tu, pour tes 18 ans, dans le cadre d'une nouvelle dynamique maghrébine, entouré de notre grande affection, et tourné courageusement, lucidement et solidairement vers un espace de citoyenneté plurielle, arabe, berbère, africaine, atlantique et méditerranéenne, imprégné de nos valeurs culturelles musulmanes et de nos spécificités complémentaires de franchise à l'Algérienne, d'oralité à la Mauritanienne, de diplomatie à la Tunisienne, de fédéralisme à la Libyenne et de courtoisie à la Marocaine….

Grand Maghreb, tu nous es si cher… pour toi, nous donnerons notre sang, notre amour et notre chair !
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