Quand le sang manque de fer
Régénérative ou arégénérative, cette maladie gagne à être traitée à temps
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LE MATIN
05 Juin 2007
À 17:10
Pâleur, fatigue, perte des capacités physiques, tachycardie (accélération du rythme cardiaque), vertiges, bourdonnements d'oreilles…Ce sont là les principaux signes apparents de l'anémie. Les patients les moins avertis font, presque automatiquement, le lien entre ces symptômes et le manque de fer dans l'organisme, quoique ignorant les tenants et aboutissants de cette pathologie.
Les spécialistes, qui en savent un bon chapitre, nous apprennent que l'anémie s'explique par un nombre insuffisant de globules rouges ou d'hémoglobines dans le corps. Ces dernières permettent d'assurer de manière optimale le transfert de l'oxygène des poumons vers les tissus du corps.
L'oxygène étant l'élément essentiel à la production d'énergie puisqu'assurant le bon fonctionnement des muscles et des organes.
Les raisons de cette carence peuvent être imputées au nombre réduit des globules rouges ou à leur qualité déficiente.
On parle d'anémie quand la personne a un taux d'hémoglobines inférieur à 14 g par litre chez l'homme et à 12 g par litre chez la femme ou par un nombre de globules rouges inférieur à 4.5 millions par microlitre chez l'homme et à 4 millions par microlitre chez la femme ou encore par un hématocrite inférieur à 40 % chez l'homme et à 37 % chez la femme. Ces résultats sont révélés lors d'un prélèvement sanguin qui servira à une numération formule sanguine "NFS". En cas de besoin, ils peuvent être complétés par un dosage du fer sérique.
Deux cas de figures s'offrent aux personnes souffrant d'anémie. Soit leur corps reprend son activité normale et reproduit les globules rouges manquantes, c'est ce que les spécialistes appellent l'anémie régénérative. Le cas échéant, le patient est affronté à une anémie arégénérative, c'est-à-dire que l'organisme n'arrive pas à remplacer les globules rouges qui lui font défaut.
Il s'agit, notamment des cas où l'anémie est occasionnée par une malnutrition dont l'origine peut être une pathologie digestive qui entraîne une mauvaise absorption des vitamines et minéraux.
Des médicaments en particulier de chimiothérapie, peuvent également diminuer la synthèse des globules rouges. Il peut s'agir aussi de pathologies comme des cancers qui envahissent la moelle osseuse (leucémies) donnant ainsi des anémies.
Souha Sahraoui, professeur en radiothérapie et oncologie (Centre d'oncologie d'Ibn Rochd à Casablanca) soulève les problèmes liés à l'anémie, une véritable souffrance pour les malades.
«Dans le cas du cancer, on omet souvent d'évoquer le fait qu'un grand nombre de patients adultes (tumeurs solides et lymphoïdes) développent une anémie.
C'est un mal qui affecte entre 50 et 85% des patients cancéreux sous chimiothérapie ou radiothérapie.
«L'anémie peut être due au cancer lui-même ou à son traitement». Et notre professeur d'ajouter : «d'après des études récentes, cette fatigue liée à l'anémie qui affecte le plus grand nombre des sujets cancéreux, est très peu évoquée par les patients au cours de leurs visites chez leur spécialiste. Elle est, la plupart du temps, acceptée comme une fatalité». Or, elle ne l'est pas du tout puisqu'il y a un moyen pour la traiter.
Ce qui permet non seulement d'améliorer l'état de santé du patient et sa qualité de vie, mais également d'augmenter l'efficacité des deux modalités thérapeutiques importantes qui sont la chimiothérapie et la radiothérapie.
Néanmoins, la grande majorité des cancéreux atteints d'anémie ne savent pas qu'un traitement existe. Il s'appelle Epoétine bêta (Recormon) et vient d'être mis en officine après avoir reçu l'AMM (autorisation de mise sur le marché en Europe et au Maroc) dans sa forme injectable sous cutanée et en une seule injection hebdomadaire au lieu de trois.
Quand ce traitement est utilisé précocement, il permet d'éviter la transfusion sanguine dans 90% des cas.
Et pour éviter d'en arriver là, Abdelakder Acharki, professeur en cancérologie, conseille : « Il faut savoir qu'à chaque fois qu'un malade est sous chimiothérapie, il devrait être surveillé de près et mis sous érythropoietine afin d'éviter une chute importante de taux d'hémoglobines».
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Former le personnel paramédical
L'association Néo Vi House co-présidée par Abdelkader Acharki, professeur en oncologie, organise ses premiers cours en cancérologie destinés au personnel paramédical. Le 1er module a eu lieu le 2 juin 2007 à l'hôtel Barcelo à Casablanca et a porté sur deux thèmes, «L'anémie en cancérologie» et «Le cancer du sein». Dans le cadre de cette formation, Souha Sahraoui, professeur en radiothérapie et oncologie (Centre d'oncologie d'Ibn Rochd à Casablanca) a dispensé le cours sur l'anémie chez les personnes atteintes du cancer.
L'association NéoVi House (association à but non lucratif, d'aide aux malades présentant des maladies chroniques comme le cancer et le sida) a à son actif d'autres manifestations médicales en particulier des caravanes médicales dans des endroits reculés et pauvres du Royaume. Le professeur Acharki, également responsable du programme médical de ladite association justifie le choix de cette thématique comme suit : «Nous avons constaté que le personnel paramédical exerçant en cancérologie est excellent, mais il manque de théorie.
D'où est venue l'idée d'organiser ce premier cours qui ne va pas rester sans suite puisque le prochain est programmé pour le 23 juin 2007.
Cette manifestation, qui a eu lieu le 2 juin dernier, a connu un grand succès.
En réalité, comme le précise notre Pr, ces deux premiers cours de formation ne sont qu'un teste de préparation à un programme en 8 à 9 modules prévus pour l'année scolaire 2007-08. Cette première réunion a concerné les cancers du sein et l'anémie en cancérologie et la prochaine sera dédiée aux cancers colorectaux et la douleur.