Naissance de SAR Lalla Khadija

Une station de taxis en effervescence permanente

Les taximen allant à El Jadida augmentent vertigineusement leurs tarifs le vendredi
>Savez-vous où prendre un taxi pour aller à El Jadida, à Bir Jdid, à El Oualidia, à Sidi Bennour, ou à Had Soualem? Et bien, c'est à "laâouina taxiate", comme vou

22 Août 2007 À 16:27

C'est sous un soleil de plomb qu'on traverse l'avenue Brahim Roudani pour se rendre à "la station des taxis". Ni embouteillage de voitures, ni klaxons ou vociférations de chauffards ne nous ont bloqué la circulation ce vendredi après-midi. Il faut dire que le mouvement diurne des automobiles baisse remarquablement au niveau de la métropole durant le mois d'août.

Et pour cause, la plupart des employés prennent leur congé durant ce mois d'été, ce qui arrange certains chauffeurs de petits taxis. "Malgré la chaleur étouffante, je préfère travailler durant le mois d'août. La circulation est moins importante et le nombre de taxis diminue également, ce qui me permet d'avoir plus de clients et effectuer plus de courses", nous confie le chauffeur du taxi rouge qui nous dépose sur la route d'Azzemour.

Sur le trottoir droit, une vingtaine de Mercedes blanches de l'ancien modèle 240 sont garées dans une disposition alignée. D'autres, en deuxième position, attendent qu'une place leur soit libérée. Une effervescence particulière règne sur le lieu en cet après-midi. En fait, c'est le vendredi que «Laâouina» connaît le plus d'affluence. Les destinations de ces taxis sont plus visitées durant le week-end. «Ejdida blassa, blassa… (encore une place pour El Jadida)», criait un des courtiers, tandis qu'une autre voix lui répond de l'autre côté : «deux places pour El Oualidia…». C'est à la criée que les places sont «vendues» ici.

Aucune pancarte n'affiche la direction des taxis, seules les voix des courtiers permettent aux voyageurs de se retrouver, ce qui fait leur importance. Ces hommes sont en quelque sorte les planificateurs de différents circuits. «Nous nous occupons de trouver des places pour les taxis rentrants ; nous assurons leur ordre quand ils sortent et nous essayons d'organiser les voyageurs en les poussant à respecter la file d'attente.

Nous veillons également à ce que les clients payent leurs places avant le départ de l'automobile», nous confie Simohamed, un des courtiers de Laâouina. Des tâches qui paraissent simples certes, mais qui demandent beaucoup d'attention et de patience. Pour chacune des missions accomplies, les courtiers obtiennent des commissions du chauffeur de taxi. Les différentes opérations effectuées sur la place sont minutieusement observées par le plus ancien des courtiers.
Du haut de sa chaise en bois qui ressemble à celle d'un arbitre de tennis, il donne des ordres à certains et réprimande d'autres afin que tout soit bien fait.

Dans un taxi qui part à El Jadida, une dispute se déclenche soudainement entre une passagère et le chauffeur. Fatima, 26 ans, est une jeune femme jdidie qui travaille à Casablanca et rentre chaque week-end dans sa ville natale. A sa grande surprise, le tarif qu'elle est habituée à payer a augmenté du jour au lendemain d'une somme de 8 DH. En effet, les tarifs des taxis allant à l'ancienne Mazagan augmentent vertigineusement le vendredi. D'un prix habituel de 32 DH, il peut atteindre jusqu'à 40 DH, chose qui provoque la colère des clients.

«Je ne comprends pas pourquoi ils haussent les prix en été, c'est comme si on nous augmentait le salaire en cette saison. Ça n'a vraiment aucun sens. Personne ne réagit. Les chauffeurs exploitent la situation pour nous obliger à nous soumettre à leurs lois», nous explique en colère Fatima.

Sur les raisons d'une telle hausse, Abdallah, chauffeur de taxi, nous explique : « On perd beaucoup en faisant l'aller-retour entre Casablanca et El Jadida. Si on augmente les prix des voyages, c'est parce qu'on revient sans passagers de la ville d'El Jadida. On doit donc compenser avec les quelques dirhams qu'on ajoute au tarif normal.» Malgré le prix augmenté et les innombrables plaintes des voyageurs, les taxis de Laâouina connaissent une grande affluence.
Il faut dire que les vacanciers désireux de visiter El Jadida et sa région n'ont pas un grand choix quant aux moyens de transport.

Entre les trains qui sont souvent surchargés et les autocars en mauvais état, les taxis de Laâouina restent leur moyen de transport de prédilection.
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Des activités lucratives

Outre les taxis qui stationnent à Laâouina, des marchands ambulants se réunissent dans cet endroit. Sardines frites, jus d'orange frais, figues de barbarie…sont autant de produits vendus sur la place. Venus des différents coins de la ville, les quelques commerçants poussent leurs charrettes jusqu'ici pour un gain plutôt encourageant. «Cela fait deux mois que je m'arrête ici. C'est un bon endroit pour moi.

Les voyageurs sont de plus en plus nombreux. Il paraît que les amateurs de la sardine apparaissent plus en été. Quand je vends ici, ça me rapporte plus qu'ailleurs», nous déclare Hassan. Au lieu d'attendre sans rien faire, les voyageurs préfèrent s'arrêter au près d'une charrette pour savourer une sardine bien cuite ou se rafraîchir avec un jus d'orange. Question de joindre l'utile à l'agréable.
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