Hymne à la musique andalouse
Casablanca accueille, à partir d'aujourd'hui, son festival «Andalussyat»
LE MATIN
28 Novembre 2007
À 13:06
La musique andalouse est de nouveau à l'honneur. Ce riche patrimoine artistique marocain ne cesse d'ensorceler les mélomanes où qu'ils soient. A Casablanca, les adeptes d'«al Ala» ont pris l'habitude de fêter cet art avec leur rendez-vous annuel «Casandalouse». Un festival avec un nouveau nom cette année. Pour leur quatrième édition, les rencontres internationales des musiques andalouses, «Casandalouse», deviennent "Andalussyat'' qui commence aujourd'hui pour prendre fin le 1er décembre.
Pourquoi ce changement me direz-vous ? L'évènement ne se déroule plus uniquement à Casablanca. Après Tétouan, Marrakech et Tanger lors des éditions précédentes, c'est au tour de Rabat d'abriter des concerts en marge du festival. Les échos du festival ont même dépassé les frontières du pays pour ainsi faire escale à Paris. La capitale française accueillera donc quelques-unes des formations nationales qui joueront aux côtés d'autres venues des pays voisins avec qui on partage la musique andalouse. De meilleures formations invitées au festival.
L'association algérienne ‘'Es-soundoussia'', spécialisée dans la musique gharnatie et l'ensemble ‘'Semblanza'' de flamenco de Séville donneront des spectacles les 14 et 15 décembre prochain à l'Institut du monde arabe.
Le Maroc y sera présenté par l'orchestre de feu Abdelkrim Raïss de Fès, un des groupes qui ont participé à la conservation de ce genre musical dans toute sa pureté et sa rigueur. Un autre registre musical sera joué dans la capitale française, il s'agit du répertoire de Tétouan qui s'articule à la fois autour des chants populaires et la ‘'nouba'' andalouse. Ce dernier sera joué par la troupe de musique andalouse de Tétouan dirigée par Amin Chaâchoo qui fusionnera la musique ancestrale avec le flamenco de l'autre rive de la Méditerranée.
Dans son programme consacré à Casablanca, le festival promet une affiche diversifiée. Comme à l'accoutumée, le festival convie sur la scène casablancaise quelques-unes des meilleures formations nationales et d'autres originaires des pays voisins. Le ‘'Tarab Gharnati'' algérien, le ‘'Malouf'' tunisien, les ‘'Mouachahates'' syriennes, le flamenco espagnol seront les hôtes de ‘'Moussiqa al ala'' dans sa fête. Cinq pays du pourtour méditerranéen seront ainsi regroupés autour d'une musique commune avec des couleurs artistiques différentes, un rapprochement culturel et civilisationnel qui prône la paix et la tolérance.
De la Syrie, le public découvrira l'orchestre syrien des ‘'Mouachahates'' dirigé par Nouhad Nejjar qui le plongera dans les poèmes sur l'amour et le vin. Le ‘'Malouf'' tunisien, lui, sera représenté par le talentueux maître Zied Gharsa qui, à travers ses nombreuses expériences, témoigne son attachement aux «Makamet» tunisiennes et aux « Mouachahates ». De notre pays voisin, l'Algérie, c'est le groupe ‘'Dar al Gharnatia'' dirigé par Noureddine Labri qui viendra dévoiler cet héritage précieux provenant de la culture andalouse, qu'est la tradition musicale andalouse algérienne connue sous le nom de ‘'San'a gharnati''.
La panoplie des genres joués à ‘'Andalussyat'' reflète la multitude des formes qu'emprunte la tradition musicale arabo-andalouse dans les différents pays de la région.
Organisée par l'Association des amateurs de la musique andalouse au Maroc (AAMAM), cette manifestation veut garder la pérennité de la musique andalouse et confirmer l'engagement de la ville de Casablanca qui devient, au fil des éditions, une capitale andalouse incontournable. Encore une fois, son festival est l'occasion pour les amateurs de cet art de découvrir d'éminents musiciens et de vibrer sur les mélodies et ‘'noubas'' de cette musique ancienne.
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Autour de la ‘'nouba''
La musique andalouse, bien que reposante sur des règles très strictes, est une musique non écrite se transmettant oralement de maîtres à élèves malgré quelques écrits en notation musicale. La tradition de cette musique repose sur une forme stricte la ‘'nouba''. La ‘'nouba'' de la musique andalouse marocaine se compose de cinq parties dont chacune est accompagnée d'une formule de basse rythmique.
Ces parties sont également désignées par les noms de ces formes rythmiques dans l'ordre. Comme tous les arts qui se transmettent oralement, la musique andalouse a dû subir, avec le temps, d'inévitables défaillances et altérations. Ainsi, à l'origine, le nombre des ‘'noubas'' était de 24, il n'en reste aujourd'hui que 11.
Quelques-unes ont même perdu l'une des cinq parties ou ‘'mawazines'' dont elles se composent. Les ‘'noubas'' connues au Maroc sont la‘'nouba raml-el-maya'', la ‘'nouba al-isbihane'', la‘'nouba al-maya'', la ‘'nouba rasd-ed-dayl'', la ‘'nouba al-istihal', la‘'nouba ar-rasd'', la‘'nouba gharibat-al-houssine'', la‘'nouba al-hijaz-al-kabior'', la ‘'nouba al-hijaz-al-machriqui'', la‘'nouba irak-al ajam'' et la‘'nouba al-ochak''.