Souffle du temps à Fès
Une 13e édition sous le signe de l'ouverture
LE MATIN
03 Avril 2007
À 16:46
Déjà 13 ans d'existence pour le festival de Fès des musiques sacrées du monde. Un parcours exceptionnel et un rendez vous devenu incontournable de la musique spirituelle au Maroc et ailleurs. Cette année encore, l'événement reste fidèle à ses orientations initiales, tout en s'ouvrant à un public plus large, du moins à ce qu'avancent ses organisateurs.
Il se tiendra du 1er au 9 juin dans plusieurs espaces historiques de la ville impériale, sur le thème «Souffle du temps, esprit des lieux». L'habituel Bab El Makina, le Musée Batha et la Carrière des Mérinides accueilleront cette année les spectacles phares de musiques sacrées venant des quatre coins du monde, tandis que Bab Boujloud et le complexe sportif Tagemouati-Bensouda abriteront le programme du Festival dans la ville. Dar Tazi, quant à elle, verra se produire les différentes «tariqas» invitées pour animer les soirées soufies traditionnelles.
Organisé par la Fondation «Esprit de Fès», le festival a nécessité un budget qui s'élève à 13 millions de dirhams, dont 9 millions vont à la programmation officielle et 4 aux scènes populaires de Bensouda et Bab Boujloud. Tablant sur le succès des années précédentes, les organisateurs font revivre des moments forts à travers la programmation en ouverture d'un beau concert interprété par la majestueuse Barbara Hendricks, accompagnée du talentueux Ensemble baroque de Drottningholm.
La clôture se fera en beauté avec une belle sélection des chants sacrés du London Community Gospel Choir. Entre temps, une brochette d'artistes venus du monde entier animera les soirées estivales de Fès. La coïncidence de l'événement avec le 800e anniversaire de la naissance du poète soufi Jalaleddine Roumi, sera une occasion pour rendre hommage à une œuvre intarissable de mysticisme et de spiritualité.
Ses poèmes à la profondeur troublante seront revisités de plusieurs façons lors des soirées du festival. Ses mots seront turcs lors du cérémonial confrérique mawlawi et qadiri venant d'Istanbul. Ses préceptes seront persans dans la bouche de la fameuse chanteuse iranienne Parissa et son ensemble Dastan. Le qawali des maîtres pakistanais va célébrer la beauté du verbe et la sensibilité du sens de Roumi, tandis que la jeune Waed Bouhassoun chantera en arabe la spiritualité du grand maître.
Dans un autre registre, des artistes issus de cultures et de religions différentes viendront au festival pour expérimenter un dialogue fait de paix et de tolérance. Sonia Mbarek, Beihdja Rahal et Fadwa El Malki en trio 100% maghrébin (l'Algérie, la Tunisie et le Maroc) vont ouvrir les voies de la réconciliation et de l'échange avec un concert à trois aux fortes connotations politiques. Johnny Clegg avec son glorieux passé d'artiste engagé et militant sera de la partie pour livrer ses nouvelles visions d'un monde libre et tolérant. La Brésilienne Tania Maria, détentrice du Grand prix «Golden Feather Award», va marier voix grave et mélodies classiques pour le plaisir des mélomanes.
De l'autre côté de la planète, les derviches tourneurs turcs de Halakat Jalaleddine Roumi vont livrer un moment intime et rarement présenté au public. Entre «dhikr» (invocation), «samaa» (écoute) et esthétique chorégraphique, les disciples «mevlevîs» révèleront une cérémonie exceptionnelle.
Fidèles au rendez-vous, les rencontres de Fès se tiendront cette édition du 2 au 4 juin. Trois jours de débat et de dialogue tenus sous le signe de l'introspection et de l'échange entre les cultures et les esprits. «Nos identités culturelles face à l'uniformisation du monde», «Nos cités patrimoniales, reflets d'un monde ancien ou sources imaginaires pour le futur», «Nos croyances et notre raison à l'épreuve du nouveau monde», seront les thèmes des trois matinées programmées.
Quant au Festival dans la ville, les genres se mêlent et les générations se rencontrent pour animer les soirées de la ville spirituelle. Entre artistes confirmés et jeunes talents, les concerts de Bab Boujould et de Bensouda puisent dans différents styles pour satisfaire un public plus large.
De Latefa Raefat au groupe Darga, en passant par Mazagan, Majda Yahyaoui et Said Bey, le Maroc est représenté sous différents aspects. Plus mystiques, les confréries marocaines les plus connues telles tijania, echadiliya, el alamia… animeront les soirées soufies de Dar Tazi. Un Programme varié et riche en vue…
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Esprit de Fès
La fondation «Esprit de Fès» a été créée en 2006 afin d'insuffler une nouvelle dynamique à la vie culturelle dans la ville spirituelle. Elle vise également sa promotion et veut encourager son développement, tout en favorisant le tourisme culturel, un véritable créneau.
A travers une multitude d'activités culturelles programmées tout au long de l'année, la fondation veut conserver l'image d'une capitale culturelle, centre de dialogue et de paix. Soutenue par un large réseau, de partenaires institutionnels et privés, «Esprit de Fès» fait de l'animation culturelle sa grande mission.
Ainsi, son action s'articule autour de plusieurs événements phares, tels le Festival des musiques sacrées, Jazz in riads, le Festival d'art culinaire, le Festival de la culture amazighe, le Festival du madih et du samaa, le Festival du melhoun…