C'est à 71 ans que le grand ténor Luciano Pavarotti a rendu son dernier souffle >Luciaono Pavarotti, le plus grand des ténors de l'opéra à notre époque, n'est plus. Atteint d'un cancer du pancréas, il a rendu l'âme hier dans sa villa de Modène en
LE MATIN
06 Septembre 2007
À 15:22
Luciano Pavarotti ? Tous les superlatifs ne suffisent pas à le décrire. «Maître chanteur» pour les uns, «le ténor du siècle», pour les autres, il fut le plus grand des chanteurs lyriques de notre époque pour tous. Mais le plus grand hommage est celui qui vient d'un connaisseur, un musicien de la dimension du chef d'orchestre Carlos Kleiber qui dit de lui : «Quand Luciano Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde».
On dit que souvent le hasard fait bien les choses. En tout cas, c'est vrai dans le cas de ce fils de boulanger amateur d'opéra, déjà connu en Italie dès 1961, pour ses 111prétations lyriques. Sa carrière européenne et bientôt 111110nale commence véritablement un certain soir de 1963 où on lui demanda de remplacer à pied levé le ténor Giuseppe di Stefano qui venait d'avoir un malaise. Il fit un triomphe au Covent Garden de Londres ce soir-là. Depuis, il devient familier de la Scala de Milan sous la baguette d'un autre géant : Herbert von Karajan à qui il semble tout devoir.
Nous sommes en 1965 et Pavarotti a 30 ans. Il joue dans la Bohème, Dans Rigoletto dans le rôle du Duc de Mantoue, qu'il reprendra tout au long de sa carrière qui le mène sur les scènes du monde entier jusqu'en Australie et au Japon. Mais c'est aux Etats-Unis qu'il trouve tout son éclat à partir de 1972 dans La Fille du régiment au Metropolitan Opera de New York.
Les commentaires des connaisseurs fusent de toutes parts : «Le maestro parvient à enchaîner avec une facilité déconcertante les neufs contre-ut» d'un air réputé pour sa difficulté. Ce qui est exceptionnel dans l'univers lyrique. Ce passage à New York et sa prestation deviennent une référence pour la carrière de Pavarotti. Elle fut transmise plusieurs fois par la télévision créant la plus grande audience jamais obtenue pour un opéra télévisé.
Depuis, les Grammy Awards et les disques d'or pleuvent sur le ténor qui, dit-on, sait à peine déchiffrer une partition. Chanteur lyrique, Pavarotti est aussi réputé pour ses accompagnements des plus grands chanteurs de variété du monde dont Elton John, Stevy Wonder ou encore Celine Dyon ou Joe Cocker et Sting. Il eut le grand mérite en plus de concilier le grand public avec l'opéra.
Il est le seul dans ce style à pouvoir remplir un terrain de football. Il est le seul, par ailleurs, dont les disques réalisent des ventes plus importantes que les Rolling Stones ou Elvis Presley. Il détient en outre deux records Guinness : l'un pour avoir reçu le plus grand nombre de rappels, et l'autre pour les meilleures ventes mondiales d'albums classiques.
Grande voix lyrique, Pavarotti est aussi une institution dans le domaine, depuis 1980, date de la création de la prestigieuse «The Pavarotti 111110nal Voice Compétition». Destinée à promouvoir les jeunes chanteurs, elle a été à l'origine de la carrière de plusieurs chanteurs de par le monde. En 2004, à l'âge de 69 ans, il entame sa tournée d'adieu en chantant pour la dernière fois sur les plus grandes places du monde, le répertoire lyrique qu'il contribua à faire aimer et perpétuer.
Pourtant, sa vie ne fut pas qu'un fleuve tranquille. Atteint du tétanos, à l'âge de 12 ans, sa famille désespéra qu'un jour il retrouverait une vie normale. Selon ses médecins, ses jours étaient même comptés. Il survécut pourtant. Mais devait, dès l'age de trente ans, être confronté au problème de l'obésité et du poids. Ce qui le contraignait à suivre un régime sévère à base d'eaux minérales et de fruits.
A ces problèmes de santé, s'ajoute un drame : la perte de son fils Ricardo, le seul garçon de ses enfants, dont quatre filles. --------------------------------------------------
Dans l'intimité du maître
Aussi étonnant que cela puisse être, le "maître des contre-ut” n'a jamais su déchiffrer de partitions de musique bien qu'il arrive à suivre les orchestres. Il se justifie en disant que, sans les partitions, il ne fait qu'écouter les autres prestations (souvent par Enrico Caruso dont il a toujours admiré la voix exceptionnelle) et peut ainsi avoir une plus grande liberté d'111prétation sur scène et vocalement. Enfin, pour les inconditionnels de Pavarotti, un élément incontournable : son écharpe.
Il s'agit certainement de "l'outil de travail" auquel il tient le plus car, pour lui, cette écharpe fait partie de sa vie depuis le début de sa carrière. Elle accompagne donc le maestro à toutes les représentations, que ce soit en coulisses, pour les récitals où le smoking est obligatoire, sur scène, ou pour les concerts "Pavarotti and friends". Elle lui a été offerte aux débuts de sa carrière (certainement par un proche). Il fait en sorte de la laver tous les soirs et y voue un soin hors du commun.
Il la porte en toutes saisons même l'été en pleine canicule ! Il dit d'ailleurs : "Quitte à passer pour un fou, je préfère me protéger la voix que de risquer de tomber malade”.
REPÈRES Dates clés 1935 : naissance à Modène (nord de l'Italie) > 1961 : Pavarotti décide de se lancer dans le chant 1972 : le chanteur suscite le délire au Metropolitan Opera de New York en enchaînant sans difficulté les neuf contre-uts de l'air "Ah mes amis, quel jour de fête" de Donizetti 1990 : il anime un concert dans les majestueuses ruines des thermes de Caracalla à Rome à l'occasion de la Coupe du monde. 2006 : il avait été opéré d'une tumeur au pancréas 2007 : il tire sa révérence à Modène