Le répertoire andalou marocain n'a cessé de s'enrichir depuis plusieurs siècles >Le Maroc dispose d'un patrimoine musical très riche et varié. En effet, chaque région a sa propre culture et son propre genre musical qu'on ne retrouve nulle part ai
LE MATIN
23 Août 2007
À 13:51
La musique andalouse, connue au Maroc par le terme «al ala», qui veut dire instrument, sans doute pour la différencier de la musique vocale où l'emploi d'instruments est banni, a également un caractère religieux.
Elle est liée à la vie sociale et culturelle des Marocains, toujours présente dans les fêtes nationales ainsi que religieuses. Par sa position géographique, le Maroc, d'où la conquête de l'Espagne est partie, a été l'héritier fondamental de la civilisation andalouse. En effet, tout au long des huit siècles de l'histoire musulmane de l'Espagne, les deux pays ont connu un destin imbriqué, sous le règne des Almoravides, des Almohades et des Mérinides.
Ainsi les contributions de chaque vague d'émigration seraient à l'origine de l'héritage andalou qui connaîtra malgré les vicissitudes du temps des ajustements locaux. Cette musique a certainement perdu beaucoup de son éclat primitif, mais le fond est resté intact. Pendant des siècles, la musique andalouse a présenté une vraie préoccupation pour les historiens. Ces derniers n'ont pas pu déterminer avec précision l'époque où cette musique a fait son apparition au Maroc. Mais il est probable que les villes septentrionales du pays aient connu cet art dès le début du dixième siècle, c'est-à-dire à l'époque où l'Espagne musulmane connaissait l'âge d'or de sa civilisation. «Al Ala» était la musique de l'élite au pouvoir et des familles les plus aisées des anciennes médinas. Son style musical était unique en son genre.
Pendant une longue durée, la musique andalouse est restée camouflée derrière les «madihs». Cantiques en l'honneur et à la gloire du prophète, ces cantiques étaient composés sur des modes andalous et puisaient leur inspiration dans la musique andalouse. En contrepartie, les classes populaires avaient créé le «melhoun». Cet art ne se conforme pas aux règles de la poésie et de la langue arabe, car l'usage de termes et de structures tout à fait étrangers à l'arabe classique est très fréquent dans ce genre musical. Cependant, ces deux genres «al ala » ainsi que le «malhoun» sont très proches l'un de l'autre du point de vue de la forme et du contenu.
Au Maroc, le répertoire lyrique et instrumental de la musique andalouse comporte trois formes : la musique andalouse marocaine "tarab al ala", "tarab al gharnati", que l'on retrouve à Oujda et à Rabat, et les «piûtîm» et les «trîq», pratiqués par les juifs marocains. De nos jours, il se compose de 11 nûba (au sens de chacun son tour), suites vocales et instrumentales.
Sous la dynastie alaouite, la musique andalouse jouit d'un mécénat qui favorise de nouveau son épanouissement et permet l'éclosion de nombreux talents remarquables. Des recueils de chants andalous font leur apparition, les grands maîtres de cet art bénéficient de la protection des souverains alaouites et sont comblés par eux d'honneurs et de bienfaits depuis toujours.
Faute de documents, il est difficile de savoir si la musique andalouse est restée fidèle à celle qui était en vogue dans l'ancienne Andalousie. Néanmoins, on peut affirmer que cette musique a gardé davantage au Maroc que dans les autres pays arabes son caractère originel. Quoi que l'on puisse dire au sujet de l'authenticité de cette musique, elle demeure aux yeux des Marocains, un art savant et raffiné dont ils sont fiers et auquel ils vouent une grande passion, car non seulement ils sont très sensibles à son charme.
Cet art leur rappelle aussi un passé glorieux et entretient, dans leurs esprits, la nostalgie des différentes périodes que le pays a connues. Il faut signaler aussi que le Maroc, par apport aux autres civilisations, a rendu sa musique plus riche. Une richesse qui provient de ses traditions, de ses groupes folkloriques et de ses orchestres, qui existent depuis très longtemps.
La musique andalouse occupe une place privilégiée dans l'art musical marocain. Elle représente une richesse pour notre pays. Pour perpétuer cette musique et satisfaire les amateurs de cet art ancien, plusieurs festivals sont organisés dans diverses villes du Royaume notamment à Tanger, à Tétouan, à Rabat, à Casablanca et à Fès.
C'est ainsi que des milliers de fans du rbab et du violon ont eu l'occasion d'apprécier ce genre musical aux racines profondes. Ces rendez-vous représentent donc une occasion pour faire connaître davantage « Al ala » auprès du jeune public. Ce n'est pas tout.
En effet, c'est aussi grâce à ces manifestations artistiques et culturelles que les amateurs de cette musique sont au courant des dernières nouveautés dans le domaine. Par ailleurs, plusieurs associations dont l'objectif est de promouvoir «Al ala» ont vu le jour. Des associations dont les membres sont souvent et contre toute attente, des jeunes fans de la musique andalouse, ainsi l'Association des jeunes amateurs de musique andalouse. Autant dire que la relève est assurée.