Spécial Marche verte

Peut-on éduquer sans punir ?

Culpabilité, peur de déplaire... Il n'est pas toujours facile d'imposer des règles à son enfant

15 Mars 2007 À 16:16

Tous les enfants sont différents, toutes les familles le sont aussi. Il n'y a donc pas de règle absolue. Les parents bien intentionnés n'imaginent pas volontiers qu'ils peuvent accroître les difficultés de leurs enfants.

Le point commun est que les parents ont un devoir d'éducation envers leurs enfants. Ils ont la difficile tâche de guider le jeune enfant pour lui permettre d'acquérir peu à peu son autonomie et de devenir à l'âge adulte un individu et un citoyen responsable. Pourtant, ce vaste programme n'est pas toujours facile à assumer et les parents «novices» se trouvent souvent démunis devant leur tout jeune enfant qui ne sait que réagir en exprimant son opposition, en faisant des colères ou des crises.

En cas de bêtise, les parents sont souvent désemparés face à la sanction à infliger à leur chérubin. Bien sûr, dans la période qui suit l'acquisition de la marche, ils se sentent quelquefois coincés parce que leur enfant, qui ne maîtrise pas encore le langage, veut tout explorer dans son environnement au risque de faire de grosses bêtises. Beaucoup de jeunes parents, à bout de ressources, croient bien faire en donnant de petites tapes sur les fesses ou les mains de leur petit enfant sous prétexte qu'il ne comprend pas autre chose.

Pourtant, c'est en parlant à l'enfant, qu'il va acquérir le langage, c'est bien ce qu'avancent les spécialistes de l'enfance. «Quoi qu'il en soit, plutôt que de donner de petites tapes quand l'enfant se met en danger, c'est aux parents qu'il appartient de faire en sorte que la situation ne soit pas dangereuse pour l'enfant.

Les jeunes enfants se construisent en s'identifiant à l'adulte, donc, si vous tapez votre enfant, ne vous étonnez pas de le voir, par la suite, procéder de même à votre égard. Ce type de relation qui s'instaure souvent dès le plus jeune âge sera, lorsque l'enfant grandira, bien difficile à corriger», met en garde la psychothérapeute Najwa Alami. Dans ce dysfonctionnement familial, les repères générationnels dont l'enfant a besoin pour se construire, deviennent confus, selon elle. Certains parents, conscients des dérives de leur système éducatif, croient bien faire pour redresser la barre, de donner des fessées, des gifles ou même de menacer du martinet.

Quand on leur pose la question, ils déclarent : «Autrefois, on éduquait les enfants comme ça !», ou encore: «C'est comme ça que j'ai été élevé et cela ne m'a pas fait de mal.». Normal, l'éducation de son enfant ne peut se faire sans lui donner des repères, des limites et des interdits pour le préparer à affronter le monde extérieur et à s'intégrer dans la société. C'est pourquoi la punition est souvent indispensable car elle va de pair avec l'imposition de limites. Dans le cas de figure idéal, le père ou la mère dispose d'une autorité naturelle grâce à laquelle l'enfant respecte l'interdit spontanément.

La punition est donc inutile. Mais généralement, les parents se voient contraints de poser des limites. Lorsque l'enfant les transgresse, ils doivent le punir, sinon leur parole perd toute sa consistance. «La sanction est nécessaire, car elle donne du poids à l'interdiction. Il existe des enfants qui s'auto-punissent inconsciemment par manque de sanction. Ce sont par exemple les petits casse-cou.

Un enfant qui a commis une bêtise culpabilise. La punition permet de le libérer», confirme Azzeddine Goudrar, psychiatre. Mais pour mieux gérer ce conflit d'autorité sans tomber dans l'excès, il faut faire attention à quelques détails. D'ailleurs, le psychiatre conseille de toujours «faire appel à votre bon sens». Et voici un bel exemple de cette règle d'or, «ce que vous êtes en droit d'interdire, c'est ce que tous les parents interdisent ! C'est simplement une question de bon sens.

Par exemple, il est légitime d'imposer à votre enfant de porter un imperméable lorsqu'il pleut dehors. En revanche, vous ne pouvez pas l'obliger à mettre un imperméable vert pomme simplement parce que vous aimez cette couleur. Et si vous avez peur de tomber dans l'autoritarisme, n'hésitez pas à dialoguer avec votre conjoint. Cela vous permettra de tempérer vos principes, de trouver un juste milieu». Et puis si vous passez à la vitesse supérieure et donc à la punition, ne culpabilisez pas. «Non, vous n'êtes pas une mauvaise mère ni un mauvais père parce que vous ne répondez pas au moindre de ses désirs.

Fixer des règles, ce n'est pas brimer et réprimer son enfant, c'est lui apporter protection et sécurité, c'est le préparer à vivre dans la société. A partir du moment où vous aurez compris que l'imposition de limites est vitale pour la construction de l'enfant, vous ne culpabiliserez plus. Car vous êtes dans la légitimité. Punir le petit dernier parce qu'il fait bêtise sur bêtise n'est pas un abus d'autorité», éclaire la psychothérapeute. Autrement dit, répétez-vous que vous agissez pour son bien.
----------------------------------------

Punir efficacement

Entre la fessée et la confiscation de la GameBoy, privation de regarder la télé… un large choix de punitions s'offre aux familles.

Mais attention : la punition devrait être un moyen utilisé par l'adulte pour aider un enfant à apprendre quelque chose qu'il n'a pas réussi à apprendre après avoir appliqué des moyens de prévention et si les conséquences naturelles n'ont pas fonctionné. Voici des règles à suivre pour que la punition soit efficace:
- elle doit être brève et immédiate ;
- elle doit être donnée par la personne directement concernée et non par un tiers ;
- elle doit avoir un lien logique avec ce que l'on veut que l'enfant apprenne;
- elle ne doit pas priver l'enfant de quelque chose d'essentiel pour lui, physiquement ou émotionnellement;
- elle ne doit pas être doublée, par exemple, conséquence à la garderie et conséquence à la maison.
Une fois que l'intervention est faite, on n'en reparle plus.
N'oublions jamais que la valorisation des efforts et des comportements adéquats apporte d'excellents résultats !
Copyright Groupe le Matin © 2025