2007 Daba sort le premier sondage politique

Voici venu le temps des sondages politiques. Banals sous d'autres cieux, au Maroc, ils sont une denrée rare. Pour connaître les intentions de vote ou les chances de chaque parti politique, il faut encore patienter. Mais d'ores et déjà, 2007 Daba a fait le premier pas. Après ses guides donnant un aperçu concis sur les formations politiques et leurs programmes, l'association revient à la charge avec un sondage autant révélateur qu'inquiétant.

Sur la base d'un échantillon de 1.200 personnes avec un noyau dur de 548 jeunes entre 18 et 29 ans, 73% des sondés ont déclaré être peu ou pas du tout intéressés à la politique. Quant aux intentions d'adhésion à un parti politique, 65% des réponses étaient négatives. Autant en déduire que pour mobiliser au prochain scrutin, les partis ont du pain sur la planche.

Pour faire dans la raccourcis, l'on peut, naturellement, s'attendre à ce que la participation au vote en soit impactée. Faux, puisque 53% de l'échantillon disent être sûrs d'aller aux urnes. S'y ajoute presque un quart des sondés qui confient avoir de grandes chances de voter. A la lumière de ces éléments, l'acte de voter, en lui-même, ne pose pas de problème. Indépendamment des structures partisanes, les Marocains sont conscients de l'importance de leur devoir citoyen. Cette attitude apparaît clairement dans le taux des inscrits sur les listes électorales parmi les sondés (65%).

Là aussi, les regards se braquent sur les structures partisanes dont le discours sclérosé ne répond plus aux attentes et aux évolutions de la société marocaine. Dans le même ordre d'idées, l'on sent que le citoyen a une longueur d'avance en matière de choix politique. Parmi les 1.200 questionnés, 88% affirment vouloir donner leurs voix à des candidats compétents et instruits.

Sans douter, outre mesure, de la représentativité du sondage, ce constat remet en question les assertions de plusieurs partis privilégiant les notables et les riches. Assiste-t-on, alors, à un changement de mentalité chez les Marocains ? En tout cas, les référentiels relevés à propos du candidat idéal sont, tout simplement, nouveaux. Car 81% des sondés préfèrent un monsieur ou madame tout le monde et 64% quelqu'un de nouveau. Enfin 60% veulent un candidat jeune mais dynamique.

Toutefois, le principe de proximité politique résiste à l'usure. En effet, 77% des sondés sont pour un candidat tête de liste issu de la région, quartier ou douar contre 64% préférant quelqu'un de nouveau.

Concernant la perception de l'importance des prochaines élections, 44% les ont qualifiées de très importantes et 32% d'assez importantes. Quant à la crédibilité du scrutin de septembre prochain par rapport à celui de 2002, 26% le prévoient plus crédible, tandis que 29% l'estiment ni plus, ni moins crédible. Plus loin que les pourcentages ainsi énumérés, il demeure nécessaire d'en tirer les enseignements qui s'imposent.

A commencer par la prise en compte des changements d'attitude de l'électorat. Car, autant celui-ci avance quelques interrogations, autant il est attaché, selon les chiffres, à accomplir l'acte citoyen de voter. La seule énigme dans l'équation est la capacité des partis à mobiliser. Ils ont commencé, pourvu qu'ils continuent.
------------------------------------------------

Programmes des partis

Le sondage de 2007 Daba peut servir de sources d'inspiration pour les partis politiques afin de mieux formuler leurs programmes.
Plusieurs thèmes ont été ainsi choisis pour sonder les priorités. Il en ressort que 90% des sondés sont pour la lutte contre le chômage et la création d'emploi.

Vient ensuite, l'amélioration du système de santé et des soins (58%). En troisième lieu, arrive la lutte contre la corruption et la dilapidation des deniers publics (54%), suivie par la lutte contre la pauvreté et la précarité (49%).

En queue de peloton des revendications figurent le renforcement de la pratique démocratique et la modernisation de l'administration (4% chacun).