El Jadida, un bel exemple à suivre
Une décharge flambant neuve et un contrôle environnemental rigoureux
LE MATIN
21 Janvier 2007
À 15:37
La ville d'El Jadida et la Commune rurale de Moulay Abdellah peuvent réellement se vanter d'avoir une décharge ultra-moderne pour la gestion des déchets ménagers. Certes, ils n'en sont pas encore au tri sélectif, mais au moins, leur décharge est entourée de verdure et ne sent presque pas mauvais. Arrivé à El Jadida, il suffit de poser la question au premier habitant pour qu'il vous confie son soulagement quant au déplacement de la «zebbala» à l'extérieur de la ville. En effet, quand on voit de près à quoi ressemble la défunte décharge et où elle est située, on comprend parfaitement ce sentiment.
Les dernières villas en sont à une centaine de mètres. Deux mois après et le spectacle est toujours aussi morose. Une fumée quasi étouffante monte encore, «c'est du biogaz et c'est un effet naturel, les habitants croient que c'est à cause de l'incinération des restes de déchets alors que non, avec les rayons de soleil, le méthane se dégage», nous explique Rachid Aouani, ingénieur en chef de la division des Equipements à la province d'El Jadida.
Plus aucun déversement n'est effectué sur ce site, sauf les gravats, «Nous les autorisons, puisque nous en aurons besoin pour les travaux de réhabilitation de l'ancien site», nous précise Aouani. Il faudra néanmoins attendre encore quatre mois pour voir enfin cet espace jusqu'à présent nauséabond devenir un espace vert, véritable poumon de la ville.
C'est en tout cas le projet des autorités locales. Entre temps, les habitations avoisinantes qui certes souffrent moins qu'avant, continuent tout de même à subir les mauvaises odeurs dues au dégagement de biogaz, en plus du paysage peu reluisant. Les plus gros perdants restent les quelques centaines de «mikhala» (récupérateurs d'ordures) qui habitent le bidonville qui a proliféré quasiment dans l'ancienne décharge. Une dizaine de kilomètres plus loin, à l'entrée de la commune de Moulay Abdellah, sur une route nouvellement aménagée, le spectacle est tout autre et les odeurs aussi.
Devant le grand portail de la nouvelle décharge, si ce n'est la pancarte qui indique le site, on ne se rendrait pas compte que c'est un dépôt d'ordures. Des agents de sécurité en uniforme surveillent l'entrée bordée de verdure. A notre arrivée, un camion est venu déverser sa « marchandise ». C'est un véhicule nouvelle génération, de la société Segedema, la filiale marocaine du groupe Pizzorno Environnement, qui se charge de la collecte des résidus ménagers et industriels de la ville d'El Jadida et aussi de la gestion de la décharge. Tout un arsenal technique est mis en place pour le pesage des véhicules et de leur chargement, pour assurer une tarification précise aux clients de la décharge.
Ce sont entre autres les deux communes. «Ce site d'élimination accepte les ordures ménagères, les déchets commerciaux comprenant ceux provenant des marchés, des bureaux, du balayage des rues, du jardinage et des chantiers de démolition, ainsi que les déchets industriels biodégradables», nous expose Ahmed El Hajly, responsable du site. «Les déchets contenant des substances toxiques doivent être éliminés par leurs producteurs sous leur propre responsabilité», précise Aouani qui, au-delà de sa responsabilité au sein de la province nous confie «son attachement viscéral» à ce projet dont il a été le soldat de l'ombre.
A part les arbustes plantées un peu partout, la propreté impeccable des lieux et la sécurité totale du site, les 27 ha étant entourés de hauts barbelés, au milieu des vastes champs d'agriculture. Ce qui est le plus frappant, ce sont les «mauvaises» odeurs quasi absentes.
Le secret ? «Les gaz sont brûlés par une torchère et les acides volatils ! Un système de traitement des biogaz assure leur élimination», explique Aouani.
La deuxième raison est le traitement des lixiviats (le liquide résiduel qui provient de la percolation de l'eau à travers les déchets). En effet, chacun des cinq casiers de stockage de déchets est équipé d'une couche de géomembranes bentonitiques, d'une autre couche de protection géotextile et d'une couche de gravité, qui reçoivent les lixiviats. Ces derniers coulent à travers des conduites vers deux bassins méthaniseurs et après traitement seront versés vers un espace humide planté de roseaux pour épurer et oxygéner la zone.
Cela constitue tout un processus destiné à protéger la nappe phréatique.
D'ailleurs, le responsable du site nous a précisé l'existence de puits en aval et en amont du site pour le contrôle de ladite nappe. Ce traitement par méthanisation permettra au fur et à mesure au site d'élimination de produire une eau d'irrigation pour les champs avoisinants.
Actuellement, la décharge, qui a une capacité de traitement annuelle de 90000 tonnes, en reçoit 130 à 140 par jour. Un chiffre qui peut augmenter jusqu'à 220 tonnes pendant la saison estivale. Prochainement, quand le fonctionnement de la décharge arrivera à maturité, son activité s'élargira sur la commune d'Azemmour.
REPÈRES
Le budget du projet
Coût global : 22,5 MDH
Commune My Abdellah : Acquisition du terrain, étude d'impact et acquisition des équipements mobiles pour 10,5 MDH
Conseil provincial de la ville d'El Jadida : Aménagement des accès pour 2 MDH
Ministère de l'Intérieur :
Aménagement du site pour 10 MDH.
Coût global : 22,5 MDH
Commune My Abdellah : Acquisition du terrain, étude d'impact et acquisition des équipements mobiles pour 10,5 MDH
Conseil provincial de la ville d'El Jadida : Aménagement des accès pour 2 MDH
Ministère de l'Intérieur :
Aménagement du site pour 10 MDH.
Le suivi environnemental
Un plan de surveillance et de suivi des eaux souterraines
La mesure de la qualité de l'air (méthane, gaz carbonique, mercaptan, ammoniac.)
Les mesures mensuelles
des eaux superficielles
L'analyse des lixiviats
Le suivi des hauteurs de la nappe et de la qualité des eaux
L'analyse ponctuelle des biogaz
La mesure de la pollution sonore
Le suivi topographique
L'étude de stabilité
Le suivi des systèmes de drainage (colmatage)
Dans le cadre du projet, le groupe Pizzorno s'engage formellement à obtenir la certification ISO 14001 du site dans les 5 ans.