Spécial Marche verte

La ruée sur les fournitures scolaires

Des commerçants saisonniers concurrencent les libraires

06 Septembre 2007 À 15:57

A quelques jours de la rentrée scolaire, tous les libraires dans les villes marocaines se frottent les mains. Les préparatifs pour la rentrée vont bon train. Ils ont même commencé au début de l'été, car les librairies tablent essentiellement sur le mois de septembre pour augmenter leurs chiffres d'affaires annuel.

Cette forte activité commerciale, qui accompagne la rentrée, suscite également la convoitise de beaucoup de commerçants saisonniers qui sont pour la plupart des jeunes. Etudiants ou chômeurs, ils ont tous le même objectif, mettre à leur profit cette période pour faire des gains.
« Chaque année, je profite de cette période pour gagner un peu d'argent. Je suis libre encore pendant un mois, car mes études commencent en octobre.

Cela va me permettre de pratiquer ce commerce pendant les dernières semaines de vacances», témoigne Sofiane, jeune Casablancais qui s'est aménagé une place dans son quartier à l'ancienne médina de Casablanca pour vendre les fournitures scolaires en compagnie de son ami. Ces vendeurs proposent à leurs clientèles surtout des fournitures scolaires (stylos, gommes, cahiers…) mais également des livres d'occasion.

Comparés aux tarifs affichés par les libraires, les prix proposés par ces vendeurs sont très compétitifs. «Beaucoup de gens préfèrent acheter les fournitures scolaires pour leurs enfants chez nous.
La différence du prix sur un même article par rapport aux librairies peut atteindre un dirham ou même plus. L'année dernière, j'ai vendu toute la marchandise que j'ai achetée en une semaine. Je vais acquérir cette année plus de fournitures scolaires pour faire plus de gain», poursuit Sofiane.
Ce dernier affirme que même les gens appartenant à

des catégories 116iales aisées, dont les enfants sont inscrits dans des écoles privées, font appel à nos services. Dans ce même quartier, ils sont trois vendeurs. Tous, ils ont des tables bien garnies de fournitures scolaires. Parmi eux, Brahim qui se convertit pour l'occasion en un commerçant.

«Cela fait des années que je pratique ce commerce pendant la rentrée, puisque je suis au chômage.

Malgré le grand nombre de jeunes qui vendent ces fournitures dans notre quartier, on arrive quand même à s'en sortir.
Des fois, on s'entraide à écouler nos marchandises», déclare Brahim. Pour s'approvisionner, ces jeunes se déplacent à Derb Omar au centre de la métropole. L'activité intense pendant cette période y est très perceptible par tout visiteur. La notoriété de ce quartier s'explique par la forte concentration d'un grand nombre de grossistes de divers produits, notamment les fournitures scolaires. Le commerce dans ce quartier est basé particulièrement sur le négoce.

C'est pour cette raison que Brahim, Sofiane et bien d'autres vendeurs se fixent comme premier objectif d'acquérir la marchandise à des prix bas auprès des grossistes pour avoir une plus grande marge de bénéfice.

«Depuis que j'ai commencé à vendre les fournitures, j'ai appris beaucoup de choses ! Pour réussir ces petits boulots, Il faut toujours maitriser la négociation des prix, car le but est de gagner et non pas de perdre de l'argent.

D'une manière générale, la marchandise importée de la Chine est moins chère que celle produite au Maroc. Les produits qui proviennent de l'Europe sont beaucoup plus chers.
C'est pour cette raison que de nombreux commerçants n'achètent pas ce genre de fournitures scolaires», explique Sofiane. En effet, tout le monde fait des achats en gros à Derb Omar. Mais il n'est pas rare de croiser également des pères de famille qui font le déplacement en quête de bonnes affaires.

Vu leur nombre qui n'en finit pas de croître chaque année, les commerçants saisonniers commencent à concurrencer sérieusement les libraires au point même de grignoter sur leurs parts de marché. Les clients sont de plus en plus attirés par les prix bas des fournitures scolaires proposées par les vendeurs saisonniers. Certains libraires qui se sont sentis lésés par cette concurrence ont appliqué des mesures pour récupérer leur clientèle.

C'est le cas de Hussein, propriétaire d'une librairie à l'ancienne médina de la ville blanche. Cette année encore, il devra faire face à la concurrence des vendeurs saisonniers dans son quartier. « Les vendeurs saisonniers attirent des clients. Bien évidemment, leurs tarifs sont légèrement inférieurs à ceux d'une librairie. Mais, il faudrait savoir que les produits qu'ils proposent ne sont pas de bonne qualité. Souvent, il s'agit de fournitures fabriquées en chine.

Heureusement que leur concurrence se limite à la vente des fournitures scolaires. Depuis l'année dernière, j'exige à mes clients d'acheter dans ma librairie non seulement les livres scolaires mais également tous les fournitures scolaires et les cahiers.
Autrement, ma librairie va enregistrer des pertes car la rentrée scolaire équivaut à une haute saison pour notre activité», déplore Hussein.

Si la rentrée constitue une aubaine à saisir pour des jeunes désirants se faire de l'argent, elle est considérée par les librairies comme la période du grand business qui se répercute directement sur le chiffre d'affaires. La rentrée s'annonce donc sous le signe d'une rivalité entre commerçants saisonniers et libraires. Tous les deux, ils vont déployer tous leurs efforts pour séduire les clients qui demeurent toujours rois dans leurs choix.
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Super «souk» des cartables

L'activité des bouquinistes qui fait sa grande notoriété partout à Casablanca semble occulter un autre commerce fleurissant à L'Bhira, quartier populaire situé à l'ancienne médina de la métropole. La fabrication des cartables, en effet, est la principale activité d'une dizaine de petits ateliers.

Ces derniers emploient chacun trois à cinq personnes. Au cours de l'année, ces ateliers produisent plus des sacs à main et des sacoches, mais ils sont fortement sollicités pendant la rentrée scolaire pour répondre à des commandes de centaines de cartables provenant même des autres villes de la région casablancaise.

C'est à la fin du mois d'août que les premières commandes commencent à tomber. Les deux premières semaines sont la période de pic pour la confection des cartables dans ce quartier. Pour garçon ou filles, petits comme adultes, les fabricants de L'Bhira proposent une palette diversifiée de cartables contrefaits. Cette année, des magasins commercialisent sur place les cartables à des prix très abordables.

Un cartable est commercialisé à partir de 20 DH. Les tarifs ne dépassent pas 100 DH dans la majorité des cas. Cette année, les fabricants ont tendance à utiliser des personnages de films d'animation notamment Spiderman pour les cartables pour garçon alors que les cartables pour petites filles sont ornés de photos de la poupée Barbie ou encore Folla, la poupée version orientale.
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