Naissance de SAR Lalla Khadija

Entre croyances et réalité

Le dromadaire revêt une valeur culinaire et symbolique pour la population sahraouie

10 Octobre 2007 À 13:34

Traire, boire, manger, voyager: ces gestes rythment le quotidien des éleveurs traditionnels de camélidés dans les provinces sahariennes, qui, depuis qu'ils ont commencé à exercer cette activité, ne peuvent concevoir leur vie loin de leurs chameaux ou dromadaires.

Nombreux sont les habitants qui s'adonnent, en effet, à ce genre d'élevage dans les provinces Sud du Royaume, région as116iée depuis des lustres à cette activité, le nombre de camélidés ayant été multiplié par milliers depuis le départ des troupes espagnoles de la région.

Aux yeux des éleveurs, les camélidés sont autant importants que l'eau: pas de vie sans eau et pas de Sahara sans ces bêtes. On dit même dans le dialecte hassani que "celui qui perd ses camélidés perd la raison". "L'élevage des camélidés constitue, depuis l'ère des temps, la principale source de subsistance de la population sahraouie", soutient Bilal Salek, spécialiste et chercheur en matière d'élevage de camélidés à Smara.

Pour lui, l'engouement de la population locale pour cet élevage s'explique notamment par les vertus que l'on reconnaît aux camélidés, qui sont aussi bien d'ordre économique que 116ial. Le chameau ou le dromadaire est symbole de noblesse et de richesse, ce qui confère à son propriétaire un certain prestige au sein de la 116iété, dit-il.

Ainsi, et en dépit de l'expansion urbanistique que connaît la province de Smara durant les deux dernières décennies, l'élevage des camélidés continue à se développer dans la région. Les habitants voient dans ces bêtes un gage de bonne santé et de longue vie.

Dans la région, les camélidés sont notamment réputés pour leurs vertus thérapeutiques. Les gens sont convaincus que la consommation de leur viande et de leur lait pourrait guérir plusieurs maladies comme le cancer, l'hépatite et l'hypertension. Dans la tradition des familles sahraouies, lorsque l'un des leurs tombe malade, la première chose à faire est de sacrifier un dromadaire de plus de deux ans.

Les Sahraouis croient également aux capacités des camélidés à consolider les liens familiaux. Le fait, selon eux, de faire boire deux frères distants de l'eau à partir du même récipient construit à base de sabots de ce genre de bêtes pourrait les rapprocher.

Zakaria Lamtiri, chef du service vétérinaire de Smara, indique qu'un grand nombre de vertus supposées des camélidés sont confirmées par la science, tandis que d'autres relèvent du domaine des croyances locales, liées essentiellement à l'attachement des habitants à ces bêtes.

Il explique leurs effets thérapeutiques par la nature de leur nourriture composée notamment de plantes médicinales spécifiques à la région du Sahara, faisant remarquer, toutefois, que si ces effets sont avérés pour certaines maladies, ils ne le sont pas pour d'autres plus graves (cancer, hépatite…).

Celles-ci ne peuvent être traitées que par la médecine moderne, insiste ce vétérinaire pour qui les bienfaits des viandes et graisses camelines sont mieux établis sur le plan préventif que thérapeutique au sens clinique du terme.

La viande de camélidés, précise-t-il, se distingue par son taux réduit de cholestérol, dû notamment au mouvement continu de ces bêtes dans la nature, leurs pâturages étant épargnés de toutes formes de traitement chimique.

Quoi qu'il en soit, la plupart des consommateurs locaux et même les visiteurs restent convaincus des effets "miraculeux" de cette viande sur la santé, ce qui en fait un produit très prisé dans la région.
En vue de préserver cette race dans les provinces du Sud et favoriser sa reproduction, les autorités compétentes s'attèlent, depuis la décolonisation de la région, il y a une trentaine d'années, à garantir les vaccins nécessaires et à introduire d'autres races (caprine et bovine) pour atténuer le poids de la consommation auquel elle est soumise.
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Les habitudes culinaires du Sud

Les habitudes culinaires sahraouies au cours du mois sacré de ramadan se caractérisent par une grande consommation du foie de dromadaire grillé légèrement sur un feu de charbon en brochettes ou en tranches.

Le foie de dromadaire ne contient pas de cholestérol. Il est riche en protéine et en fer. Il est consommé avec du thé et de la graisse de dromadaire appelée " deroua " en dialecte hassani, à la rupture du jeûne. Le ftour sahraoui se compose aussi de "Lhassa", préparé à base d'orge de blé ou de maïs, passé au moulin jusqu'à l'extrême finesse.

Cette alimentation est légère pour l'estomac. Elle est cuite tout simplement dans de l'eau chaude. La table du ftour comprend aussi des dattes et du lait frais, mélangé parfois avec du sucre et du Danone, appelé " zrig " en dialecte local. De nos jours, les Sahraouis ont pris l'habitude d'ajouter différents jus préparés à domicile. Le thé est une nécessité préparée avec de l'eau de pluie dit " laghdir ".

La gastronomie sahraouie évite les épices. La viande de dromadaire est cuite dans de l'eau avec parfois et rarement des ognons, des morceaux de rein, de cœur, et de foie de dromadaire, le tout cuit sans huile.

S.R
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