Le téléfilm de ramadan 2006 a convaincu, la série est née >En dépit de la médiocrité qui marque la programmation télé de ramadan, quelques points de lumière y figurent en exception, qui confirme la règle. C'est ainsi que Noureddine Lakhmari, l'u
LE MATIN
17 Septembre 2007
À 13:55
Une belle jeune femme, les yeux exorbités par la peur, détale entre les arbres d'une sombre forêt, le souffle haletant, fuyant un danger imminent. Musique stridente, montage nerveux, ambiance polar sous la neige. Puis le visage d'une autre femme, scalpel en main, penchée avec concentration sur un cadavre.
Cette histoire, dont l'héroïne Zineb Hajjami est un officier de la police scientifique traquant les criminels autant que son propre passé, n'est pas le nouveau long-métrage de l'auteur du Regard. Décliné en neuf épisodes, dont le premier a été tourné à Aïn Leuh, Al kadia, co-production 2M-Sigma Technologies, fut le téléfilm-choc qui a secoué les soirées de Ramadan 2006.
Dans le style acéré de Profiler, Al Kadia est fait de plans rapides et poignants, de dialogues forts, d'un jeu précis, d'une atmosphère mystérieuse et d'une forte intensité dramatique. Cette série témoigne d'un vrai saut qualitatif dans la production télévisuelle. Al Kadia est aussi révélatrice de l'effervescence dont fait preuve, depuis quelques années, la production de téléfilms marocains.
Un autre indice est la récente exigence, inscrite noir sur blanc dans les cahiers des charges des deux chaînes publiques dans le contexte de libéralisation, de quotas pour la production et la diffusion de téléfilms 110naux. Le cinéaste venu du Norvège ne cache pas son enthousiasme quant à cette poussée de croissance de la fiction télé marocaine.
En plus d'employer une soixantaine de personnes en moyenne sur chaque téléfilm et de faire bouger, même relativement, les petits bleds où s'installent de nombreux tournages, la réalisation de téléfilms est un gagne-pain conséquent, moyennant entre 50 et 100.000 DH pour six à huit semaines de tournage et post-production, pour les cinéastes marocains qui ne tournent pas plus d'un long-métrage tous les deux ou trois ans.
Cependant, la motivation du réalisateur pour s'adonner à un téléfilm n'est-elle pas uniquement financière ? "On doit exister au cinéma mais aussi à la télé, aller y chercher le public. Si on ne le fait pas, ce sont les Egyptiens qui le feront. Il faut qu'on arrête de laisser d'autres satisfaire nos besoins”, tranche Noureddine Lakhmari.
Télévision ne veut pas forcément dire production au rabais, revendique-t-il, exemples à l'appui. Noureddine Lakhmari évoque Twin Peaks de David Lynch, qui fut série culte avant le film. "Je pars avec l'idée de faire du cinéma à la télé”, affirme l'auteur de Al Kadia. Une qualité pourtant difficile à assurer sans des moyens conséquents. En revanche, à la télé, le scénario peut se permettre des situations un peu plus conventionnelles et nécessitant moins de moyens.
Le cinéma n'aime pas les personnages moralistes, mais la télé a une responsabilité éducative auprès des gens. La 116iété a besoin de modèles, des héros aux causes nobles.
Ceci dit, avec cette série, Lakhmari a mis la barre très haut dans la production de fictions pour la télévision. Les autres ont intérêt à s'aligner, autrement le public, de plus en plus avisé, finira par les bouder pour de bon. Ce n'est pas le choix qui manque ailleurs. -----------------------------------------------------------------
A l'avant-garde de la télé marocaine
Une des caractéristiques de cette série est le personnage qu'elle met en avant. Nous étions habitués jusque-là à des personnages hommes dans les premiers rôles des productions policières. « Al Kadia » se positionne en série marocaine avant-gardiste en mettant en premier plan le personnage de l'officier de police « Zineb El Hajjami », une jeune femme de 30 ans. C'est l'une des premières recrues de la Police Scientifique.
Le personnage est riche, bien étudié, charismatique. « Zineb El Hajjami » se distingue par un sens aiguisé de l'observation et de l'analyse et surtout beaucoup de sang-froid. Chaque épisode sera l'occasion de suivre l'enquête menée par cette équipe qui analyse méticuleusement la scène du crime afin de tenter de le reconstituer.
« Al Kadia » est une série à classer au même titre que certaines séries 111110nales. Elle nous tran114e au fin fond du monde obscur de la criminologie où la vérité tient parfois à un fil. Les enquêtes tantôt piétinent tantôt suivent une mauvaise piste… l'objectif étant coûte que coûte de mettre la main sur le ou les coupables.