Gorge irritée, déglutition douloureuse, maux de têtes, frissons... plusieurs signes sont annonciateurs d'amygdalite (inflammation d'angine). Une maladie qui touche aussi bien les petits que les adultes.
LE MATIN
11 Mars 2008
À 17:13
De nos jours, les "angines” sont le plus souvent virales et bénignes, leur traitement est basic, simple et bien maîtrisé par le corps médical. Pourtant, l'amygdalectomie (acte chirurgical pour l'ablation des amygdales) est entourée d'une panoplie de fausses idées: Si certains pensent que l'absence des amygdales fait perdre au corps son immunité, d'autres conçoivent que le pus "gouttera” directement sur le cœur, ou que l'ablation causera la stérilité… "Ces arguments induisent l'opinion publique en erreur et se répandent inlassablement dans notre société.
Parfois, j'ai même affaire à des gens qui me disent que s'ils enlèvent les amygdales, ils vont inéluctablement mourir”, affirme le docteur Abderrahim Quarmochi, ORL spécialisé en chirurgie cervico-maxilo-faciale. Il poursuit : "Ce qu'il faut savoir c'est que l'ablation des amygdales n'a pas de conséquences sur le bon fonctionnement du système immunitaire.
En effet, les anticorps sont aussi produits, ailleurs, notamment au niveau des ganglions, de la moelle osseuse ou de la rate. Quant à la stratégie thérapeutique des angines, elle est adaptée à ses différentes formes et états pathologiques”.
Quand les enlever ? Ainsi, si l'angine accompagne une grippe ou une autre affection virale (comme par exemple la mononucléose infectieuse), le repos et les médicaments habituels contre la fièvre, suffiront. En revanche, toute angine microbienne doit bénéficier d'un traitement antibiotique.
Quant aux douleurs de la gorge, elles peuvent être atténuées par des pulvérisations antiseptiques et calmantes. Mais en cas de poussées d'angines à répétition, et si l'amygdalite constitue un foyer d'infection, le médecin traitant pourrait envisager l'ablation des amygdales. "Les indications sont claires. L'amygdalectomie est impérative quant il s'agit d'un syndrome obstructif, vivement conseillée en cas d'infections à répétition et facultative en cas de mauvaise haleine”, déclare notre spécialiste. La principale indication de l'amygdalectomie est donc la survenue d'angines "streptococciques” à répétition.
En fait, l'angine récidivante est définie par au moins trois épisodes angineux par an. Elle se différencie de l'amygdalite chronique dans laquelle le tissu lymphoïde est remplacé par un tissu fibreux qui n'a plus de propriétés immunologiques. L'angine chronique traduit une pestilence des amygdales persistante depuis au moins trois mois, malgré un traitement antibiotique bien conduit. Chez l'enfant, elle survient après les épisodes infectieux bactériens à répétition. Elle peut être ferme ou molle, laissant sourdre un liquide purulent si le spécialiste appuie sur l'amygdale un abaisse-langue. Chez l'adulte, l'amygdale peut prendre un aspect d'involution passive ou présenter une réaction fibreuse avec dépôt épithéliaux et dépôt de kératine. Cette association va former le caséum qui constitue le foyer septique. L'ablation des amygdales est donc le meilleur traitement préconisé pour éviter de graves séquelles, tel le cancer.
Le jour "J” En effet, l'absence ou le manque de traitement peuvent être à l'origine de plusieurs problématiques : "Tout d'abord l'évolution vers une collection purulente ou phlegmon qui est une véritable urgence chirurgicale, une contamination laryngée avec raucité de la voix, des troubles gastriques, une atteinte rénale, certaines formes de pustuloses-palmo-plantaires, un rhumatisme articulaire aigu avec atteinte articulaire et cardiaque.
Sans négliger le retentissement socioprofessionnel et culturel inhérent à l'absentéïsme”, analyse le Dr Quarmochi. Il poursuit : "Si nous prenons en compte également la grande taille des amygdales et le syndrome obstructif qu'elles peuvent occasionner, nous pouvons observer des troubles de la phonation, de la déglutition avec retard staturo-pondéral, des troubles de l'audition et de l'équilibre, une gène respiratoire nocturne pouvant aller jusqu'au coma, des troubles de la croissance faciale avec déformations dentaires, une insuffisance cardiaque droite dont l'issue peut être fatale”. L'amygdalectomie a donc des indications bien définies, car ce n'est pas une opération anodine.
L'intervention se déroule sous anesthésie générale, en milieu hospitalier et nécessite 24 heures d'hospitalisation. Elle est toujours réalisée à distance d'un épisode infectieux, ce qui suppose un examen de la gorge avant l'intervention. "Les suites opératoires sont en général simples et tout à gérables par le chirurgien, le patient doit être confiant et surtout ne pas être entouré de gens qui augmentent sa peur.
Des douleurs à la déglutition sont observées les deux ou trois premiers jours. Un nombre limité de patients peut saigner vers le huitième jour, soit spontanément par chute de croûtes ou non respect du régime”, affirme A.Quarmochi. Cependant, les hémorragies non maîtrisées peuvent être mortelles, d'où l'intérêt de suivre les instructions du médecin à la lettre (ne pas boire ou manger chaud, ne pas tenter d'avaler des aliments durs, se contenter pendant 8 jours de glaces, et de mets liquides et froids et surtout finir le traitement”. L'amygdalite est une maladie dont le traitement est simple, à condition de savoir la prendre en charge à temps. Car si elle n'est pas traitée de façon appropriée, elle risque de causer un abcès au niveau de la gorge ou du cou. Une règle d'or : méfiez vous de l'automédication et surtout des antibiotiques avalés à tort et à travers. ------------------------------
Chez l'enfant
Les symptômes de l'amygdalite se décèlent chez l'enfant par un retard de croissance staturo-pondéral, il est anémique et fait de toutes petites bouchées pour manger, en mettant des heures a finir son assiette, il mâche la viande et la recrache car même très jeune il réalise qu'il court un grand danger en faisant de grosses bouchées.
"C'est un instinct de survie qui échappe trop souvent aux parents qui se demandent pourquoi leur progéniture ne mange pas comme tout le monde” explique A. Quarmochi. Aussi, l'enfant malade souffre des asphyxies aigues, d'un syndrome obstructif des voies respiratoires hautes avec ronflement et réveils fréquents, fausses routes, asphyxie, apnées du sommeil. L'ablation des amygdales est cependant obligatoire! Généralement, l'enfant en bas âge se remet vite de l'amygdalectomie car ses amygdales n'ont pas eu le temps d'adhérer au muscle, ce qui n'est pas le cas chez l'adulte, car elles sont déjà bien enracinées.