L'humain au centre de l'action future

Une peinture marocaine venue d'ailleurs

Ils sont six hommes et femmes, ils nous viennent de pays et d'horizons différents. Leur point commun : leur origine marocaine et leur amour fou pour le pinceau.

18 Août 2008 À 15:23

Ce sont les artistes-peintres marocains vivant sous d'autres cieux qui exposent dans le centre Hassan II des rencontres internationales d'Asilah, dans le cadre du 30ème Moussem culturel de la ville blanche. En parcourant la galerie, le spectateur est pris par ce magma de formes et de couleurs qui l'emmène d'une escale à une autre en le gardant dans le même esprit, un esprit riche en art et en émotions. Comme un patchwork, les toiles de l'exposition sont unies par le même fil de nostalgie pour un pays qui a vu naître leurs créateurs. Nourris par cette passion tantôt gaie, tantôt mélancolique, ces artistes reviennent à leur Maroc, le temps d'un festival, pour y dévoiler leur savoir-faire acquis au fil des années vécues ailleurs. Du pays des Mariachis, nous vient Aziza Alaoui. Etablie depuis 1992 au Mexique, elle a su garder le Maroc dans son cœur et dans ses œuvres. Le pays du soleil couchant a toujours été le fil conducteur de ses expositions à travers le monde.

A chaque fois qu'elle peint, Aziza retrace des souvenirs d'enfant qu'elle a vécus, des sites naturels qu'elle a visités, des sourires d'enfants qui lui ont ravivé le cœur et des regards de personnes âgées qui l'ont marquée à vie. Encore une fois, elle nous le présente sous forme de paysages. Entourée de mystères, la nature de Aziza Alaoui peut être sombre ou claire, originelle ou transformée, aquatique ou terrestre…Selon ses états d'esprit, l'artiste nous fait découvrir « l'air bleu », « l'air de la jungle »…un mélange subtil de sites nous plonge dans l'univers double de deux pays lointains qui se ressemblent tant dans le foisonnement d'expressions artistiques. Une autre dame des arts plastiques, venue cette fois-ci d'Allemagne, est de la fête. La sculpteuse avisée, Dounia Oualit, montre et démontre à Asilah son talent en peinture. Des toiles blanches marquées par une fissure noire divise la pensée du visiteur. La scission du regard définit alors de quel côté on veut être. Une exploration qui porte une véritable recherche poétique où se créent des pensées, des histoires, des monologues…

Retour au Maroc avec les portes dessinées par Mounia Touiss. Résidente en Espagne, l'artiste-peintre puise dans les décors des médinas marocaines, ses portes et ses arcades. Son œuvre se présente comme la trace d'une action chromatique effectuée gestuellement et spontanément. Les éléments picturaux s'entrelacent de manière homogène dans la totalité de la surface, la blancheur de la toile devient alors une fusion de teintes et de dégradés. Alliant le lyrisme de la composition à la fougue d'un paysage intérieur, sa création est une grande réussite. Du même pays, sont venus également Khalid El Bekkay et Saïd Messari. Si le premier a choisi les décors marocains à faire découvrir, le second a opté pour la calligraphie arabe pour s'exprimer. La création de Khalid est sobre et composée de différents espaces que l'artiste s'amuse à reproduire.

Dès le premier abord, cette technique paraît comme une rationalisation de l'espace mais, en fait, c'est toute une nouvelle approche, une autre empreinte de l'artiste. Il rend ici hommage aux objets purement smaragdins tels les théières qu'il compose et décompose selon ses humeurs pour leur offrir un plus poétique et une sensation romantique. La calligraphie dessinée par Saïd Messari, elle, se présente comme une toile à part. Elle se décline en différents aspects que le plasticien métamorphose pour les assortir à la surface hôte composée d'un flux de couleurs adjacentes. Cette frontalité chromatique est accentuée par l'introduction de graphismes lyriques. Le dernier invité d'Asilah n'est autre qu'El Houssaïne Mimouni qui est établi en France. L'archéologue de formation exerce son métier picturalement. Il utilise les signes et les symboles des différentes civilisations pour en faire un travail sur les sciences humaines au niveau du bassin méditerranéen.

La couleur de la terre est présente abondamment. Inspiré principalement de sa Taroudant natale, il reflète la richesse de sa culture berbère par le moyen de la couleur et du signe. Ses toiles sont ainsi porteuses de messages profonds mais gardent leur beauté douce et romantique. Chacun son style, chacun son thème de prédilection, les artistes-peintres invités d'Asilah ont tous su trouver le bon élément pour charmer les festivaliers de la ville blanche et leur donner ainsi un aperçu sur l'art de ces Marocains d'ailleurs.
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Le design et le stylisme aussi…

Outre les toiles des artistes marocains résidant à l'étranger, le centre Hassan II de la ville d'Asilah accueille les œuvres de jeunes designers et stylistes. Fadela El Gadi, Somaya Jalal Miko, Amine Bendriouch ont exposé leurs dernières créations en stylisme. Caftans traditionnels, robes de soirée, pantalons trendy…sont autant de vêtements pensés et créés par ces jeunes artistes qui donnent naissance à une mode made in Morocco. Du côté du design, l'inspiration ne manque pas. Reda Bouananai, Khadija Kabbaj, Hicham El Madi, Saïd Mahouf ont donné naissance à des objets uniques. Tables basses, porte-CD, lampes, verres, vases, cendriers…des objets pêle-mêle montrent le savoir-faire de nos jeunes designers qui comptent développer cet art au Maroc.
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