L'humain au centre de l'action future

La face cachée de Faudel

On l'a découvert souriant, béat, joyeux à outrance… à en frôler parfois la naïveté avec son rire qui n'en finit jamais de s'élargir.

15 Février 2008 À 17:57

Faudel, le petit prince du raï, nous apprend dans son autobiographie «Itinéraire d'un enfant de cité» que la vie n'a pas toujours été aussi rose qu'elle en paraît et que ses sourires en cachent bien des doutes, des peines et des plaies.
Emouvant, provocateur parfois et ironique souvent, le récit de vie de Faudel, écrit avec la collaboration de Sophie Blandinières, ne vous lâche pas. Dès les premières pages où il s'adresse aux lecteurs, la couleur est annoncée. C'est l'heure des confidences, des vérités et de l'affrontement… Le Faudel doux n'y est pas, c'est un autre homme blessé, un tantinet amer et surtout lucide qui regarde son existence d'un œil nouveau. Il raconte son enfance, sa jeunesse, ses débuts artistiques et son ascension. Il livre sa version des faits et raconte son histoire avec ses termes. «À tous ceux qui m'ont jugé sans savoir, sans me connaître, je dis seulement : taisez-vous et lisez-moi, écoutez-moi. Je veux que vous écoutiez ce que j'ai à dire, pas pour ma défense.

Je n'ai pas à me justifier. Mais j'ai à expliquer. Mettre les choses au clair pour vous et pour moi», lance-t-il, avant de replonger dans son passé. La cité grise, les personnages atypiques qui ont meublé sa vie, sa mère, son père, ses frères, l'école, les premières cigarettes, les premières «taffes» de haschich, les premiers baisers, son soutien à Sarkozy, sa tentative de suicide et ses raisons … tout y est. En auteur qui se respecte, Faudel ne se contente pas de se rappeler ses souvenirs, de les raconter «bruts». Avec chaque ligne, chaque souvenir, c'est un bout de son âme qu'il nous dévoile, un pan de son existence qu'il livre volontiers. Chemin faisant, il n'hésite pas à analyser, à décortiquer et à philosopher. Le recul lui va bien apparemment car le chanteur semble mettre le doigt enfin sur ce qui a causé son mal-être.

Entre la compétition artistique, ses problèmes familiaux et ses déboires avec la bouteille, le jeune homme s'est aussitôt retrouvé au bout du gouffre. Pour se délivrer enfin du poids du secret, il raconte son amour pour son fils et sa compagne Anissa, son désarroi après le départ de cette dernière et sa tentative de suicide qui a abouti à un séjour de 12 jours à l'hôpital psychiatrique. Ses mots se font douloureux, poignants quand il évoque ce souvenir et sa souffrance silencieuse. Avec courage, il nomme sa douleur et pointe du doigt sa mère qui n'a jamais accepté sa compagne ni sa relation avec elle. Il parle également de l'escroquerie d'un manager et de l'incidence néfaste de son soutien à Sarkozy sur sa carrière.
Dans ce livre, Faudel revient de loin ! Il en est devenu plus vrai, plus réel et moins idyllique. Ce récit touchant, nous confronte à un être humain dans toute sa splendeur faite de forces, de faiblesses, de doutes, de contradictions et de blessures.
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Quelques questions à chaud
Pourquoi un livre autobiographique et seulement maintenant ?

Je suis arrivé à un moment de ma vie où elle a explosé. J'avais besoin de recoller les morceaux, de me reconstituer, de trouver une unité, une cohérence. De mettre en mots. Et pour ça il fallait que je me penche sur mon itinéraire, sur ma vie d'hier pour savoir où j'en étais aujourd'hui.

Est-ce une façon d'empêcher les autres de parler à votre place ? J'entends par là la biographie de Jamel Debbouze

Non, pas du tout, au contraire. Je pense que c'était tout simplement nécessaire pour pouvoir reconstruire et redémarrer à zéro.

Y aura-t-il des secrets à révéler ?

Oui. Je vous laisse le soin de les découvrir.

Quel effet cela vous fait de vous mettre à nu dans un écrit de ce genre ?

Ça me fait beaucoup de bien.

Comment vous avez vécu l'exercice littéraire ?

Je l'ai très bien vécu sur le moment, mais en revanche j'ai ressenti un besoin de pratiquer le silence radio pendant un mois à la suite de mes entretiens avec Sophie Blandinière.

Déjà des réactions ?

J'ai été très surpris de ce que le livre a pu susciter comme réflexions, autant de la part des médias que des collègues. Le livre a rencontré également un accueil très positif auprès des «monstres» de la télévision française.
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