Après s'être réveillés de la réalité d'une défaite inattendue, les joueurs marocains se sont rendus aux entraînements de rigueur.
Ph. Mechouary
LE MATIN
27 Janvier 2008
À 14:30
Des séances de décrassage pour les joueurs qui ont pris part à la rencontre contre la Guinée et d'autres, plus poussées, pour maintenir la forme des joueurs qui ont suivi le match des bancs de touche. Mais, à l'arrivée au terrain sis Park Legon, les joueurs n'étaient plus ceux à qui nous avions rendu visite lors des entraînements avant la rencontre du Sily national.
Les visages étaient plus fermés, Lakhal suivait, comme toujours, tout ce qui se passait, Zaïti, Bouâzza et le docteur Zahi s'affairaient pour préparer tout ce dont les joueurs ont besoin. Farhat, comme à son habitude, faisait dans la discrétion , Milani, debout au milieu du terrain, veillait sur le matériel nécessaire aux différents exercices, Ajjam, lui, surveillait les joueurs comme le faisait Zakaria Alaoui avec «ses» gardiens.
Dans cet ordre d'idées, le plus abattu de tous était incontestablement Khalid Fouhami. Le sentiment de culpabilité qu'il tentait de cacher se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il ne parlait pas. Aucun joueur ne parlait ! Seul Lemyaghri déchirait ce silence épais par ses interventions loufoques. Quant à Henri Louis Michel, il n'intervenait que pour donner le plan de bataille qu'il contraignait les joueurs à appliquer. Il donnait des notes, des encouragements, des zéro pour les actions réalisées par ses poulains. Zéro pointé à El Karkouri ! Seul le technicien savait comment il distribuait les notes.
Tarek Sektioui faisait des exercices à terre. Mais il semblait les faire sans conviction. De temps en temps, il paraissait pensif, distrait et très loin de l'endroit où il se trouvait. Il était parfaitement conscient, comme les copains d'ailleurs, qu'il avait été passé à côté du match. Il savait pertinemment que tout le public marocain attendait qu'il s' enflamme par ses prouesses, comme il l'avait fait ces derniers mois. Mais le pauvre Tarek, comme le groupe d'ailleurs, était ailleurs ce jour-là. Le seul joueur manquant à l'appel etait Soufiane Alloudi. Toujours indisponible. Nul n'a voulu s'aventurer à nous en dire plus.
Ce sont là les paramètres qui ont toujours effrayé tant les entraîneurs des clubs que ceux des sélections. Des paramètres faits de l'impondérable, fabriqués de l'inattendu et marqués du sceau de la surprise : le trac, la méforme, un arbitrage défaillant, des balles qui refusent d'entrer, une transversale qui supplée au gardien, une erreur d'appréciation, une blessure, qui démolit toute une stratégie etc. Des imprévus que nul ne peut prévenir. Une fois survenue, elle jette l'entraîneur dans le doute le plus absolu.
Toutefois, cette défaite a eu le mérite de ramener sur terre un groupe qui s'en est un peu éloigné. Un groupe qui, peu de temps auparavant, ne cachait pas une certaine prétention, voire de l'arrogance.
Toujours est-il qu'on est toujours dur avec ceux qu'on aime. Que les joueurs gardent présent à l'esprit que l'équipe nationale n'appartient à personne, quel que soit son statut, et que l'argent avec lequel elle tourne est celui du contribuable. Le responsable du football national ne lésine pas sur les moyens. Il met à la disposition des joueurs tout ce dont ils ont besoin pour accomplir leur mission. Quant à eux, et encore autant à leur entraîneur, ils n'ont pas droit à l'erreur. Qu'ils se rappellent qu'ils auront des comptes à rendre à l'histoire avant de les rendre aux responsables.