Une initiative pour la paix et la tolérance

L'idée de ce projet était en gestation depuis quelques mois. En effet, lors de la troisième édition du forum euro-maghrébin de la jeunesse qui a eu lieu dans la capitale de l'Oriental Oujda en avril 2007, les participants ont appelé à l'organisation d'une caravane pour l'amitié et le co-développement.

Grâce à l'appui de plusieurs partenaires et surtout la détermination des membres de l'UJEM, le projet deviendra une réalité. «Lors de nos rencontres, nous avons pu réunir des personnes qui ont des visions et des opinions totalement opposées, mais qui avaient en commun leur appartenance au Maghreb. Nous sommes convaincus aujourd'hui que nous pouvons également réussir à interpeller les gens sur l'importance de l'union de nos pays maghrébins car le Maghreb existe déjà à travers les immigrés installés dans les pays européens qui sont perçus comme tel» explique Samad Filali, président de l'UJEM.

Les organisateurs se fixent comme principal défi de renforcer les liens entre les pays du Maghreb. Par ailleurs, l'UJEM entend, parallèlement à la promotion de l'unité du Maghreb, jeter des ponts entre les jeunes du Maghreb et ceux d'Europe. Pour leur permettre de s'épanouir, dans une conscience commune de la paix et de la tolérance, en œuvrant dans les domaines qui concourent à faire reconnaître et respecter les droits universels de la personne et l'identité plurielle du Maghreb.

Certes la tâche n'est pas aisée, mais les membres de l'association sont déterminés à gagner ce pari. «Notre démarche s'inspire des fondateurs de la Communauté européenne. Leur objectif était de créer progressivement des rapports de coopération fondés sur l'intérêt mutuel. Ils ont réussi à reconstruire les relations européennes, notamment entre la France et l'Allemagne, sur des principes de paix et des œuvres de vie plutôt que sur des rapports de force» poursuit Filali.

Cette caravane est une initiative très louable qui mérite encouragement et soutien, surtout qu'elle émane de jeunes maghrébins vivant en Europe. D'ailleurs, l'objectif de cette association basée à Paris, est de rassembler des jeunes maghrébins venus d'Algérie, de Libye, du Maroc, de Mauritanie, de Tunisie et d'Europe afin de mener une réflexion commune sur le devenir du Maghreb. Un devenir qui est étroitement lié à celui de l'Europe. Outre la proximité géographique, les liens historiques, les intérêts commerciaux et l'importance de l'imagination maghrébine, les pays du Maghreb partagent avec leurs voisins de la rive nord de la Méditerranée, une même vision pour un monde polycentré qui bannit le recours à la violence pour le règlement des conflits internationaux. Néanmoins, pour contribuer à cet ordre mondial, le Maghreb doit se hisser au rôle d'acteur crédible.

Aujourd'hui, l'unité du Maghreb est plus que jamais une priorité. C'est pour cette raison que les organisateurs de la caravane veulent impliquer un maximum d'acteurs. Sur ce plan, les organisateurs ne s'en sortent bien. Ils ont réussi à avoir l'appui de plusieurs états notamment la France, la Belgique, l'Espagne, la Libye et le Maroc. Le comité de parrainage est composé de plusieurs personnalités comme Ely Ould Mohamed Vall, ancien président de la Mauritanie et Michel Rocard, ancien Premier ministre français.

Cependant, le président de l'UJEM affirme que l'association a rencontré certaines difficultés. «Nous avons voulu toucher d'autres pays maghrébins. Nous avons même fait la demande auprès des responsables dans ces pays mais nous n'avons pas eu de réponse. Pour cette édition, nous allons nous limiter à Oujda qui est une ville hautement symbolique de par sa position géographique», souligne Filali.

Dans chacune des villes visitées, les participants à la caravane vont lancer un message pour la paix, l'amitié et le co-développement entre les Maghreb et l'Europe. En outre, des conférences et des débats sur des thèmes variés seront organisés dans chaque escale. A Bruxelles, les participants se rendront au Parlement européen puis seront accueillis par Fadila Laanan, ministre belge de la Culture. A Strasbourg, ils visiteront la cour européenne des droits de l'Homme. Les 50 participants à la caravane (25 maghrébins et 25 européens) auront la tâche d'informer les responsables et les personnalités rencontrés sur les motivations de leur action qui prendra fin le 25 août à Oujda.

Cette caravane qui ne durera que quelques jours est certes un premier pas, mais elle est un premier pas dans le bon sens vers la concrétisation effective de l'Union du Maghreb. «Malgré toutes les difficultés, on essaye de se concentrer uniquement sur notre but de renforcer les liens entre les pays du Maghreb. Pour cela, nous allons déployer toutes nos forces et nos moyens», conclut Rabii Leouifoudi, secrétaire général de l'UJEM chargé du Maroc.
--------------------------------------

Charte de l'UJEM

Les membres de l'UJEM ont doté leur association dès sa création d'une charte. Cette dernière fixe les objectifs de l'association et établit son plan d'action, dont voici un extrait de son préambule: «Les jeunes Maghrébins vivront demain, dans vingt ou trente ans dans un monde différent et dans un Maghreb différent. Mais pour que ce monde et ce Maghreb soient viables, il faut que la jeunesse agisse en vue du changement, qu'elle porte des projets novateurs pour lutter contre l'inertie.

A ce titre, l'UJEM, qui regroupe plusieurs jeunes originaires des cinq Etats du Maghreb, tente de promouvoir l'édification d'un ensemble maghrébin qu'uniraient la liberté de déplacement et des échanges, ainsi que la pratique du pluralisme politique et culturel».

La caravane est l'un des plus importants projets menés par l'UJEM. L'ambition des jeunes maghrébins vivant en Europe est de lancer, à travers l'organisation de cette caravane, un appel solennel aux sociétés civiles et aux gouvernements européens et maghrébins afin d'œuvrer pour la promotion des valeurs de la démocratie, de la citoyenneté et surtout l'édification d'un Maghreb uni.