Fête du Trône 2006

Une Princesse de tous les temps et des combats de dignité

Le peuple marocain, associé à la Famille Royale, célèbre l'anniversaire de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem. Une Princesse de tous les temps ! On ne présente pas Son Altesse Royale Lalla Meryem autrement que par cette métaphore saisissante, mais qui cerne avec force son parcours à dimensions multiples. Fille aînée de feu S.M. Hassan II, sœur de S.M. le Roi Mohammed VI, elle est aussi une actrice sociale, profondément, intimement engagée dans la bataille des droits de l'enfant.

25 Août 2008 À 18:22

Et ce combat n'a pas uniquement une dimension nationale, il est porté par elle sur les fonts baptismaux des prétoires et forums internationaux. Depuis longtemps, Son Altesse Royale a donné au mot d'engagement son sens ontologique. Depuis toujours, nous sommes habitués et familiarisés à cette silhouette combative, discrète et présente, à ce visage qui respire la grande grâce et porte tous nos espoirs. Jamais en effet le jugement ne peut être définitif, encore moins unique sur une Princesse qui accompagne l'évolution du Maroc, en tant que symbole, une grande militante, une maman aussi et surtout, enfin une personnalité qui déploie une activité socio-politique significative et qui a conféré au principe de l'engagement une valeur impérissable.

La «Princesse chouchoutée» de feu Hassan II est aussi la compagne des combats que S.M. le Roi Mohammed VI a lancés depuis juillet 1999. On n'annonce rien de plus, en soulignant une proximité entre le Souverain et sa sœur aînée– comme aussi avec les autres membres de la famille royale. Cette proximité se nourrit d'une solidarité où le Roi, père de la nation, est aussi proche des princes et princesses, où la Princesse apparaît comme son écho vivant mais discret. Sa personnalité ne relève pas uniquement du seul et exclusif privilège que représentent sa naissance et son statut de princesse, mais d'une œuvre qu'elle-même a pétrie, construite à force d'expériences et de travail. Depuis les années quatre-vingt, partageant ses devoirs protocolaires et ses missions sociales, elle n'a jamais quitté son image de Princesse citoyenne au regard profond -si profond que l'on dirait parfois «perdu» sur la réalité humaine et la complexité chaque jour ravageuse du temps.

Elle reste, cependant, irréductiblement égale à elle-même, rebelle en revanche à toute image réductrice que certains - il en existe en effet - pourraient tracer d'elle. Comme la lumière du monde, qui rayonne sur tous, la grâce ne l'a jamais quittée et sa discrétion, cultivée depuis sa tendre enfance, est pour nous le meilleur exemple et critère d'une valeur suprême et de grandeur. A la voir, en l'occurrence, présider en mars dernier à la mairie de Marrakech une réunion de l'Union nationale des femmes du Maroc ( UNFM) dont elle est la présidente, serrer les innombrables mains de gens venus la rencontrer, à guetter ses gestes, scruter son calme et son écoute attentive devant la succession d'allocutions dans une salle comble, on ne pouvait pas ne pas s'incliner devant tant de sollicitude mais aussi tant d'énergie ; on ne pouvait pas ne pas se réjouir que la Princesse auquel notre regard ne s'est jamais déshabitué depuis tant d'années, ne s'est jamais interrompu que pour mieux l'admirer de nouveau, à cette indécente et furieuse campagne menée par certains – dont une presse à ragot a cru se faire sournoisement l'écho – sur une prétendue maladie.

Son sourire illuminait la salle et la salle s'imprégnait de cette immense présence où les membres de l'Association féminine, organisatrice de la rencontre, y puisaient une vigueur nouvelle. Entre-temps, Son Altesse Royale aura au cours de cette rencontre présidé la signature de quatre importantes conventions. Elle aura conféré à la date du 8 mars, puisqu'il s'agissait aussi de la célébration de la Journée mondiale de la femme, une dimension particulière, une présence politique certaine parce que la femme au Maroc est indubitablement un acteur majeur.

La démarche, pédagogique s'entend, n'a jamais varié. Elle est faite d'une quasi-pudeur chez Son Altesse Royale, mais demeure marquée d'une volonté affichée d'assumer jusqu'au bout ses responsabilités - et Dieu sait qu'elles sont multiples et diverses -, ses missions dont certaines sont très prenantes avec la même générosité et la même conviction que le titre de princesse comporte aussi sa part de devoirs et d'ingratitude. Quel que soit le cadre, dans un village reclus du Maroc, dans un faubourg de Marrakech ou une contrée lointaine du Kosovo, la Princesse est présente, littéralement engagée et son image de femme populaire, immanente et lumineuse, la précède chez le peuple profond et diversifié.

Mobilisée sur plusieurs fronts, politique, social et familial, Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem a appris très tôt ce que c'est d'être investie d'une mission sociale et d'une responsabilité aussi lourde que celle de veiller à l'encadrement social de l'armée. A vrai dire, feu S.M. Hassan II n' y pensait pas bien faire, car Son Altesse Royale ne lésine ni sur son temps, ni s'écarte un peu de sa vertueuse éthique de servir la patrie et le corps des forces armées. A la tête des œuvres sociales des Forces Armées Royales (FAR) dès 1986, elle a donné la mesure de ce que peut être la gouvernance par une femme au sein d'un corps – celui des armées – réputé pour sa culture traditionnelle où la virilité reste la marque essentielle. Or, Son Altesse Royale non seulement s'acquitte honorablement et dignement de sa mission, mais lui donne toute la signification souhaitée, en termes d'écoute, de soutien, d'engagement et de présence. De la même manière, et avec le même souci d'efficacité, elle démontre que la femme marocaine – qui plus est plus princesse – enjambe et transcende les frontières que la frilosité des hommes a tendance à tracer pour elle.

Présidente de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étranger en 1996, Présidente de l'Association marocaine de soutien à l'UNICEF, présidente de l'Observatoire marocain des droits de l'enfant, mais aussi et surtout présidente du Parlement de l'enfant, elle est également Ambassadeur de bonne volonté de l'ONU, présidente de plusieurs autres associations et, dans la foulée d'un engagement militant qu'elle porte comme un blason, présidente de plusieurs instances. Cumulés, les titres ne représentent pour elle qu'un seul prétexte et n'obéissent qu'à une seule finalité : servir les causes difficiles, être à l'avant–garde du combat pour la protection de l'enfance, la sauvegarde de la dignité des femmes, la représentation au niveau internationale des avancées que le Maroc, sous feu Hassan II et aujourd'hui sous le règne de Sa Majesté Mohammed VI réalise, inscrire en effet les actions décisives dans la durée, n'est-ce pas un défi singulier que Son Altesse Royale relève avec une détermination à toute épreuve?
Le représentant des Nations unies, dans les années quatre-vingt-dix, chargé de l'enfance, Alan S. Everest, n'avait pas assez de mots forts et émouvants pour rendre un hommage solennel à l'action de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem pour son engagement en faveur de la généralisation des campagnes de vaccination, la scolarisation des enfants dans les milieux ruraux et toute une politique de prévention dont le Maroc, à vrai dire, tirera la plus grande capitalisation et donnera le meilleur exemple au monde. Cela fait presque bientôt vingt ans que Son Altesse Royale est engagée sur le front multiple de l'enfance. Tour à tour, elle préside le Parlement de l'enfance, qui n'est pas une simple formalité ou une clause de style, mais la conscientisation, la mise en œuvre d'une pédagogie en faveur de l'apprentissage des enfants des instruments institutionnels, de la représentation parlementaire et de la politique tout court ; préside les campagnes de vaccinations dont elle reste la pionnière et la figure de proue - et le lancement en janvier dernier à Témara de la campagne de vaccination contre la rougeole et la rubéole témoigne d'une telle pérennisation- préside ensuite le mouvement de prise de conscience en faveur de la femme marocaine, prend part à celui de la femme arabe, à Amman ou au Caire, honore en effet les réunions de l'UNESCO à Paris ou ailleurs, bref, elle assume son rôle de représentante de son pays, incarne l'Ambassadrice du Maroc et, au-delà, donne la haute mesure d'une marocaine qui concilie, avec bonheur et une sérénité à toute épreuve, la tradition vertueuse du Maroc éternelle et la modernité exigeante, bien assumée qui est au Maroc d'aujourd'hui le phare de l'ouverture.

Princesse citoyenne, femme d'action, militante engagée et volontaire en faveur des enfants et du combat de la femme, Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem transcende un aussi ambitieux répertoire. Pourquoi ? Parce qu'elle est d'abord une maman qui, seule, a su élever avec dévouement, abnégation et parfois sacrifice ses deux enfants, Lalla Soukaïna, aujourd'hui inscrite dans le laborieux cursus du célèbre institut de la rue Saint Guillaume que sont les Sciences Pô, impénétrable « Sanctum santorium » s'il en est du quartier latin, côté Saint Germain, et Sidi Moulay Idriss. Elle leur a donné, elle continue à leur donner la digne éducation, la formation indispensable, la présence d'une mère consciente des enjeux complexes d'une évolution planétaire qui a vite fait de happer tous les préjugés. Ensuite, parce que princesse militante, elle franchit plus que quelqu'un ou quelqu'une d'autre l'irascible frontière des préjugés. La foi dans ce qu'elle entreprend n'est jamais entamée ou altérée par quelque hésitation ou un atermoiement. Elle a la foi chevillée au corps, elle marche à pas sûr, enfouie même dans sa pudeur qui, comme jamais chez quelqu'un d'autre, constitue sa force, une manière d'humilité inégalée, princière et noble, surgie comme le rempart dans un monde où le sens de la mesure est constamment battu en brèche par l'arrogance des arrivistes.

Elle ne se départit jamais de sa lucide sérénité, à l'épreuve d'un temps sans concessions, elle reste la combattante, la lutteuse de toutes les causes. Lalla Meryem est une femme d'adversité dont la dignité ne saurait jamais être entamée, elle ne compte que sur elle- même et sur sa famille, dont le Souverain. C'est une princesse du peuple, adulée par le peuple, incomparable dans sa mansuétude, sa générosité, voire sa fragilité même. Dans un monde secoué par des soubresauts, elle incarne la force tranquille, une volonté résolue, déterminée à mener à son terme sa double mission : la réhabilitation de la politique sociale en faveur de l'enfance et de la famille, la présence du Maroc sur les espaces internationaux où sa présence constitue aujourd'hui plus qu'une dimension symbolique, mais la caution de vertu et de noblesse. Qu'en cette heureuse occasion, Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem nous permette de lui souhaiter un joyeux anniversaire, de lui présenter nos vœux déférents de bonheur, de succès et de longue vie.
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