Avec un milliard de personnes affectées à travers le monde, l'hypertension artérielle (HTA) fait des ravages et reste la troisième cause de mortalité, après la malnutrition et le tabagisme.
LE MATIN
12 Mai 2008
À 16:04
Une projection en l'an 2025 ne se fait pas sans alarmisme, puisque le globe recensera plus de 1,5 milliard d'hypertendus. Au Maroc, le tiers de la population souffre de cette maladie silencieuse. C'est ainsi qu'en perspective de la journée mondiale de l'hypertension artérielle, le 17 mai, la Société marocaine d'hypertension artérielle (SMHA) lance une campagne de sensibilisation sur la maladie.
«L'objectif premier d'un tel événement est de communiquer au grand public autour de cette maladie, de la gravité de ses complications médicales et de fournir des informations sur sa prévention, sa détection et son traitement», explique-t-on à la SMHA. Pour ce faire, une marche sera organisée sur la corniche de Casablanca le 17 mai. Les organisateurs entendent passer le message relatif à l'activité physique en tant que l'un des meilleurs moyens de prévention de l'hypertension artérielle. Sur place, des stands seront dressés et les gens pourront y recueillir toutes sortes d'informations autour de la maladie. De même, un chapiteau de dépistage sera mis en place pour les gens désireux de se faire diagnostiquer. «Un milliard de personnes souffrent d'hypertension dans le monde. Mais dès 2025, à cause du vieillissement de la population et de l'évolution du mode de vie qui favorise l'obésité et la sédentarité, nous compterons 1,5 milliard de malades», a souligné le Pr Driss Zaïd, président de l'SMHA, lors d'une conférence de presse tenue à Casablanca.
Qualifiée de maladie silencieuse, car sans symptômes, l'hypertension artérielle peut s'avérer dangereuse, voire mortelle. En effet, seuls des examens systématiques permettent de dépister des chiffres de tension trop élevés, avant que n'apparaissent certains signes de gravité, tel l'essoufflement anormal après l'effort, des douleurs dans la poitrine à l'effort, des maux de tête matinaux, ou encore vertiges et bourdonnements d'oreilles.
L'hypertension contraint la pompe cardiaque à une surcharge de travail, la fatigue prématurément et provoque sa défaillance. Elle favorise le dépôt de graisses sur et dans la paroi des artères (athérosclérose), notamment des coronaires, entraînant, à plus ou moins long terme, angine de poitrine et infarctus du myocarde. Le même processus peut atteindre les artères des jambes: c'est l'arthrite des membres inférieurs. «Si elle n'est pas traitée et équilibrée, l'hypertension artérielle favorise l'apparition de maladies graves et handicapantes, comme un accident vasculaire cérébral, une angine de poitrine, un infarctus, un œdème aigü pulmonaire, une insuffisance rénale… Il est donc crucial de détecter l'hypertension au stade le plus précoce possible, et de traiter celle-ci, afin de prévenir d'éventuels dommages aux organes», affirme-t-on à la SMHA.
Outre les complications cardiaques, les méfaits de l'hypertension sont nombreux. En effet, l'obstruction des artères rénales par athérosclérose provoque la destruction progressive des reins et, à terme, l'élévation de l'urée sanguine: il s'agit là de l'insuffisance rénale.
Sur un autre registre, l'obstruction des artères à destinée cérébrale provoque la destruction progressive des cellules nerveuses du cerveau. Une évolution aux conséquences graves qui peut provoquer paralysie, perte de la parole, baisse intellectuelle, démence et, éventuellement, la mort. L'état des artères du cerveau est aisément apprécié par l'analyse de l'état artériel du fond de l'œil. Qu'en est-il alors de la démarche à suivre en cas d'anomalie observée ? Les spécialistes indique à ce propos que l'hypertension se soigne mais on vit avec. Ils préconisent en ce sens de modifier certains comportements en perdant du poids, diminuer la consommation d'alcool, faire du sport, arrêter la cigarette, diminuer le cholestérol et le sel.
« Si la tension artérielle est très élevée ou si les modifications apportées au style de vie ne la ramènent pas à un niveau normal, un traitement est prescrit à vie, traitement qu'il ne faut pas modifier ni arrêter sans l'avis du médecin», indique-t-on à la SMHA.
Par ailleurs, l'hypertension est souvent liée à d'autres maux qui, par interaction, sont de nature à amplifier les troubles. Quant aux facteurs de risque, ceux ci sont nombreux et diversifiés. En ce sens, l'aspect héréditaire est avéré, plusieurs gènes ayant été identifiés comme favorisant l'apparition de l'hypertension. Aussi, les gens de couleur sont plus concernés par la maladie, leur organisme éliminant moins bien le sel. Et puisque l'on parle de sel, une alimentation trop riche en ce condiment provoque de la rétention d'eau, faisant ainsi monter la pression artérielle. De même, le surpoids, l'alimentation trop grasse et la sédentarité sont autant de facteurs de risques.