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Le film transsaharien en fête à Zagora

C'est aujourd'hui que le rideau se lève sur la cinquième rencontre internationale du film transsaharien de Zagora. A l'origine de cet évènement qui met en lumière la richesse naturelle et culturelle de la région, l'association Zagora pour le film transsaharien en partenariat avec le Conseil provincial de tourisme.

11 Juin 2008 À 12:33

Tenue du 12 au 14 juin, cette manifestation a pour principal objectif de célébrer les films ayant fait du désert une thématique et un créneau à valoriser et à développer. A travers cette ambition, le festival compte à son tour promouvoir le cinéma transsaharien aux niveaux national et international. Mohamed Ali El Hilali, président du Conseil provincial du tourisme (CPT) de la ville, explique « La rencontre cinématographique de Zagora entend renforcer la place de ce secteur dans l'imaginaire des populations locales, mais aussi d'en faire un prétexte pour attirer davantage de touristes pour la région. » En effet, les organisateurs veulent sortir les habitants de leur isolement culturel en leur offrant une programmation riche et variée. Ainsi, des projections de films, des ateliers, des tables rondes et des débats sont au programme durant les trois jours que compte la rencontre.

Divers films venus des quatre coins du globe seront projetés en plein air et en salles obscures. Les cinéphiles Zagoris pourront ainsi découvrir différents styles cinématographiques filmés dans des décors de déserts. A l'affiche, on retrouve des films représentant la France, la Chine, le Brukina Faso, l'Espagne, les Etats-Unis, l'Algérie, le Canada, la Belgique, la Hongrie et la France sans oublier le pays hôte, le Maroc.

A la différence des autres festivals du genre, la Rencontre internationale du film transsaharien de Zagora ne prévoit pas de compétitions entre les films mais elle invite gracieusement le public à savourer la magie du septième art à travers un bouquet de films ayant un rapport direct ou indirect avec le désert.
Le bal s'ouvrira sur des notes marocaines avec «En attendant Pasolini », signé Daoud Ouled Syad, un véritable habitué de la ville. Ce n'est pas pour rien qu'il est reconnu à chaque ruelle de Zagora et qu'il est acclamé par les enfants qui l'appellent gentiment « al moukhrij ». C'est dans cette ville et avec ses figurants et ses techniciens qu'il a réalisé son dernier œuvre «en attendant Pasolini » primé meilleur film arabe de l'année au Caire. «C'est une occasion propice pour nous de rendre hommage à toute l'équipe technique et artistique de ce film qui a été tourné il y a une année sur les plateaux naturels de Zagora et Ouarzazate», explique Mohamed Ali Hilali. Un autre film marocain figure dans le programme. Il s'agit de «Au revoir mères» de Hassan Benchlikha.

Parmi les opus internationaux participants lors de cette cinquième édition, figurent le documentaire espagnol « La caravane des manuscrits andalous». Sa réalisatrice Lidia Peralta Garcia mène un périple à travers le désert africain et s'arrête dans chaque pays pour fouiller dans ses bibliothèques à la recherche de manuscrits andalous. Elle dévoile ainsi des documents uniques qui sont précieusement cachés dans des espaces du Maroc, de la Mauritanie et du Mali.
Ces écrits, qui font revivre l'histoire de l'Andalousie et de ses penseurs musulmans, appuient la thèse avancée par le grand philosophe Ibn Khaldun qui a écrit dans son œuvre «Al Muqqadima» que l'écriture conserve les mémoires que l'homme veut garder.

La France, sera quant à elle, présente à travers le film français «La piste», première vraie fiction d'Eric Valli. Le film raconte l'histoire de la petite Grace qui, après une enfance heureuse au cœur de l'Afrique australe, a dû retourner à la civilisation en compagnie de sa mère laissant son père derrière elle. Après des années, elle rompt le silence et décide de revenir sur les traces de son enfance et retrouver son père. Partant à contresens des sauveteurs trop cartésiens, elle s'enfonce dans le désert en se guidant sur sa seule certitude de le retrouver...
L'Asie sera également de la fête. Et c'est le film chinois « Les chansons d'amour de Turpan » qui nous fera découvrir le cinéma de l'Extrême-Orient.

Après avoir rendu hommage aux figures de cinéma marocain Mohamed Bastaoui, Hassan Skalli et Saâd Chraibi lors des éditions précédentes, les organisateurs ont choisi d'honorer le réalisateur français Jean Luis Bertucceli. Les organisateurs expliquent ce choix en déclarant «Bertucceli accorde un intérêt particulier aux paysages désertiques dans de nombreux longs métrages d'autant plus que c'est un réalisateur qui a donné beaucoup au cinéma. On veut ré compenser sa grande carrière qui remonte à 1965.» On cite parmi ses œuvres consacrées au désert «Les remparts d'argile» (1970) et «Désert des Tartares» (1975).

Comme à l'accoutumée, les jeunes bénéficieront d'ateliers d'initiation aux métiers de cinéma. Les participants, auront en outre, l'occasion de débattre de la thématique du désert, dans le cadre de deux colloques intitulés : «Le désert entre
la vision cinématographique et la fiction romanesque» et
«La place du désert marocain dans la production cinématographique nationale et internationale».
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Hommage à J.L. Bertuccelli

Né en 1942 à Paris d'un père italien et d'une mère française, Jean Louis Bertuccelli était d'abord fasciné par la musique. A 20 ans, il signe le début d'une carrière cinématographique en intégrant l'Institut de cinéma de Vaugirard à Paris. Après ses études, il commence par être perchman, puis ingénieur de son mais la photo et la caméra le fascinent.

En 1970, après divers reportages à travers le monde, il devient officiellement réalisateur et peut se consacrer pleinement à la création de ses propres films. Il réalise entre autres «On s'est trompé d'histoire d'amour» en 1974, «L'imprécateur» en 1977, «Interdit aux moins de 13 ans» en 1982, «Stress» en 1986, «Aujourd'hui peut-être» en 1991…
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