L'humain au centre de l'action future

«Tu te souviens d'Adil ?» dans la boîte

Cela se passe entre Casablanca et Bologne. Sympathique et révolté, Adil quitte son Maroc natal à la recherche d'un avenir meilleur. Il se retrouve alors en Italie, face à un monde inconnu et à une culture étrangère.

20 Avril 2008 À 13:07

Il tente alors de comprendre le quotidien de l'autre, de s'adapter à son mode de vie, d'accepter sa différence et faire accepter la sienne…C'est cette tranche de vie que nous raconte le cinéaste Mohammed Zineddaine dans son dernier film «Tu te souviens d'Adil ?» dont le tournage vient de prendre fin. Tourné entre Casablanca et Bologne, le film traite des rapports entre le Nord et le Sud, tout en mettant l'accent sur le dialogue difficile entre l'Orient et l'Occident.

«Le film traite le dialogue possible entre les cultures et les civilisations à l'heure où des conflits alimentés par le fanatisme et l'intolérance gagnent de plus en plus de terrain. Adil, qui part du bassin sud de la Méditerranée, se retrouve confronté à ces conflits et essaie de ne pas perdre son identité, son humanité et surtout sa dignité...», nous explique Ahmed El Ftouh, critique de cinéma et conseiller artistique de cette production. Ce sujet a déjà été traité en 2004 par le même cinéaste dans le film « Réveil » qui nous plonge dans la quête initiatique d'un écrivain revenu dans son pays d'origine après un long séjour en Europe. Dans son nouveau film, Zineddaine reprend l'itinéraire inverse à travers l'histoire d'Adil.

Du côté des décors, le réalisateur a choisi de filmer son opus entre les quartiers huppés de la métropole et ses endroits populaires. A Bologne, c'est dans un cadre marqué par l'architecture catholique moyenâgeuse que l'artiste a planté son matos. Il a par ailleurs occupé la villa Aldini qui a déjà servi de lieu de tournage du film «Les 124 jours de Sodome » du réalisateur italien Pier Paolo Pasolini.
Le sujet se reflète même dans le casting et l'équipe technique et artistique qui est issue de différents pays et de diverses cultures. Mohamed Zineddaine a ainsi gagné le pari d'insuffler au cinéma marocain sa dimension internationale. Une dimension qui s'est concrétisée par la rencontre de professionnels venus de divers horizons et choisis suite à un casting judicieux.

Ahmed El Ftouh nous parle des conditions du choix de l'équipe « Outre la compétence professionnelle, il a fallu qu'on choisisse les membres selon la capacité de tout un chacun à s'adapter et à s'intégrer dans une équipe internationale, multilingue et multiculturelle. Chose qui a fait que le tournage s'est déroulé dans de très bonnes conditions techniques et humaines durant le temps prévu.» Dans ce film, Mohamed Zineddaine a dirigé des acteurs venus d'horizons différents. Le héros est joué par le jeune talent Omar Lotfi, qu'on verra également cette année dans «Casa Negra» de Noureddine Lakhmari. Celui-ci jouera aux côtés du célèbre comédien Amine Ennaji qui a enfilé le costume d'Elmhaidi dans le fameux feuilleton «Wajaâ Trab ». Du côté marocain, on retrouvera également Mehdi El Arroubi, Souad Khoui, Mohamed Choubi et Driss Chouika.

Ces derniers côtoieront des comédiens italiens célèbres comme Mauro Marchese, Massimo Macchiavelli, Ignazio Ximenes ainsi qu'un acteur anglais non moins célèbre David White. Le Liban sera, lui aussi, de la partie à travers la présence de Karen Klink qui interprétera le rôle de la copine d'Adil. Produit par la société marocaine Ouarzazate Production, «Tu te souviens d'Adil ?» a bénéficié d'une avance sur recettes d'un montant de trois millions de dirhams, octroyée par le Centre cinématographique marocain. Actuellement, le film est en cours de montage et de post-production. La promotion et la distribution du film en Europe seront assurées par une société étrangère de coproduction. La sortie nationale, quant à elle, est prévue pour la fin de l'année. En attendant «Tu te souviens d'Adil ?»
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Autour du cinéaste

Mohamed Zineddaine laisse le Maroc pour suivre un cycle d'études à Nice en France. Après une année passée dans le pays de l'Hexagone, il décide de s'établir en Italie, à Bologne, pour étudier le cinéma au Département d'art, de musique et du spectacle (DAMS), à l'Université de Bologne.

Critique et journaliste, il collabore aux différentes initiatives sur la littérature arabe. Il est en outre correspondant et photographe pour Le Sofa, journal sur l'immigration. Membre du conseil artistique de « Bologne 2000, ville européenne de la culture», Mohamed Zineddaine développe son activité artistique entre le cinéma, le théâtre et la photographie. Ses expositions photographiques, Le Bruit de la lumière (1994), Revers (1996) et Une poignée d'or aux yeux (2000) ont été présentées à Bologne, Palerme, Marseille, Belgrade, Florence et Cagliari.

Pour le théâtre, Zineddaine a soigné la mise en scène de Miramar de Nagib Mahfouz et d'une performance en quatre actes, La Presse. Pour le cinéma, il a collaboré dans différentes productions cinématographiques en Italie «Sous le ciel d'août», «une famille freudienne», en Slovénie «Gorizia au-delà des confins». Sa filmographie comprend aussi bien des documentaires que des films de fiction dont «Réveil».
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