Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a indiqué que son institution prévoyait "plusieurs trimestres de croissance molle" dans les pays développés avec un "redémarrage seulement en 2009".
LE MATIN
16 Juin 2008
À 16:30
"Nous prévoyons une croissance molle pendant plusieurs trimestres successifs", a-t-il dit, ajoutant qu'il n'y aurait "de redémarrage véritable qu'en 2009". "Fin 2008-début 2009 aux Etats-Unis, avec un petit décalage pour l'Europe", a-t-il précisé devant quelques journalistes, en marge d'une réunion des ministres des Finances du G8 à Osaka (Japon), comparant la situation économique non pas "à un V mais plutôt à un U". Il y a "de bonnes chances pour que le plus gros de la crise financière soit derrière nous, mais qu'il est trop tôt pour le dire", d'autant "que le marché immobilier américain continue à baisser, ce qui accroît les risques de pertes pour les banques", a souligné le patron du FMI. Aux Etats-Unis, les récents indicateurs de la conjoncture américaine au titre du premier trimestre 2008 font état d'une progression du produit intérieur brut de 0,6% en glissement annuel, selon une première estimation du département américain du commerce.
Cette croissance, qui est comparable à celle du trimestre précédent, demeure cependant supérieure aux attentes des analystes qui craignaient des menaces de récession, en conséquence de la détérioration continue de l'immobilier. Elle a été tirée essentiellement par la reconstitution des stocks des entreprises, qui a compensé la chute de l'investissement résidentiel et le ralentissement de la consommation des ménages. La croissance économique dans la zone euro, notre principal partenaire commercial, a été meilleure que prévu au premier trimestre 2008, s'établissant à 0,7% au lieu de 0,4% au trimestre précédent, soit une progression de 2,2% en rythme annuel, selon une première estimation d'Eurostat.
Ce rebond d'activité est lié aux bonnes performances de l'Allemagne qui a enregistré une croissance de 1,5% au premier trimestre 2008 au lieu de 0,3% au trimestre précédent. Dans ses nouvelles prévisions économiques, la Commission européenne a cependant abaissé ses estimations de croissance de la zone euro à 1,7% en 2008 au lieu de 1,8% prévu initialement, en liaison avec la persistance de la crise financière mondiale, l'appréciation de l'euro et la poursuite de l'envolée des prix mondiaux de l'énergie.
Dans les pays émergents d'Asie, les perspectives économiques resteraient globalement favorables, à la faveur de l'expansion en Chine et en Inde, où les taux de croissance respectifs atteindraient 9,3% et 7,9% en 2008, selon les dernières projections d'avril du FMI. Les conséquences de la crise financière, "d'une nature assez nouvelle", sur l'économie réelle" sont-elles aussi "nouvelles" et ne sont-elles pas terminées ? C'est là que les canaux de transmission ont besoin d'être mieux compris", a-t-il insisté.
A propos de la Banque centrale européenne (BCE), qui envisage une légère hausse de ses taux d'intérêt en juillet, il a simplement commenté que "l'inflation était redevenue un problème sérieux" et qu'il était "légitime que les banques centrales y consacrent toute leur attention". "Les banques centrales ont (...) géré la crise aussi bien qu'on pouvait l'espérer. Après, elles ont mené une politique monétaire un peu compliquée dans le cadre de prévisions d'une inflation forte et d'un ralentissement de la croissance", a-t-il commenté, sans vouloir se prononcer sur l'opportunité de relever les taux d'intérêt en Europe ou aux Etats-Unis.
L'indépendance des banques centrales "est une réalité importante dans le fonctionnement de l'économie", a-t-il fait valoir. En référence aux propos de la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a indiqué que le G8 pourrait éventuellement confier une mission au FMI sur la transparence des marchés pétroliers, M. Strauss-Kahn a estimé que le Fonds "pourrait être lié à une réflexion un peu globale à échéance de deux-trois mois sur ce qu'il faut tirer comme conséquences de la crise financière de 2007/2008". ---------------------------------------------------
Perspectives de la MENA
Plusieurs facteurs devraient influer sur la trajectoire de croissance des économies en développement de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. En ce qui concerne l'environnement extérieur, la demande émanant principalement des États-Unis, mais aussi de l'Europe et du Japon, devrait accuser un net fléchissement en 2008. Parallèlement à cette évolution, l'escalade des prix mondiaux du pétrole devrait se poursuivre, et l'on s'attend à ce que le prix du baril atteigne 108 dollars en moyenne en 2000 avant de retomber à 99 dollars d'ici 2010, un niveau qui reste élevé.
Le phénomène s'explique par la forte demande des marchés émergents, l'insuffisance de l'offre des pays non membres de l'OPEP, et les restrictions imposées par l'OPEP elle-même. L'activité dans la région devrait se ralentir progressivement, en passant de 5,7 % en 2007 à 5,1 % d'ici 2010, à mesure que diminuent la production d'hydrocarbures et les gains de production enregistrés dans les secteurs non pétroliers par les pays exportateurs de pétrole, en particulier la République islamique d'Iran.