Spécial Marche verte

Du miel au goût amer

Fin des vacances, rentrée scolaire, Ramadan, les ménages et surtout les petites bourses ne savent plus où donner de la tête.

07 Septembre 2008 À 12:32

Les dépenses sont énormes et cela fait des trous béants dans les budgets. Chercher de l'aide auprès des amis pour tenir jusqu'à la fin du mois s'avère souvent un exercice vain, vu que tout le monde est dans la même galère. Reste une seule issue possible, un prêt auprès d'une banque ou d'une société de crédit à la consommation. En effet, contracter un crédit à la consommation auprès d'une banque est devenu ces dernières années un acte tout à fait normal. Acheter une voiture, financer les études de ses enfants, passer des vacances inoubliables dans des destinations de rêve ou tout simplement se faire plaisir et changer sa garde robe, les occasions ne manquent pas pour franchir la porte de la société de crédits. Mais, ce qui représentait au début une simple partie de plaisir peut vite virer au cauchemar. Plusieurs personnes cèdent facilement à la tentation de l'argent facile et rapide et peuvent se retrouver dans une situation financière très critique.

Du coup, ils contractent un deuxième crédit, puis un troisième… et le résultat s'avère en fin de compte désastreux. Comment les Marocains se comportent-ils face à ce nouveau phénomène? Combien d'entre eux ont des crédits ? Pourquoi prennent-ils des crédits et comment dépensent-ils l'argent emprunté ?
Selon une enquête réalisée par l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), plus de trois personnes sur quatre (78%), sont titulaires d'un ou deux crédits à la consommation et une personne sur cinq (22%) est titulaire
de plus de deux crédits à la consommation. Les raisons pour lesquelles ils ont souscrit ces crédits sont l'achat d'une automobile pour la souscription du premier crédit, l'équipement domestique pour le second et les études des enfants et le remboursement d'un crédit respectivement pour les troisième et quatrième crédits.

Les fêtes familiales, l'habillement, l'acquisition d'une motocyclette et Aïd Al Adha sont les raisons les moins citées. Détail très significatif et qui montre bien le gouffre où se sont enfoncées ces personnes est le fait que 41% d'entre elles recourent à un troisième ou un quatrième crédit pour le remboursement d'un crédit antécédent. S'agissant de l'urgence ou la nécessité du recours au crédit à la consommation, l'enquête a montré que le niveau de priorité pour juger de sa nécessité est fort lorsqu'il s'agit de la maladie d'un parent ou de l'achat d'une voiture; moyen lorsqu'il s'agit de travaux dans la maison, d'équipement domestique et faible lorsqu'il s'agit de fêtes religieuse ou familiale.
Dans l'ensemble, les personnes disent recourir à l'utilisation du crédit à la consommation lorsqu'elles ne peuvent pas faire autrement; lorsqu'elles sont confrontées à des imprévus et aussi lorsqu'elles doivent faire un achat important. Par contre, elles ne recourent pas systématiquement au crédit lorsque la publicité est alléchante ou parce qu'elles ne peuvent vivre sans crédit. En cas de non obtention d'un crédit, les personnes disent qu'elles puiseraient dans leur épargne ; qu'elles emprunteraient ailleurs ou qu'elles annuleraient carrément la dépense.

Malgré le grand engouement pour le crédit à la consommation, les avis diffèrent sur son utilité. Selon l'enquête, les gens hésitent de moins en moins à avoir recours au crédit, estiment certains. Ils jugent que le crédit est bon pour la croissance de l'économie ; qu'il est indispensable pour certaines dépenses et qu'il est utile si on sait se discipliner. Ils croient également qu'il permet de réaliser ses projets plus rapidement et d'accéder à un meilleur confort. En revanche, d'autres trouvent qu'il revient cher et qu'il constitue un risque pour ceux qui l'utilisent. Une autre catégorie juge qu'il faut faire preuve de maturité avant de franchir le pas.
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Échantillon

L'échantillon retenu dans le cadre de cette enquête est constitué de 500 clients de sociétés de crédits à la consommation membres de l'APSF. L'échantillon a été recruté à Casablanca auprès de 10 sociétés de crédit. La répartition du nombre de personnes interrogées par société de crédit variait de 10 à 100 personnes et a été calculée proportionnellement au nombre annuel de dossiers traités par chacune des sociétés retenues. Les hommes représentent 59% de l'échantillon alors que les femmes en constituent le reste. L'âge des personnes interrogées se répartit de façon égale dans les tranches d'âges comprises entre 30 et 50 ans. Elles sont soit salariées soit fonctionnaires et disposent en moyenne de salaires mensuels variant de 3.000 à 7.500 DH. Leur niveau d'études se situe entre Bac et Bac plus 2 et dans la tranche inférieure pour le conjoint. 30% d'entre eux sont locataires, 19% sont propriétaires, 39% ont un crédit immobilier alors que 12% occupent un logement de fonction ou vivent chez leurs parents.
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