Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, venu appeler les monarchies pétrolières du Golfe à aider le FMI pour lui permettre de secourir les pays victimes de la crise financière, s'est dit dimanche à Riyad optimiste sur une contribution de l'Arabie Saoudite. >
AFP
02 Novembre 2008
À 13:58
«Je pense que les Saoudiens vont contribuer, comme d'autres pays, et que nous aurons un fonds mondial plus important», a déclaré M. Brown à la presse, estimant que d'autres pays du Golfe suivront. «Je pense que les gens veulent investir à la fois pour aider le monde à traverser cette très mauvaise passe mais aussi pour travailler avec nous afin que nous soyons moins dépendants du pétrole et nous ayons des prix du pétrole plus stables», a-t-il ajouté. M. Brown a entamé samedi à Riyad une tournée de quatre jours dans trois pays du Golfe pour tenter de les persuader d'aider le FMI à accroître ses ressources actuelles, qui se montent à 250 milliards de dollars, pour soutenir les économies de pays affectés par la crise financière mondiale.
Il a estimé que plusieurs centaines de milliards de dollars étaient nécessaires pour permettre au FMI, qui se propose actuellement d'aider la Hongrie, l'Ukraine et l'Islande, de venir à la rescousse d'autres pays. M. Brown a indiqué avoir discuté avec le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, de la nécessité d'obtenir plus de contributions au FMI, dont il a espéré une de la Chine. S'adressant à Riyad dimanche à des hommes d'affaires britanniques et saoudiens, M. Brown a souligné qu'en soutenant le FMI les pays du Golfe pouvaient se prémunir d'un effet de «contagion» de la tourmente financière. «J'ai bon espoir que vous et d'autres Etats du Golfe aurez la volonté de vous joindre à d'autres pays pour empêcher la crise de s'étendre, en aidant à renforcer le fonds international pour les économies affectées», a-t-il dit. «Je pense qu'il est dans notre intérêt à tous de stopper la contagion et de rebâtir la confiance dans la système financier à l'avenir», a-t-il ajouté.
En appelant à l'aide les pays du Golfe, M. Brown n'a pas oublié de plaider en faveur d'un rôle accru de ces pays dans le système financier international. Il s'est dit favorable à une «réforme des institutions internationales pour donner à des pays, comme le vôtre (l'Arabie Saoudite), un rôle plus grand». Et d'ajouter que l'Arabie Saoudite a un «rôle crucial» à jouer lors du sommet du G20 à Washington le 15 novembre et que «sa voix doit être entendue», lors de cette réunion des chefs d'Etat des grands pays industrialisés et émergents qui va discuter d'une refonte du système financier international. «Un nouvel ordre mondial» plus juste et plus stable peut émerger de la crise actuelle, a encore estimé M. Brown devant les hommes d'affaires. Le Premier ministre britannique, qui s'est heurté à l'Opep sur sa récente réduction de production, a aussi souhaité un marché pétrolier plus stable pour aider à une reprise de la croissance mondiale. L'Arabie saoudite est le premier producteur de l'Opep.
«Nous avons un intérêt commun en tant que producteurs et consommateurs à avoir des prix plus stables et une transition, à plus long terme, vers une économie avec moins d'émissions de carbone», a dit M. Brown. Les pays du Golfe sont affectés par la chute des prix du pétrole qui ont baissé de presque 60% en trois mois et demi, passant de près de 150 dollars le baril en juillet à quelque 60 dollars actuellement. Leurs marchés financiers se sont écroulés perdant quelque 250 milliards de dollars en octobre. ----------------------------------------------------------------
Incertitude
Les marchés financiers continuaient dimanche de crouler sous les mauvaises nouvelles économiques, accrues par les incertitudes liées notamment à l'issue de la présidentielle américaine, les banques centrales faisant de leur côté tout leur possible pour redresser la barre. En Europe, la BCE devrait ainsi réduire son principal taux directeur d'un demi-point, à 3,25%, au cours de la réunion de son conseil des gouverneurs jeudi, à un moment où l'inflation se résorbe et où la crise s'aggrave sur le Vieux continent. Avec cette baisse attendue, la Banque centrale européenne emboîtera le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a amputé, d'un demi-point également, ce même taux, désormais égal à 1,0%.
La Banque du Japon a, quant à elle, fait passer le sien vendredi à 0,30% (moins 0,20 point) et la banque centrale indienne a ramené le lendemain de 8% à 7,50% l'un de ses taux d'intérêt à court terme, pendant que la Banque d'Angleterre laissait entendre qu'elle pourrait aussi à son tour assouplir prochainement sa politique monétaire.