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Football et racisme

17 Février 2008 À 16:14

L'international comme l'on dit et capitaine de l'équipe de football de Valenciennes, le Marocain Abdeslam Ouaddou s'est fait traiter de «négro», samedi, alors qu'il disputait un match contre Metz. Un supporter grenat (Metz) l'avait impunément accablé tout au long du match d'insultes racistes. «Tout au long de la 1ère mi-temps, a souligné Abdeslam Ouaddou, une personne en tribune n'a cessé de tenir des propos racistes, très durs, dont je vous épargnerais les mots.

Ce ne sont pas des mots à entendre». Et d'ajouter : « Je suis allé à plusieurs reprises en faire part à l'arbitre qui m'a demandé de continuer mon match, mais la personne a continué ses insultes et je suis monté dans la tribune…». Le capitaine valenciennois est effectivement monté s'expliquer avec l'auteur des injures racistes, il en est redescendu et – comble des combles pour les esprits simples – l'arbitre lui a infligé un carton jaune. Il est vrai que le joueur n'avait pas à quitter le terrain, ce pour quoi il s'est largement et abondamment excusé «en tant que professionnel présentant ses excuses aux enfants présents et au public de Metz». La scène raciste du stade Saint-Symphorien de Metz illustre une propension gravissime qui marque de plus en plus le football européen. Hier, ce fut le nigérian Martins de l'Inter de Milan, Etoo du FC Barcelone de se faire traiter de «négro» par des foules hystériques dont les propos relèvent d'une rhétorique fasciste que l'on croyait bel et bien enterrée.

A la finale de la dernière Coupe du monde, Zineddine Zidane, français et arabe, a subi les pires humiliations d'un défenseur italien qui ne l'a quitté ni physiquement ni verbalement, le conspuant, le démobilisant jusqu'à énervement et provoquant ainsi l'incident que l'on sait et qui a fini par défavoriser la France au grand désespoir de beaucoup. Dans tous ces cas, l'insulte raciste a servi de mobile pour déstabiliser un contexte – celui du football – censé être la compétition honnête, loyale, fédératrice et pacifique. Ce sont «les insultes des autres qui nous font», avait coutume de dire Jean-Paul Sartre ! Tout comme Zidane, Abdeslam Ouaddou n'a pas supporté les insultes si basses que lui proférait un raciste invétéré, représentant s'il en est d'une culture «exclusionniste» et violente qui semble prendre de plus en plus le pas dans les stades d'Europe.

La France céderait-t-elle à ce nouveau vertige ? Au moment où, invoquant un devoir de mémoire, le président s'efforce de favoriser une prise de conscience de la Shoah dans les classes, un racisme rampant, sauvage et insidieux gagne les terrains. En quelques semaines seulement, il s'est déplacé d'un stade de football de la Corse à Metz. Les victimes restent sous les fourches caudines de groupes ou d'individus qui instrumentalisent de plus en plus les stades et le sport pour répandre leur haine de l'Autre, de l'Arabe que la France a intégré pourtant. Jusqu'ici, avec quelques nuances, les stades et les lieux de compétition avaient résisté à ce genre de dérive, parce que le sport est par nature et finalité le lieu de convergence de l'égalité et de la fraternité, le symbole de la coexistence des races. Nous sommes aujourd'hui dans l'attente des suites qui seront données au comportement révoltant et déshonorant de ce «supporter» du club de Metz.
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