Libre-échange et agriculture au Maghreb
LE MATIN
30 Juin 2008
À 20:07
En appelant lundi à Fès à la mise en place d'une zone maghrébine de libre-échange dans le cadre de l'OMC et ces conventions bilatérales ou régionales, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, a fait preuve d'une opportune profession de foi. En effet, le Maghreb est aujourd'hui plus que jamais au confluent d'une évolution, économique et commerciale, qui se caractérise globalement par un cruel et inadmissible décalage, voire une pauvreté au niveau des échanges. « La libéralisation des marchés et l'ouverture de nouvelles zones de libre-échange dans le cadre de l'OMC nous imposent d'accélérer la création d'une zone de libre-échange », a souligné le ministre de l'Agriculture.
Le propos a valeur de symbole. D'une part, parce qu'il s'adresse aux responsables de la région pour les inviter à mesurer le décalage d'un pays à l'autre au niveau du développement du secteur agricole. D'autre part, il constitue une mise en garde prémonitoire, une sorte de signal d'alerte que la globalisation de l'économie mondiale qui s'opère sous nos yeux pourrait à terme porter à conséquence et affecterait les économies du Maghreb si un effort n'est pas entrepris pour coordonner les politiques de développement agricole.
L'OMC, on ne le répétera jamais assez, organise, régule mais impose surtout des règles que tous les pays, quels que soient leur poids et leur importance, respectent pour ne pas se trouver marginalisés. Or, comme dit l'adage « l'union fait la force » ! Et l'agriculture, dans cet ordre d'idées, constitue justement une force que les Etats du Maghreb devraient prendre en compte. Comme le souligne le ministre de l'Agriculture, « le secteur agricole doit occuper une place de choix dans les politiques nationales des pays de l'UMA, à travers notamment la mise en place de mesures à caractère urgent, et d'autres à moyen et long terme. Ces actions sont de nature à limiter l'impact des dysfonctionnements entre l'offre et la demande sur les marchés internationaux ».
Le doigt est ainsi mis, délibérément, sur une problématique que le monde entier ne saurait ignorer, sous peine de perdre son équilibre. Il s'agit des produits alimentaires, objet d'une hausse infernale et d'une flambée des cours rarement vue. C'est peu dire, et le ministre se fait fort de le souligner encore, que le Maroc échappe à la crise alimentaire parce que justement son développement a davantage misé sur l'agriculture. Grâce au « Plan Vert », lancé en avril dernier par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, notre pays promeut une agriculture à la fois moderne et performante. Il sera « le moteur de croissance de l'économie nationale » et donnera l'exemple d'une vision inédite. La modernisation de l'agriculture est un défi, et le Maroc intègre évidemment cette exigence comme un impératif de politique, d'économie et de vision sociale.
L'intégration des pays maghrébins passe par la création d'instruments opératoires efficaces et porteurs. Et la zone de libre-échange en constitue un pilier, capable de mettre à l'abri des attentes des peuples de la région et de favoriser aussi des politiques d'exportations. C'est le sens de l'Appel solennel que le ministre de l'Agriculture a lancé et défendu du haut de la Conférence intermaghrébine de Fès sur le développement et le partenariat agricole.