Pourquoi les usagers boudent-ils l'autoroute ?

Il faut dire que ces chiffres font peur surtout en terme de véhicules en circulation comparé à d'autre pays où le parc automobile est plusieurs fois plus important mais avec un nombre de décès identique ou inférieur. D'où l'importance de l'encouragement des usagers à emprunter les autoroutes du pays en raison de la sécurité qu'elles offrent aux utilisateurs automobilistes.
En dehors des périodes des hautes saisons (été et vacances), et à l'exception de l'axe autoroutier Casa-Rabat, les autres autoroutes du pays sont presque vides toute l'année alors qu'en même temps les routes nationales sont pleines à craquer, pourquoi ? À en croire les usagers, les tarifs sont élevés par rapport au niveau de vie des marocains. Par exemple pour aller d'El Jadida à Fès, l'autoroute coûte 105 DH alors que le coût du carburant pour une petite voiture diesel qui consomme 6L/100 km s'élève à moins de 200 DH.

Sans rentrer dans la comparaison des tarifs des autoroutes marocaines avec d'autres pays, nous tenons juste à signaler quatre points essentiels : le nombre d'accidents et de décès stagne sinon augmente, les autoroutes sont vides presque toute l'année, tarifs élevés (à revoir à la baisse), tous les Marocains reconnaissent que la majorité des accidents sur les routes sont liées aux taxis, camions et autocars qui souvent appliquent leurs lois et non le code de la route. Et justement, ce sont eux qui boudent les autoroutes et continuent de faire ravage sur les nationales.

Il est clair que les tarifications actuelles des autoroutes au Maroc constituent un frein pour les usagers. Il faut revoir les tarifs à la baisse conformément au niveau de vie des marocains et non les établir par comparaison à ceux appliqués en Europe où les revenus sont jusqu'à dix fois plus importants qu'au Maroc. Scientifiquement, on ne peut comparer deux données que si elles sont obtenues dans les mêmes conditions autrement c'est de l'aberration pure et simple. D'autre part, l'axe routier El Jadida-Casablanca via la route nationale ou principale, a toujours été considéré par les pouvoirs publics comme étant l'un des plus meurtriers du Maroc. La construction de l'autoroute pour décongestionner cet axe est devenue une priorité. Chose qui a été faite et l'autoroute fut ouverte en sa totalité au mois de mai 2007. Lors des premières semaines après son ouverture, l'autoroute était gratuite. Durant cette période presque tout le monde l'empruntait. Après l'instauration du péage, le flux s'est de nouveau déplacé vers la route nationale. Pour s'en rendre compte, il suffit de passer quelques minutes au bord de l'autoroute puis au bord de la route principale.

Très vite, une interrogation évidente vous passe par la tête pourquoi les usagers préfèrent-ils la route principale ? Tous les grands usagers de la route qui font plusieurs voyages par jour entre Casa et El Jadida disent que c'est trop cher. Pour Brahim, chauffeur d'un grand taxi « je ne prends l'autoroute que si mes clients payaient les 25DH, car autrement, il faut que je dépense environ 100 DH par jour (4 voyages) soit 3000DH par mois, chose que je ne peux me permettre car j'ai à payer le propriétaire du taxi, nourrir ma famille et surtout entretenir ma voiture». Un autre point qui fait peur aux automobilistes sur l'autoroute Casabalanca-El Jadida, est l'insécurité surtout la nuit où des malfrats, parfois, placent des rochers sur la chaussée ou jettent des pierres pour forcer les automobilistes à s'arrêter pour les voler ensuite. Enfin, beaucoup d'automobilistes rapportent qu'un autre danger les guette sur l'autoroute et qui n'est pas sans conséquence c'est les morceaux de ferrailles qui tombent des camions à destination d'une unité industrielle de Jorf Lasfar.

Un jour, un automobiliste a eu une crevaison de ses quatre pneus par des morceaux de fer. Heureusement, l'incident s'est passé à l'entrée de l'aire de péage où il roulait à faible vitesse. Mais dernièrement, un architecte jdidi a trouvé la mort à la suite d'une crevaison de pneus à cause de morceaux de fer. La direction des Autoroutes du Maroc doit imposer des normes de sécurité aux camionneurs qui transportent des marchandises susceptibles de tomber du chargement. Pour conclure et d'après les données que nous avons pu recueillir auprès des automobilistes, le tarif de l'autoroute reste l'obstacle majeur devant leur choix pour emprunter la route nationale ou l'autoroute.
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Un peu d'histoire

La première autoroute de la planète (de l'histoire) fut construite par L'Italien Puricelli, fondateur de la société Strade e Cave. Elle a été mise en service le 22 septembre 1924, longue de 85Km et reliait Milan à Varèse (région de lacs) en Italie. Cet autostrada (autoroute en italien) se différenciait des routes normales par le fait qu'elle est à plusieurs voies (au moins deux) et où la circulation se fait dans un seul sens. Les tracés sont le plus rectiligne possible. À cette époque, notamment aux Etats-Unis d'Amérique et en Allemagne, la construction des routes à deux chaussées se limitait à des prototypes. Mais dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir et pour soutenir son effort de guerre, il chargea son gouvernement de construire des autoroutes dans toutes les régions d'Allemagne.
La machine militaire fut mise à contribution pour réussir son pari. À la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, l'Allemagne comptait déjà 3.800Km d'autoroutes.

C'est la raison pour laquelle l'autoroute est gratuite en Allemagne. Au Maroc, les politiques ont pris tardivement conscience de l'importance des axes autoroutiers et du rôle qu'ils peuvent jouer dans le développement économique du pays. Mais il vaut mieux tard que jamais. La première autoroute du pays fut construite dans les années quatre-vingt du siècle dernier. Longue de quelque 90 km, elle relie Casablanca à Rabat. Mais depuis, l'effort des pouvoirs publics pour relier toutes les grandes régions du Maroc par des autoroutes est bien réel. Le Maroc table sur la réalisation d'un peu plus d'une centaine de kilomètres d'autoroutes par an.