Toutes les classes étaient quasiment vides dans une grande partie des lycées casablancais seulement quelques minutes après le début des examens blancs.
LE MATIN
30 Mars 2008
À 14:06
Et le même scénario se répétait lors de chaque épreuve dans la majorité des lycées au Royaume. En effet, les élèves marocains avaient rendez-vous la semaine dernière avec des examens blancs.
Instituées quatre années auparavant, ces épreuves devaient permettre aux candidats de mieux préparer celles de fin d'année. Cependant, de l'avis de plusieurs enseignants, l'examen blanc tourne au fiasco chaque année car les élèves ne l'ont jamais pris au sérieux. «Les lycéens savent déjà que ces épreuves ne seront pas comptées. Il est donc normal qu'ils ne fournissent pas un effort pour les préparer. On ne peut pas les obliger à rester dans les salles d'examen», lance un responsable dans un lycée au centre de Casablanca.
En effet, la majorité des élèves se contentait de signer les listes de présence et de prendre les fiches de questions pour quitter l'établissement dans les minutes qui suivent. Pour certains enseignants, la programmation de ces épreuves doit être revue. Pour d'autres, un effort sur le plan de la communication doit être fourni car les élèves demeurent peu sensibles à l'importance de ce genre d'examen. «Des professeurs nous ont affirmé que cet examen ne sera pas pris en compte. Presque la quasi-totalité des élèves a rendu ses copies vierges quelques minutes après le début de l'examen. Je fais de même !», déclare Taoufik, 18 ans, un élève au baccalauréat. Pourtant les responsables des lycées affirment qu'une journée de sensibilisation avait été organisée quelques jours avant 'examen. «Malheureusement, de nombreux élèves n'ont pas pris au sérieux ces épreuves. Nous leur avons expliqué que cet examen devrait les familiariser avec l'ambiance de l'examen final. Mais ils n'ont pas saisi le message», affirme le directeur d'un lycée casablancais qui a préféré garder l'anonymat.
Pour leur part, les élèves affirment qu'ils n'ont pas eu le temps pour se préparer aux examens. «Nous avons eu seulement deux jours pour réviser. Par ailleurs, tous les élèves savent déjà qu'ils ne pourront pas répondre à toutes les questions. Et puis, on ne peut pas fournir un grand effort tout en sachant pertinemment que les résultats de l'épreuve ne seront pas pris en considération», avoue Younès, un élève dans un lycée Casablancais.
De nombreux enseignants commencent vraiment à se poser des questions sur l'utilité de ce genre d'épreuve puisque les élèves n'y adhèrent pas. «Les préparatifs pour l'examen blanc ont nécessité une semaine alors que les programmes sont trop chargés. Et les enseignants affirment déjà qu'ils auront besoin d'heures supplémentaires pour pouvoir terminer les programmes avant les examens de fin d'année. A mon avis, les responsables doivent revoir la programmation de cet examen», explique un surveillant général dans un lycée de la métropole.
Contactés par nos soins, les responsables au ministère de l'Education nationale affirment que les examens blancs sont organisés par les académies au niveau de chaque région. Le ministère ne les supervise donc pas. Selon un responsable, les examens nécessitent des sommes d'argent considérables. Chaque lycée y réserve, en effet, un budget spécial.
Aujourd'hui, tous les professionnels du secteur appellent les responsables au Ministère à procéder à quelques changements concernant les examens blancs. «On est tous conscients de l'intérêt de ces examens. Cependant, il faut prévoir des outils nécessaires pour réussir ces épreuves et atteindre les objectifs tracés. A mon avis, cette épreuve doit être programmée quelques semaines avant l'examen final. Cela permettra de proposer aux élèves une évaluation sur l'ensemble des programmes scolaires. Pour leur part, les étudiants vont la prendre au sérieux», déclare un enseignant.
Les responsables au sein des délégations de l'enseignement ont également relevé certaines lacunes concernant les examens blancs. Ces derniers sont directement chargés par le ministère d'organiser ces épreuves. «Le législateur n'a pas voulu ajouter une contrainte supplémentaire pour les élèves. C'est d'ailleurs pour cette raison que les résultats de cet examen n'ont jamais été pris en compte. La note du ministère est claire dans ce sens. Hélas, nos lycéens ne profitent pas réellement de cette occasion. Je pense que les responsables doivent procéder à quelques modifications pour amener les élèves à s'impliquer davantage», affirme Abdelatif Youssefi, délégué provincial de l'enseignement à Hay Mohammadi à Casablanca.
Ainsi, le système éducatif marocain continue de montrer des lacunes et des faiblesses alors qu'un grand nombre de marocains commencent à perdre réellement confiance dans l'enseignement public. Les responsables doivent donc agir au plus vite pour améliorer un système éducatif marocain mal en point depuis quelques années déjà. ---------------------------------------------------------
Évaluation encore et toujours…
Alors qu'on vient d'apprendre que la ville de Marrakech va accueillir en juin prochain, un congrès international sur l'évaluation dans l'enseignement, les responsables marocains tardent toujours à procéder à une évaluation du système éducatif. Après l'entrée en vigueur de la réforme voilà plus de cinq années, aucune instance n'a été créée pour le suivi des réalisations du système éducatif marocain. Pourtant, la réforme avait prévu la création d'une agence nationale de l'évaluation.
L'appréciation d'un système éducatif permet de dresser un bilan et d'apprécier ce qui se fait, pour réguler et redresser s'il le faut. Elle donne également plus de visibilité pour améliorer ou estimer l'écart entre les résultats atteints et les objectifs fixés. Dès qu'on parle d'évaluation, la vision tend vers la qualité qui est un concept multidimensionnel. En fait, la qualité de l'enseignement est un tout dans lequel il faut prendre en considération la formation, et la gestion de cette formation. Cinq années après la réforme, l'évaluation des acquis et des réalisations de ce système s'impose. Cependant, la mise en place de ces mécanismes doit s'inscrire dans une réelle stratégie se basant sur des méthodes scientifiques.